L'albatros

saharienne

Quand tout est possible 
Et quand on ne peut rien. 

Un regard frais porte si loin : 
L'enfant qui voit un Albatros passer 
Et dessine un "SOS" à sa fenêtre glacée. 
Réverie de septembre jusqu'à juin, 
Il sera avocat, poête, médecin. 

Sur la chaise inconfortable 
Il te faudra apprendre 
Rosa Rosa Rosam, 
Le nom de fleurs si jolies, si tendre 
Rosae rosis rosis; 
Qu'on a du mal à comprendre 
Qu'on prononce leurs noms jusqu'en décembre. 

Mais le petit prince fait la gueule 
Rosarum Rosbeef Roseul ! 
Doucement il décline : 
Il sent sa rose qui pue la poussière 
Et les livres des écoliers 
Lui inspirent une sainte colère 
"How is Brian ?" " Is sick", 
Tienes que hablar, 
Et puis surtout te taire, 
Faire comme si tu ne voyais pas, ou si tard, 
L'issue, tragique 
Où conduisent tes pas. 

Petit à petit la fenêtre se couvre 
D'un film gras 
Des messages écrit à l'envers : 
lol, u evol enidnama, etib, diorf ia'j, edremme'm eJ. 
Il y a toujours eut, parallèle, cette autre école, 
Celle qu'on méprise et qui passe, mollement, 
Entre les rangs, 
Ramasser des copies de soirée, de solitude, d'amours hésitantes. 
Mais, doucement, encore, il décline... 

On ne se rend pas compte 
A fixer les aiguilles de sa montre 
Et quand on se rend compte il est déjà trop tard, 
La sonnerie marque le changement tant attendu, 
Tant regretté : 
Finir ses études 
C'est déjà mourrir un peu. 
Un jour tu gagneras ta vie : 
Un jour tu seras vieux. 

Il y a de ces choses mystérieuses... 
Auxquelles en silence on dit adieu, 
A peine a t on compris qu'elles existaient. 

La jeunesse passe, 
Et puis se tait. 
Et le siège de l'école 
Est déjà le reposoir d'un nouveau cul distrait. 
Qui regarde, en les enviant, les Albatros passer, 
Et déjà il décline : 
A travers sa fenêtre dégueulasse, 
Mollement les générations passent. 

Mollement tu as quitté un banc pour un autre 
Mollement tu regardes en arrière 
Mollement, peut être, tu reviendras, amer 
Mollement, pourquoi pas, après tout, de l'autre côté, 
Et tu diras à tes élèves : 
"Et pour la prochaine fois : Dominus, Domine." 

Quand tout est possible 
Et quand on ne peut rien. 
Tu n'es peut être même pas 
Avocat, poête, médecin.

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