Lamentation

Océane Martin Aguilera

Texte rédigé à l'occasion d'un exercice de translittération sur un extrait de la Lamentation de Christine de Pisan (XIIIème) en cours de rhétorique.

[...] Nous étions un. Auparavant, d'un seul et unique élan, notre jeunesse française, si noble, avait l'habitude de défendre la couronne. Ne formant qu'un, leur âme et leur corps ne tendaient que vers un unique but : défendre notre État. Mais aujourd'hui, ces chevaliers ne se rencontrent qu'en une ignoble bataille. Une bataille qui les sépare. Une bataille qui les oppose les uns aux autres. Une bataille, qui oppose un père à son fils. Une bataille, qui oppose un frère à son jumeau... Une bataille, qui oppose les membres d'un même clan, qui déchire des familles. De leur acier aussi funeste qu'aiguisé, ces hommes autrefois unis souillent de sang, couvrent de corps et tapissent de membres des champs jadis bienheureux et qui, aujourd'hui, ne sont que de vastes boucheries à ciel ouvert. Ô Victoire ! Que tu es humiliée, à qui que te reviennes ! Quelle gloire, quel miracle pourra te rendre ta renommée, ton honneur perdu ? Seras-tu couronnée de laurier ? Hélas... Je suis anéantie. Ce sont des épines noires, infâmes, qui ceindront ton front. Ce sont des épines ensanglantées, infernales, qui seront offertes à la vue de tous, sans une once de dignité, ni d'orgueil. À cause du meurtre de tes propres enfants, tu devras revêtir de sombres étoffes, comme si tu portais le deuil d'un parent.

Et toi, ô preux chevalier, toi qui reviens d'une telle bataille, dis-moi, je t'en conjure : quel honneur en tires-tu ? Pour que nous puissions t'honorer, un troubadour écrira-t-il tes exploits, ô preux chevalier ? Et pour t'honorer encore plus, chanterons-nous que ce jour-là, tu étais auprès des vainqueurs, ô preux chevalier ? Ne te trompe pas : bien que tu sois revenu vivant d'un tel massacre, le meurtre de tes pairs, de ton propre sang, n'apporte aucun prestige, ô preux chevalier. Une journée qui est à blâmer ne mérite pas de louanges. Oh ! Mais preux chevalier, soit honnête ! Aucun, d'un côté comme de l'autre, n'eut le désir de s'armer. Cette folie avait résonné dans le cœur des hommes, car elle pouvait résonner dans le cœur de Dieu. Mais quelles autres atrocités seront ensuite faites en son nom ? Quels autres meurtres suivront, au nom de Dieu ? La famine. Les champs détruits. Les masures désolées. Les cultures impossibles sur ces terres où Dieu n'est plus. Les rébellions du peuple, contre ces étrangers armés qui destituent, oppressent, mangent et pillent, par où qu'ils passent, une terre qui n'est pas la leur. Les caisses du trésor, vides. Les cités, noyées sous des charges outrageuses. Un nouvel impôt, sur les citoyens et sur les habitants. Alors que de leur côté, les Anglais, préparent leur dernier coup sur l'échiquier : échec et mat. Fortune ingrate, qui tourne et retourne sa veste au grès des vents et des courants. Enracinées au creux de milliers d'âmes, les rancœurs et les discours vibreront. De cette bouture, bourgeonneront des trahisons qui traverseront les siècles.

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