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L'amour posthume
Quentin Bodin
Il fut nous, moi, elle sur le banc blanc de brunelle
Ou chaque bielle, geste portait un échange juvénile
Et ou l'ivresse de l'autre, le partage immobile
Donnait à l'assise un tapis de fleurs, un coeur d'aile.
L'échange grandit, le banc n'est plus fleur mais lit
Et voici deux corps nus; l'étreinte bienvenu et pulsatile
Le fléau de l'ignorant fébrile, qui sous l'infertile
Saison, déçoit et méprise Dieu de sa perfide ordalie.
Il est si tôt mais les mots manquent déjà, ils se consument
Laissant fumée, cendre, brume à nos regards qui s'écartent
Et frappe l'homme, abandonné à rédiger la terrible charte
De la séparation, l'amour qui déclare sa réalité posthume.
C'est ainsi qu'il fut moi et rien d'autre, dans la cahute
Du corps, l'instable bâtisse qui s'enlise dans le sol inodore
Et délivre pour cadeau le simple tombeau d'un être à la mort
Qui n'a pour voisin qu'une simple maure et de tristes volutes.
Bodin Quentin