l'Amante

leeman

Sur un long champ, sur une immense plaine, un homme marchait. D'une posture torturée et désespérée il s'en allait au loin. La pluie avait cessé de tomber, le déluge d'en haut lui était pourtant si bénéfique. Il faisait nuit, une pénombre inconnue et délicate dans laquelle il respirait. L'herbe mouillée à ses pieds, un désir de voir l'horizon, il errait, sans trop savoir quoi ressentir, sans trop savoir penser.
Il avait lâché prise de son parapluie, qui demeurait à terre derrière lui ; et, dans sa progression nocturne, il constatait d'autres parapluies au sol, déposés de même façon que le sien, mais déteints, et pris par la poussière, comme s'ils étaient là depuis de nombreuses années. Il devint soudain captivé par l'espoir, et son âme brûlait de désir, le désir de le voir. 
A nouveau, la pluie s'était remise à tomber, étrangement, pourtant le ciel était le plus pur, et les astres déjà morts étaient encore étincelants. Un grand être régnait dans les cieux. Il le vit sur son siège immensément grand, assis, là-haut, près de ses multiples guerriers. Son aspect était semblable au soleil, puisqu'il rayonnait, mais d'une toute autre manière. C'était plus doux, et il sentait ce dieu caresser son visage sans jamais le toucher.
De sa lueur opale, et claire, il amenait continuellement cet homme vers lui. Et par rayons, et par passion, une voix céleste s'éleva :

"Je suis la Lune, et je te vois, toi, me contempler depuis toujours. Mais qui es-tu ?"

L'homme pris d'émoi respira un grand coup, sourit, et lui dit :
"Je suis l'homme de ta vie. Non pas l'humain qui n'est qu'un dans la masse, mais je suis le cœur de celui qui t'attire depuis le commencement de la vie."

 Et transporté par le désir, l'homme s'élança, dans les bras de l'espace, pour rejoindre la Lune dans son siège de marbre.

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