L'alchimie des sentiments_Partie 1 chapitre 9

plume-scientifique

CHAPITRE 9

 

Mon esprit avait réfléchi toute la nuit. Comme depuis trois jours déjà. J’étais prête à pardonner Lucretia si elle me promettait que l’ordre faisait ses bienfaisances au peuple et l’aidait à obtenir la liberté mais sans grande révolte, violences ou actes criminels. Mais même si elle le jurait, croirais-je encore une sœur m’ayant menti deux fois ? Et je doutais de la bonne foi de l’ordre. Ce qui me ramenait à Henri de Breteuil. Que penser de lui ? D’un côté il y avait l’homme qui m’avais attiré, puis ensuite celui qui était le maître d’un ordre ayant embarqué ma sœur et enfin, cet être fougueux et emporté. Même si j’avais la nostalgie de cet être, il me semblait que tout était trop brisé et qu’aucune réparation ne fût possible. Je n’avais personne pour éclairer mes idées, ni ma famille, ni même une dame. A moins que…Monsieur de Gurvan ? Il était comme un père de substitution. Très différent de Père et des autres hommes, certes, mais je savais qu’il était un peu comme moi. Mais voudrait-il m’écouter ? Son visage impassible ne montrait ni intérêt, ni ennui. Finalement, je me décidais. Une bonne m’habilla et me coiffa et je partis pour mon lieu de prédilection : la bibliothèque. J’arrivais, leva le poing pour frapper et m’immobilisa. Derrière la porte entrouverte, j’entendis la voix d’une femme. Je regardais dans l’entrebâillement et  suivis toute la scène.

Une femme plus jeune que lui, environ trente-cinq ans, lui faisait face. Elle était à couper le souffle : une magnifique chevelure brune coiffée de perles et aux mèches bouclées, des yeux verts d’eau dont les hommes devaient être captivés et un visage de nacre. Comme j’aurais aimé avoir de si beaux yeux ! J’en étais verte de jalousie. Autant je l’admirais, autant que je la détestais déjà d’être si belle. « Espérons qu’elle soit suffisamment vertueuse pour avoir des amies ». Elle portait une robe violette et rose de bonne facture et une parure faite d’améthystes. Dieu qu’elle était merveilleuse ! Et quel contraste avec le sombre Monsieur de Gurvan.

-Caroline, lui dit-il, n’insistez pas.

Caroline. Cela lui sciait si bien. Et il l’appelait par son prénom !

-Edouard, allons. Ne soyez pas si rustre. Je sais que vous n’êtes pas comme ça dans le fond.

Elle lui jeta un regard plein de charme. Nul doute que cette femme devait énormément plaire et qu’il était dans son habitude de séduire quiconque était présent.

-Bon très bien, soupira-t-elle, en se levant. Nous continuerons donc nos entrevues semestrielles.

Elle se dirigea vers la porte. Comme une enfant, je courus jusqu’à la pièce la plus proche. J’entendis ses talons claquer sur le sol près de moi, mon cœur battait follement. J’attendis quelques minutes pour être sûre. Voilà qui m’intriguait.

Nous étions revenus à Vincennes, dans la demeure d’Henri. C’est avec joie que je retrouvais l’atmosphère chaleureuse de celle-ci et délaissait le lugubre manoir de Josse. Il était étonnant de constater à quel point les forces disons mauvaises et bienfaisantes s’équilibraient au sein de l’ordre. Mais cette zone d’ombre me faisait tout de même peur.

-Caïn? Que font exactement les sénéchaux?

-Lucretia… Les sénéchaux règne chacun sur une partie de la capitale, nos activités se concentrent sur Paris et ses environs. Josse à l’ouest; Ginie au nord, Amy à l’est et moi au sud. Chacun de nous possède sa caste de prédilection. Amy s’occupe des informations, Ginie des voleurs et des assassins, Josse des militaires et moi des marchands et des nobles. Henri coordonne nos activités lors des opérations mais nous sommes libres d’agir à notre guise. C’est pourquoi Henri veille de près à choisir ses sénéchaux.

-Josse et Ginie sont un peu rebelles.

-En effet. Mais Ginie ferait tout pour Henri. Quand à Josse…Je sais comment faire pression sur lui donc même s‘il a commandé l’assassinat du gardien sans notre accord ce n‘était qu’un évènement mineur.

-C’est donc sa faute…

-Cela serait arrivé tôt ou tard. Mais parlons d’autre chose!

-Très bien alors, quand allons-nous nous marier?

-Bonne question. Il y a-t-il un lieu où une date qui te tienne à cœur.

-Le 25 septembre!

-En automne? Je pensais que tu choisirais le printemps.

-L’automne a aussi ses charmes, lui dis-je en passant mes bras autour de son coup. Le manteau ocre de la forêt, une effervescence de gibier et de beaux chasseurs en plein exercices.

-Un peu comme notre rencontre, sourit-il. Il y a de jolies églises dans la région.

-Qui a dit que j’irais à l’église ? Un jardin sera très bien.

-Cela te correspond tellement.

-Toi qu’est-ce qui te ferais plaisir?

-Henri pour témoin et Josse comme prêtre.

-Josse a été prêtre!

-Pas longtemps mais oui.  Avoue que cela serait drôle à voir pour nous et que personne ne s’en douterait.

-Il en a le droit?

-Je plaisantais.

-Méchant!

-Mais je connais un bon prêtre. Si tu trouves le lieu qui te convient, je m'occuperais de trouver une salle ou un manoir, les vivres et tout ce dont tu auras besoin.

-Ça risque de coûter cher.

-Il n'y a aucun souci mon ange. Tu as choisi le bourgeois le plus riche de la capitale et ses environs. Et j'ai trouvé la femme la plus belle, intelligente, aimante et sincère qui soit.

Je rougis face à tant d'éloges et il en rit avant de m'embrasser.

-Je vais demander à Amy de m'aider vu que c'est la chargée des renseignements.

-Très bien. Je vais commencer à répandre une petite rumeur à ce sujet.

La préparation du mariage pouvait commencer.

Une orchidée. Voilà ce que m’avait évoqué cette femme. La fleur du luxe, la volupté, le mystère et la passion. Et à côté d’elle, ce nénuphar si froid. Quel étrange bouquet.

J’entrais dans la bibliothèque, Monsieur de Gurvan était près de la fenêtre, le visage préoccupé. Je m’assis à ma table habituelle mais il ne réagit pas. Après un long instant, je me demandais s’il s’était même aperçu de ma présence.

-Mo…

-Bien, démarrons la leçon.

J’écarquillais les yeux de surprise.

-Quoi ? Me dit-il en levant les sourcils. Il y a un problème mademoiselle Saint-Germain ?

-Non, non.

Quand j’y repensais, Monsieur de Gurvan espaçait de plus en plus ses cours et je n’en savais pas le motif. Je n’avais pas eu l’occasion de le revoir depuis le soir du bal. Et il ne m’avait pas demandé d’explications sur mon état. J’hésitais et me mura dans le silence.

-Mademoiselle Saint-Germain ?

Toutes mes pensées m’assaillirent : Chambord si loin, Henri fou furieux dans les escaliers, l’ombre de Lucretia s’enfuyant dans la nuit, le mutisme de la famille, la foule du bal… Je sentis ma respiration se couper.

-Roxana ?

Je levais les yeux vers lui. Première fois qu’il disait mon prénom.

Mes larmes sortirent d’un seul coup.

Soulagée et libre. Voilà ce que je ressentais maintenant. J’avais un terrible poids en moins et cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi légère. Dès lors que mes premiers aveux étaient sortis de ma bouche, je n’avais cessé de parler, parler, parler. Au départ, mes sanglots m’avaient tellement étranglée que je ne produisais que des sons. J’avais tout avoué, sans détours, sans demi-mensonges, absolument tout depuis le retour de Père à Chambord, là où tout avait commencé. Monsieur de Gurvan m’avait écouté sans dire mot, comme à son habitude ; il avait réduit sa distance de sociabilité et se tenait près de moi et m’avait même offert son mouchoir. Au cours de mon récit, mes sanglots avaient cessé. Maintenant, le silence régnait dans la bibliothèque et je n’osais pas le regarder. J’avais le sentiment d’avoir été faible et cela m’embêtait de l’avoir été devant lui. Il se redressa et lâcha un soupir. Peut-être cela lui semblait-il ridicule comme confession.

-Vous avez eu raison de vous confier, finit-il par dire, ce qui eut pour effet d’enlever mes craintes. Mais vous auriez dû le faire bien avant.

Il semblait réfléchir profondément, sûrement autant que j’avais du le faire durant toutes ces semaines. Par moment, son visage devenait inquiétant, son regard féroce, ses traits se tiraient et ses poings se fermaient, puis il redevenait impassible, sa pensée devant se tourner ailleurs je suppose.

-Que faut-il faire, Monsieur ? Lui demandais-je en me reposant complètement sur lui.

-Je ne sais pas, avoua-t-il.

-Ai-je eu raison d’en tenir éloigner ma famille ?

-Je crois que oui. Sauf votre père. En tant que chef de la famille, il mérite de connaître toute la vérité et c’est à lui de décider si sa famille doit être impliquée.

-Il ne lui pardonnera jamais.

-Lui avez-vous pardonnez, vous ?

Sa question me surprit. En vérité, je ne le savais pas moi-même très clairement.

-En partie.

-Alors lui aussi apprendra à lui pardonner.

Je n’en étais pas si sûre.

-Et pour l’Ordre ?

Son visage se crispa et reprit cette expression si effrayante.

-De Breteuil, chuchota-t-il.

J’avais oublié à quel point ils se haïssaient mutuellement. Mon récit avait du accroître son animosité.

-Nous ne ferons rien, dit-il avec une voix dure. Des groupes de faiseurs de trouble et qui en ont après le roi, ça ne manque pas à Paris. Vous vérifierez auprès de votre sœur que ce groupe n’est pas dangereux, mais si tel est le cas, alors nous aviserons.

-Et pour le mariage de ma sœur ?

-Cette décision n’appartient qu’à vous, me dit-il droit dans les yeux, et si vous décidez d’y aller, je vous couvrirai.

Amy m’avait trainé dans tous les coins de verdure de la capitale et de ses alentours. Deux semaines de déplacements incessants, deux semaines loin de Caïn…Je commençais à devenir folle. C’est alors que je vis cette imposante bâtisse qui se dressait le long de la Seine. Mais ce qui retient mon attention, ce fut l’effervescence des couleurs, sa grandeur et sa richesse médicinale de son jardin. C’était le paradis pour les botanistes mais aussi un grand plaisir pour les yeux. Ma lassitude avait laissé place à l’enthousiasme des premiers jours. Il y avait tant à voir. J’étais au paradis.

- Où sommes-nous ?

-Au jardin du Roi.

- Est-il la propriété de sa Majesté ?

-Comme toute la France ? C’est le comte de Buffon qui gère cet endroit.

-Il faut que je le rencontre !

-Quel enthousiasme, voila qui fait plaisir à voir ! s’exclama un homme d’une cinquantaine d’année. Je suis ravie de votre intérêt pour le Jardin.

-Un jardin !? C’est bien plus qu’un jardin ! C’est la perle de la médecine, de la botanique, de la nature que dis-je !

-Mademoiselle semble être une érudite.

-Je suis une amoureuse de botanique depuis mon enfance et j’y ai mis tout mon temps à Chambord. Mais jamais je n’avais vu Jardin qui puisse autant émoustiller mon âme de Naturaliste !

-Chambord ? Ne seriez-vous pas Lucretia de Saint-Germain ?

-C’est exact. Êtes-vous un ami de mon Père, Monsieur ?

-C’est une connaissance en effet. Il m’avait parlé de vous. Mais j’en oublis mes manières. Je suis Georges-Louis Leclerc.

-Monsieur Leclerc ! C’est un honneur de rencontrer celui qui écrit la science naturelle de l’encyclopédie ! Votre travail est d’une importance capitale !

-Je vous remercie jeune demoiselle. Je suis certain que nos conversations seront très fructueuses. Que diriez-vous de venir à un de mes séminaires ? Nous pourrions alors discuter pleinement.

-Oh vous me faites là une proposition qui ne peut se refuser !

-Vous m’en voyez ravi.

-Lucretia, nous ne sommes pas là pour cela, me rappela Amy. Monsieur le comte, nous aurions une requête à vous adressez.

-Amy ?

-C’est le comte de Buffon.

-Oh ! Réalisais-je tout à coup gênée.

-Quelle est votre requête ?

-Je vais me marier Monsieur.

-Mais voilà une nouvelle formidable ! Toutes mes félicitations. Votre Père ne m’en avait rien dit. Quand aura lieu le grand jour ?

Je me sentais mal face à cet homme que je respectais.

-Il aura lieu le 25 septembre, se sera une petite et humble cérémonie.

-Je vois, il n’y a rien de mieux que la sincérité. Qui est l’heureux élu ?

-Monsieur Lanoir, le grand financier de la région, répondit Amy pour moi.

-Voilà une belle prise jeune fille. J’ai entendu dire que c’était un gentleman et un homme riche bien qu’il ne soit que bourgeois. Mais vous aviez une requête à m’adressez il me semble.

-En effet. En fait, j’aimerais me marier ici. Si cela ne vous dérange pas…

-Je n’y vois aucun inconvénient au contraire ! Quel meilleur endroit que celui-ci pour marier une consœur. Je peux même vous apprêter une dépendance. Avez-vous une idée du lieu de la cérémonie ?

-Oui le jardin de roses et de roches serait vraiment le lieu de cérémonie parfait.

-Les roses sont le symbole de l’amour mais il n’en reste plus beaucoup. Mai est passé il y a longtemps.

-Les plus tardives sont les plus représentatives de mon mariage à mes yeux. C’est l’endroit et le moment parfait croyez-moi.

-Bien entendu Mademoiselle. J’enverrais une missive à votre fiancé afin de régler les détails. Puissiez-vous faire un heureux mariage.

-Je vous remercie Monsieur.

Il s’en fut. Un homme vraiment sympathique. Amy me tira de ma rêverie pour me ramener à la calèche. Mais celle-ci ne prit pas la route de Vincennes ce qui me surpris.

- Où allons-nous Amy ?

- Chez toi, sourit-elle.

-Comment cela ?

-Je te mène là où est Cyan. Là où tu vivras. Ta future maison.

Quel genre de maison serait-ce ? Où était-ce !? Mais Amy ne m’en dit pas plus et se contenta de sourire.

-Quand mes demandes seront-elles envoyées ?

-Cet après-midi, mademoiselle.

-Très bien, merci.

Je poussais un soupir de soulagement. Aujourd’hui était une bonne journée ; pleine de décisions mais aussi de libération, mon cœur et mon âme étaient désormais légers comme l’air.

Beaucoup de temps avait coulé : un mois et demi depuis que nous avions quitté Chambord, presque un mois que ma sœur avait quitté la famille, plus de trois semaines que je l’avais revu pour la dernière fois et que j’avais fait ma confession à Monsieur de Gurvan.

Après mes aveux, j’étais devenue suffisamment sereine pour réfléchir et au réveil, je connaissais enfin mes choix. Mais pas mes mots pour l’exprimer. J’avais passé la matinée à user de brouillons, d’encre, de tâches, de ratures et de râlements. Impossible de définir ce que je voulais dire.

A ma sœur, je voulais lui souhaiter un heureux mariage et ma présence mais aussi l’avertir que rien n’était totalement oublié et pardonné, que j’avais encore des questions et besoin de réponses, qu’il me faudrait du temps pour recréer ce qui nous unissait. Elle se rendait bien mal compte de ce que je subissais à taire sa traîtrise. A Henri de Breteuil, je ne savais pas comment annoncer que mes sentiments étaient définitivement brisés.

Finalement, j’avais envoyé des missives un peu particulières mais qui exprimaient tout à la fois : Lucretia recevrait des iris, quant à de Breteuil, j’avais préparé un bouquet d’anémones mais comme elles pouvaient prêter à confusion avec la persévérance et la renaissance, j’y joignais des fleurs au message plus brutal, des gentianes.

En regardant ma chambre, je vis qu’elle était devenue morose et vide. Sans perdre un instant, je jetais les pervenches qui avaient que trop symbolisé mon désespoir au point de les avoir gardé fanées et les remplaçais par des arums, si élégants et blancs, pleinement confiants et guide de mes décisions. J’ouvris grand mes fenêtres, l’air frais de l’automne m’ébouriffa et je me sentis revivre.

Le manoir de Caïn à Verrières-le-Buisson était immense, une vingtaine de pièce s’étalaient sur trois étages ! Et le terrain était tout aussi énorme et forestier. Il y avait là de quoi faire de beaux parterres. Je comprenais mieux pourquoi tous disait que j’avais touché le gros lot. Mais lorsque le propriétaire apparut, la maison me sembla bien pauvre devant le plus beau trésor qui soit. Les préparatifs du mariage allèrent bon train. Le jardin et la dépendance y attenant avait été réservé pour la fête et y loger les invités. J’avais aussi rencontré Père Germain, un clerc très gentil et cultivé je dois dire. Amy m’avait trainé dans toutes les échoppes afin de faire ma robe. Contrairement à la tradition, je ne serais pas en blanc immaculé mais en pêche léger. Amy et moi nous cousions donc ma robe de perles blanches avec minutie. J’avais choisi pour mes demoiselles d’honneur, Roxana et Amy, des robes vert pâle. Je laissai Amy finir la dernière rangée de perles pour composer les bouquets. Mon bouquet de mariage serait aux couleurs de l’automne et composée uniquement de fleurs symboliques : roses rouges foncés, des ageratums oranges, rouges et blancs, bruyère rose, dahlias jaunes, freesias jaunes et rouges, giroflées blancs, iris jaunes, jasmin et jasmin blanc et des lauriers roses. Autant de fleurs pour un bouquet plein de joie et d’amour. Amy s’approcha de moi :

-Il est vraiment joli. Tu as trouvé qui serait ton témoin ?

-Un de mes frères s’ils ne sont pas bornés sinon je choisirais le comte de Buffon. J’ai adoré son séminaire sur les dicotylédones !

-Oui j’ai vu ça bien que je n’y ai rien compris.

-Tes blessures vont mieux ?

-Mes bleus ? Oui ce n’est rien.

-Josse exagère tout de même !

-C’est justement ce que j’aime chez lui.

-Oh !

-Alors donc ne soit pas choquée ! J’ai entendu dire que Cyan avait commandé un banquet digne d’un Roi pour l’occasion.

-Oui mais j’ai inclus quelques bonus et curiosités botaniques. Notamment le thé floral, la salade végétale, le ponch à la cerise et plein de hors-d’œuvre avec des fleurs comestibles dissimulées.

-Du poison ?

-Aucun risque d’en fabriquer dans son estomac ! Je dois envoyer mes bouquets d’invitations.

- Quelles fleurs vas-tu envoyées ?

-Des iris et des achillées jaunes avec des giroflées oranges jonchés de lys blancs et de roses rouges. Henri viendra au mariage ?

-Bien sûr que j’y serais ! s’offusqua faussement l’intéressé. Je ne vais pas raté le grand jour à cause de ma stupidité.

-Tu as l’air d’aller mieux.

-Je me suis fait une raison…

-Je suis sûr que Ginie sera te remonter le moral.

-Pourquoi Geneviève ?

-Hmm qui sait ?

-Tu n’insinues pas que…

-C’est pourtant flagrant, confirma Amy. Tout du moins pour une femme.

Henri marmonna quelque chose et nous laissa. Amy retourna à ma robe et je rédigeais l’invitation :

Monsieur, Mesdames, Mademoiselle,

 

J’ai l’honneur de vous inviter à mon mariage. Celui-ci aura lieu en comité « réduit » le 25 Septembre à 15h au jardin des roses et des roches du Jardin du Roi.

 

Lucretia de Saint Germain et Monsieur de Lanoir.

 

Je fis moi-même les bouquets en ajoutant pour ma famille des fleurs symbole de pardon. Merci Roxana pour cette liste complète de fleurs et leur langage !

L’annonce était faite, ma robe achevée, il ne restait plus qu’à attendre le grand jour.

L’invitation de Lucretia était simple et claire, à son image, et son bouquet fleurait bon et envoyait des milliers de messages d’amour et de bonheur. Lors de notre dernière rencontre, elle avait dit que Père aurait reçu une lettre de sa part, pourtant, j’avais beau avoir traîné dans ses parages, il n’avait rien dévoilé ; il avait tut la nouvelle et cela m’affligeais. J’avais redirigé les invitations pour que seul Père les trouve mais là aussi, il n’y avait plus de traces. J’avais même regardé les cheminées mais rien n’avait brûlé. Mais je comprenais sa douleur, il n’avait pas eu d’explications clairs lui. Quand je le vis passé devant moi, je l’interpellais et devant son visage triste, j’eus un geste qui n’existait plus depuis mes dix ans : je le pris dans mes bras. Il me rendit mon étreinte sans protester et dans le silence, nous partagions notre souffrance.

CLAC CLAC CLAC.

Au fond du couloir, je vis une tâche rouge flamboyante s’avancer. Madame Caroline !

-Père, qui est-ce ?

-La duchesse Caroline d’Eymet.

-Pourquoi vient-elle ici ?

-C’est une consultante de ton précepteur.

-Une consultante ? Demandais-je intriguée.

-Elle prend des conseils, des leçons dans diverses matières de temps à autre. C’est une habituée.

-Ici ?

-Non, il me semble que c’est à l’extérieur. Je te laisse, le roi m’attend.

Il baisa mon front et partit. Madame Caroline comme je la nommais désormais, s’approcha de moi, un regard énigmatique sur le visage.

-Mademoiselle Saint-Germain, si je ne m’abuse ?

-Exact, madame.

Aujourd’hui, elle me faisait penser à une rose : rouge, délicate, parfumée, jeune et si belle.

-Mademoiselle à dire vrai, rectifia-t-elle sans aucun reproche, mais madame fera l’affaire.

-Excusez-moi. Je ne sais pas si  Monsieur de Gurvan est présent mais si c’est le cas, il doit être dans la bibliothèque.

-Ce n’est pas lui que je viens voir. Enfin, pas vraiment. J’ai appris d’une amie de la marquise que vous êtes son élève et que vous êtes douée dans le langage des fleurs.

-Douée serait prétentieux comme adjectif.

-Je suis sûre que non. Je vais faire envoyer une bonne pour annuler votre après-midi de leçons, j’aimerai beaucoup m’entretenir avec vous. Si vous le permettez, ajouta-t-elle simplement pour la forme car son ton n’indiquait aucune autre alternative. D’ailleurs elle n’attendit pas pour exécuter sa pensée.

-Promenons dans les Tuileries, il fait si beau.

J’attrapais mon ombrelle ; il me tardait d’en apprendre plus !

Je fixais ma robe de mariée en souriant. Elle était magnifique ! Je l’enfilais afin de faire les avant-derniers ajustages. De la soie, des voiles, des perles et de la dentelle de qualité pour une robe au final assez simple. Une robe de soie recouverte de perles blanches et de voiles dentelés avec de longues manches. Manches qui étaient d’ailleurs trop longues. Amy les reprit avec génie. Je testais la coiffure : un chignon rebelle piqué de fleurs freesia. Pour ce jour j’autorisais Amy à me maquiller. Quelque chose de léger et naturel. Ma personne était prête pour le mariage. Je remis mes habits sur le mannequin et me démaquillais. Il fallait que je crée mon parfum : péroviska épicé, camélia sucré, fleur d’oranger, jasmin, éléagnus pour l’orient et une note de caramel gourmand. Un parfum d’automne. Les préparatifs étaient terminés et je me retrouvais à ne rien faire. Caïn était occupé avec les finances et le reste de la préparation. Il ne voulait rien dire au sujet de la lune de miel… Qu’est ce qu’il mijotait ? Ginie entra dans la pièce avec méfiance comme si elle avait peur qu’on l’attaque avec de belles étoffes.

-La répétition, dit elle simplement. La voiture attend.

J’acquiesçais et descendis dans la cour. Je montais en voiture et y retrouva mon fiancé. Il m’embrassa et j’en fus heureuse. Je gardais sa main dans la mienne pendant que nous discutions amoureusement du mariage. La calèche s’arrêta et nous descendîmes. Le marié attendrait sous l’arche végétale où une Vénus tournait le dos. J’arriverais en calèche ouverte tirée par deux chevaux accompagnée de mes demoiselles d’honneur. Roxana et Amy tiendraient ma traine. Ma sœur se placerait le plus près de moi à droite. Nous prononcerons nos vœux, le prêtre oubliant le « si quelqu’un s’y oppose ». Les gens se rassembleraient devant la Venus et je lancerai le bouquet. Ensuite nous irons nous restaurer, faire la fête, danser et tout ce qui faisait un mariage. Peut-être certaines choses se relieraient-elles ou peut-être pas ? La vie était ainsi et je voulais la croquer à pleine dent. Ici, maintenant et pour toujours.

-Vous ne vous sentez pas seule ici? Me demanda Madame Caroline.

Cette dame m’intriguait beaucoup. Pourquoi venait-elle ici ? Quel lien avec monsieur de Gurvan ? Comment pouvait-elle être encore « demoiselle » ? Quel âge avait-elle véritablement ?

-Mes études m’occupent.

Elle leva gracieusement un sourcil, ses yeux lagunes jetant un air moqueur et pétillant, ses lèvres pulpeuses et roses se levant en coin. Je tombais en admiration devant cette femme.

-Vraiment ? Cela compense suffisamment la fuite de votre sœur ?

Je pris une gifle.

-Tout se sait à Paris, m’expliqua-t-elle devant mon air.

-Cela ne compense pas, mais je m’y efforce.

-Se doit être difficile de passer en second plan derrière un inconnu, roturier financier de surcroît, c’est tellement vulgaire.

Je n’avais pas tendu l’autre joue mais j’avais droit  à une seconde claque.

-J’ai été comme vous mademoiselle de Saint-Germain : fragile. Mais à Paris, les faibles n’ont pas leur place. J’aimerai que nous soyons amies. Nos âges sont écartés c’est vrai et je ne mentirai pas, mon approche n’est pas sans intérêts. Mais nous sommes des femmes honnêtes et cela est rare ici, notre amitié serait prometteuse.

Des intérêts ? En quoi pouvais-je bien lui être utile ? Peut-être ne savait-elle pas laquelle des jumelles était partie et s’imaginait-elle que j’étais celle qui connaissait le savoir des plantes. Autrement, je ne pouvais rien pour elle.

-Je ne suis pas Lucretia, vous savez.

-Je le sais, répondit-elle surprise.

-Je ne vois pas comment vous aidez.

-Nous allons y venir, ne vous en faites pas. Mais faisons d’abord connaissance.

-Il me semble que vous savez déjà tout de moi, il n’y rien à ajouter. Ma sœur à fui, notre famille est détruite et désunie, je n’ai que les études pour m’accrocher.

Elle resta silencieuse, me regarda attentivement.

-Vous êtes également connaisseuse du langage des plantes.

-Depuis peu, seulement.

Etait-ce cela qui l’intéressait ?

-Et vous madame ? Qui êtes-vous ?

-Je me nomme Caroline, duchesse d’Eymet. Je suis entrée à la Cour à mes treize ans.

-Quel âge avez-vous ?

-Combien m’en donneriez-vous ?

Je ne pouvais pas dire qu’à sa façon dont je l’avais vu discuter avec monsieur de Gurvan, j’avais compris qu’elle avait un âge similaire au sien. Et pourtant, elle semblait si jeune !

-Presque trente ans ? La flattais-je.

-Non ! Rit-elle. Trente-six, bientôt trente-sept.

-Etes-vous mariée, engagée ?

-Absolument pas.

-Vraiment ? Dis-je étonnée, les yeux comme des soucoupes. En même temps, vu votre allure, vous avez raison. Tous les hommes doivent vous courtisez.

Elle me fit un sourire compatissant et triste à la fois.

-Autre chose ?

-Non, je ne crois pas. Allez-vous enfin me dire ce que vous attendez de moi ?

Elle laissa un instant de silence. Mesurait-elle le pour et le contre ? Probablement. On hésitait tous devant les aveux. Elle regarda au loin, le regard vague. Elle lâcha cette phrase d’un coup, sans détour.

-Je suis amoureuse de Monsieur de Gurvan.

L’ennui. Je n’avais plus rien à faire c’était bien triste. Tous les membres de la Noctule étaient partis et Caïn était trop occupé pour me distraire. Je me balançais donc sur la balancelle en fixant le jardin. Que faire ? Mes yeux balayèrent le jardin jusqu’à se poser sur mes mains. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait de potions. L’envie me repris soudainement. Oui une potion ! Mais quoi ? Quelque chose de pas trop long mais d’utile. Je réfléchis. Amy avait quelques difficultés a arracher des informations ces temps ci. Un sérum de vérité, voilà qui serait parfait ! Mais pour cela il fallait faire quelques courses chez l’apothicaire. Je sortis donc faire mes achats et revient rapidement pour m’enfermer dans la cuisine secondaire. L’éthanol était l’élément majeur de la préparation et à conserver pour la toute fin. Je récupérais les graines de Brugmansia, les écrasa, filtra. Je répétais cette opération pour le chanvre et mélangea les deux. Je pris un Ergot de seigle contaminé par un champignon qui contenait une substance hallucinogène et une fois extrait j’en mis un peu dans la potion.  Et voilà, le sérum de vérité était presque terminé ! Je remplis un petit flacon avec ¾ d’éthanol et le reste de mon mélange. Je fermais la fiole et présenta le flacon dans les flammes à l’aide d’une pince en métal. Cinq minutes d’immobilité plus tard, et une légère crampe au bras, je jetais la fiole dans l’eau froide qui gémit. Je sortis la fiole et l’inspecta à la lumière. Un jaune et un trouble légers sans phase ou particule. Un travail parfait ! Cette petite alchimie me rappelait bien vite ma passion et je m’abîmais alors dans la fabrication de toutes sortes de potions pour passer le temps.

On ne pouvait pas vraiment dire que j’étais surprise car je le pressentais. Mais malgré tout, la nouvelle m’étonna. Je restais sans voix, incrédule car cette question me taraudait farouchement : comment était-ce possible ? Elle était magnifique, probablement courtisée comme personne, rayonnante, lumineuse. Il était distant, sombre, peu loquace, impassible, mu par l’intellect. Elle finit par me jeter un regard intrigué mais je n’avais pas bougé.

-Et en quoi puis-je vous aider ? Donnais-je comme unique réponse.

Elle éclata de rire, ses belles boucles brunes rejetées en arrière.

-Ne prenez donc pas cet air détaché, Roxana. Nous sommes amies, non ? Soyons honnêtes l’une envers l’autre. Je suis certaine que vous avez des tonnes de questions en tête ou des réactions, et non pas cette phrase froide et impersonnelle.

-C’est vrai, avouais-je, sentant mon envie d’expression sur le point de déborder. Mais comment est-ce possible ? Vous avez le monde à vos pieds, pourquoi lui ?

-Le monde…répéta-t-elle. Un monde d’hypocrites, oui ! Ils ne veulent pas de l’amour ceux-ci.

-Je n’y crois pas. Ils ne peuvent pas tous être ainsi.

-Non, pas tous. Mais après ceux-là, il en reste peu.

-Qu’importe, ils existent malgré tout ceux qui vous aiment pour vous.

-Mais ils ne m’intéressent pas. C’est Edouard que je veux.

-Ouvrez-moi votre cœur et expliquez-moi dans ce cas. Nous sommes amies, non ? Ajoutais-je devant son air signifiant « je ne vais pas me dévoiler plus que ça, jeune fille » mais ma remarque la fit changer d’avis.

-J’ai connu Edouard à ses tout débuts d’enseignement. Il était terriblement austère- Oh non ! Beaucoup plus qu’aujourd’hui, croyez-moi- presque reclus. Il n’avait pas choisi d’enseigner, on l’y obligeait et cela s’en ressentait. Très longtemps nous avons été en conflit. J’avais même voulu arrêter mes études alors nous avions espacé les leçons. J’apprenais de mon côté, au fil de mes rencontres à la Cour et notamment grâce à la marquise de Pompadour. Cela fait presque onze ans qu’il en est ainsi. Avec le temps, il s’est ouvert, vous savez. Il a changé. Il a gardé sa coquille froide mais à l’intérieur, c’est un autre.

Un autre…J’avais du mal à l’imaginer. Et dans le fond de moi-même, il me semblait qu’elle vivait dans l’illusion. Elle s’était attachée à lui et peut-être imaginait-elle l’aimer. Mais même si elle s’était réellement éprise de lui, il ne m’était pas concevable que Monsieur de Gurvan, aussi bon précepteur soit-il, pouvait éprouver des sentiments affectifs. D’un autre côté, elle venait de me montrer que j’ignorais absolument tout de cet homme. Pour moi, il était comme je le voyais chaque jour et je ne lui attachais ni passé ni futur.

-Parlez-moi de Monsieur de Gurvan, madame Caroline.

-Edouard a été élevé dans la religion stricte c’est pourquoi il dénote dans ce monde de fantaisie, d’outrance, de fêtes et d’argent. Je crois que si Paris ne lui offrait pas les Lumières, il y a longtemps qu’il ne vivrait plus ici.

-Ne vit-il donc que de cela ? De la connaissance et rien d’autre ?

-Oui. Enfin, j’espère le faire vivre d’ici peu de quelque chose de nouveau, dit-elle pleine d’espoir.

« L’espoir fait vivre » Pensais-je.

-Votre père est alchimiste.

-C’est vrai.

-Avance-t-il dans ses recherches ?

-Il s’occupe au mieux des demandes du roi.

-Il est célèbre pour ses discours intrigants et pour son visage qui semble jeune.

Cette remarque me fit sourire. Père était très fort dans son art.

-En effet. Il est aussi très égoïste, vous savez ? Il a promis de tous nous enterrer avec un visage lisse et des cheveux blonds.

Beaucoup de gens s’interrogeaient sur le comte de Saint-Germain qui clamait connaître Jésus ou avoir vécu des milliers d’année. Son visage vieillissant peu et sa notoriété d’alchimiste laissait croire aux plus crédules qu’il détenait l’éternelle jeunesse. Dans la famille, on en riait beaucoup. Mais Madame Caroline ne ria pas.

-Maintenant que les confidences ont été faites, peut-être pourriez-vous enfin me dire ce que vous espérez de moi ?

-Cela semble évident, non ? Aidez-moi à conquérir Edouard de Gurvan. Apprenez-moi aussi le langage des fleurs, je voudrais commencer mon approche par là.

Devenir entremetteuse me parut vraiment plaisant. J’avais espéré que cela se passerait entre Lucretia et moi, que chacune aiderait l’autre et serait sa confidente, mais puisque le destin en avait décidé autrement, je m’occuperai de madame Caroline.

On frappa à ma porte.

-Entrez !

-Lucretia viens, tu sors avec moi !

Je regardais Amy intriguée mais la suivie. Elle me guida jusque dans les rues de Paris et de ce fait à la Bastille. C’était une grande forteresse austère et lugubre qui ne me disait rien de bon. Mais ce n’est pas à celle-ci que nous allions. Amy me guida dans une grande bâtisse à droite. Je fus surprise d’y trouver une foule d’enfant.

-Des orphelins, me dit-elle en passant devant eux.

-Bonjour Mlle Amy ! S’exclamaient-ils sur son passage.

Elle leur souriait en retour et embrassait et câlinait ceux qui en faisait la demande. De mon côté j’étais plutôt méfiante mais je la suivis comme son ombre.

-Mlle Amy ! s’exclama une vielle nonne. C’est un plaisir de vous voir. Comment se porte Cyan ?

-Il va fort bien et s’apprête à se marier avec cette demoiselle.

-C’est un plaisir de vous rencontrer Mademoiselle. Puis-je savoir votre nom ?

-Lucretia.

-Je suis ravie de constater que Cyan a finalement pris femme. Je dois dire que cela m’angoissait de le voir seul toute sa vie.

-Cyan a toujours dit qu’il ne voulait pas de famille, expliqua Amy. Il ne voulait pas subir une autre perte. Et il est très attaché à son orphelinat.

-Il a vécut ici, m’étonnais-je.

-Oui durant deux ans, me dit la nonne. Que diriez-vous de faire le tour ?

-J’en serais ravie !

La nonne Mathilde me montra alors son orphelinat.  Je découvris la vie dure de mon fiancé, ses habitudes, ses jeux et ses mésaventures enfantines. Cet endroit me touchait beaucoup et je pouvais voir de mes yeux comment la Noctule apportait son aide au peuple. Mais c’était une goutte dans un océan. La journée passée avec ses enfants m’avait rappelé de vieux souvenirs de ma mère lorsqu’elle s’occupait de nous. Les enfants étaient bien maigres mais ils semblaient en bonne santé. La journée fila à une vitesse folle et je dus bien vite rentrer au manoir.

-J’ai été ravi de vous rencontrer, me dit Mathilde.

-C’est moi qui vous remercie pour avoir partagé avec moi vos souvenirs, lui dis-je. J’aimerais vraiment pouvoir faire quelque chose pour vous…

-Votre fiancé en fait déjà bien assez.

Je lançais un regard à la ronde en quête d’une chose à faire. Puis je la trouvais. Oui, c’était une bonne idée.

-Il me semble que Caïn ait vu trop grand au sujet du menu. Je pense qu’il serait dommage de gâcher la nourriture. Je vous la ferais parvenir.

-Vous êtes trop bonne Mademoiselle. Je comprends pourquoi il vous a choisi. Vous êtes aussi gentille que déterminée. Transmettez-lui tous nos vœux de bonheur.

-Je n’y manquerais pas.

J’embrassais la vieille femme et saluais les enfants avant de regagner le manoir et les bras de mon homme pour lui transmettre le message.

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