L'amour à grande vitesse (2)

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2. Faire demi tour n’est plus envisageable, le train prend de la vitesse petit à petit, laissant le temps aux nouveaux voyageurs de retrouver leurs places. La dernière montée dans le wagon, je suis obligée d’attendre patiemment que tous aient regagné leurs sièges numérotés. Ce délai supplémentaire fait monter en moi un mélange d’appréhension et d’excitation. Il me reste encore quelques mètres à parcourir avant de rejoindre mon ancienne place. Pour l’instant, elle est restée inoccupée. Le « quadra » est toujours là, le dos tourné, il ne me voit pas arriver. A t-il compris que je suis montée dans le train ? « Mémé » et « Baba cool » se sont évaporées. J’ai un temps d’hésitation avant de me faufiler face à mon voisin coquin. Mon cœur bat la chamade, je transpire plus que d’habitude, ce sont les mains moites et la gorge sèche que je me décide enfin à m’assoir. Lui, il est toujours plongé dans L’Equipe, je le soupçonne de faire semblant de lire. Je pourrai engager la conversation mais je ne le fais pas. Après avoir enlevé mon manteau et posé mon sac, je sens vibrer mon téléphone portable. Mon copain me cherche et doit s’inquiéter. Avec un évident manque de courage, je lui envoie un SMS laconique « TGV loupé, WE reporté, je vais en profiter pour réviser. Biz » Et pour être sûre d’avoir la paix, je coupe le mobile et le range au fond du sac. Le « quadra » a observé chacun de mes gestes. Ses yeux sont toujours aussi bleus, il doit en jouer avec les femmes, aucun doute n’est permis.

« Alors, comme ça on aime Marseille ? »

Il a le sourire et ne cache pas sa satisfaction. Son assurance est perceptible au ton employé, plus qu’une question, il s’agit d’une affirmation. Sa voix est chaude et ensoleillée, l’accent chante. Il ne me manque plus que les cigales.

« J’ai toujours rêvé d’y aller… »

Je suis moins assurée que lui. Marseille, je n’en ai rien à faire. Il cherche à me déstabiliser. Maintenant que nous sommes l’un en face de l’autre, la gêne s’empare de moi. Je ne sais pas quoi lui dire et lui semble en être satisfait.

« Je vais te faire découvrir une facette cachée de cette belle ville. Tu ne vas pas être déçue du voyage. »

Je ne suis pas persuadée qu’il parlait d’une visite touristique. Dans quel pétrin me suis je fourrée… toute seule.

Nous sommes seules dans le carré, il change de place et vient s’asseoir à mes côtés. Sans que je n’ai le temps de me rendre compte de ce qu’il est entrain de faire, je sens sa main se refermer sur la mienne avec vigueur. Nul doute, il sait ce qu’il veut. Il prend la direction des choses, le voyage ne fait que commencer… Il se penche vers moi et me glisse à l’oreille.

« Tu es plus coquine que ce que ton apparence le laisse à penser. Tu vas voir on va bien s’amuser. »

Du haut de mes vingt ans, c’est bien la première fois qu’un homme est si franc sur ses envies. Il ne prend aucun gant pour aborder l’idée qui lui trotte par la tête, si je comptais sur une visite romantique de la capitale de la Provence, je me suis trompée de partenaire. Au lieu de me faire peur, à ma grande surprise, son souffle dans mon cou m’a procuré des frissons jusqu’au bas des reins. Mes seins se mettent à pointer en instantané. La chaleur est montée d’un cran.          

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