L'amant et la muse

guegueette

"Je sais que tu parles à ton amant."

Mon amant? Non je n'en ai point. Je n'ai pas d'amant, je préfère les muses. Si j'en ai déjà eu? Bien sûr, mais ce fut toujours de courte durée, pour quelques moments d'évasion, rien de plus, à l'écart de cette tranche de ma vie. Le principe de l'amant, sans doute. Qui serait-il, s'il existait ? Non, je préfère les muses. J'en ai besoin, pour m'inspirer et m'enivrer pleinement.  Non, je ne parle pas à mon amant, à chaque fois que j'écris comme la muse au cheveux blond le pense. Quoi que, pourrais-je dire que mon amant n'est pas palpable? Mon amant est un inconnu, à chaque fois que j'apose des mots et des émotions charnelles. Je l'attends, peut être, je le mélange, sans doutes, à tout un tas de choses que je transpose. C'est mon truc. Ça me vivifie. Et si l'amant existait réellement, que me ferait-il vivre ? Puis je ne suis point épouse, cela dit, si l'on veut faire dans l'exact des mots. Il est imaginaire, cet "amant", dans ma tête, et la Muse n'a rien à craindre. 


Mais d'un amant innatendu, l'imperçeptible, est il plus à craindre qu'un qui serait réel ? C'est un désir, une évasion imaginaire qui anime les nuits d'écriture. Une inspiration, un fantasme.


Mais cet amant est également une muse, à sa manière et sa façon, dans les nuits nocturnes et les envies bien définies. Il a mille visages, mais une seule envie, celle de me combler. Et il est toujours là, se manifeste parfois sans crier garde, sans que je l'appelle. Il est là, d'ailleurs, indéfini et pourtant si bien défini à la fois. 


J'ai donc un amant, mais je ne le connais pas vraiment. L'on en a tous un souvent en tête, enfoui, il tiens le secret de nos désirs profond. Un démon, en somme, un incube ou une succube, peut être.


Mais entre l'amant et la muse, je ne peux choisir. J'ai besoin des deux, pour sur, pour que ça m'enivre. 

Alors, Muse, ne retrousse pas ton joli minois à l'apprendre, c'est grâce aussi à lui que j'arrive à te surprendre. Car quand il souffle et murmure, à m'en susurrer, des idées bien définies, je les transpose pour le plaisir de ceux qui me lisent. Il est un tout, un fantasme inasouvis qui doit le rester. Et souvent ou parfois j'agrémente ses scénarios de vécus passés. Le réel ou l'imaginé, l'on ne sais pas trop. Là est la beauté de la chose. 


J'ai donc un amant, et il est redoutable.



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