L'amoureux II

Adelphine

Je voulais lui dire qu'il m'intriguait, lui et ses grandes mains. Son style un peu "loose", ses yeux rieurs et sa voix que l'on entend à des kilomètres. Je voulais lui dire que j'aurais - pourquoi pas - accepter un verre, ou deux, ou trois.

Je voulais lui parler des mes envies d'aventures, ces rêves un peu farfelus et grands qui m'habitent. La montagne, le camping et l'évasion. Lui lire la Déclaration du Chef Indien Seattle de 1854 au Grand Chef Washington.  Lui prêter des livres de Socrate, et échanger sur ses théories. J'aurais voulu lui évoquer la complexité de la carcasse du corps humain, et lui expliquer comment cela fonctionne. Lui raconter le film "Mandela" de Justin Chadwick ou encore "Into the Wild" de Sean Penn. Évoquer les bienfaits de la sobriété heureuse et du délire minimaliste. Déblatérer sur le modèle sociétaire et les quantités de publicités que l'on nous impose au quotidien. J'aurais pu lui faire écouter Jean Ferrat, Gainsbourg, Brel, "La liberté" et "Altesse" de Brassens, mais aussi "Silencio" de Beethoven. Lui apprendre la conscience du corps.

Il m'aurait surement livré ses influences à lui. On aurait également parlé de mode de vie alimentaire, car je sais que cela l'intéresse aussi.

Je l'aurais encore surpris à me regarder avec ses grands yeux. Dans le cou et un peu partout. Espérer, et aimer.

J'aurais voulu lui dire que mes attentes étaient loin d'être les mêmes que les siennes, et qu'il était pour moi, plus un frère.

Je suis restée muette.

Espérant qu'il me laisse aux oubliettes.

Lui ai signé un bonjour de loin.

J'ai bien vu qu'il aimait moins.

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