L'ange des vies délabrées
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Moi je m’en prend à Kérouac. Mon icône, le Dieu vivant dans ma mémoire, l’ange des vies délabrées, le seul ami fidèle de toute une vie. Dire que j’avais Foi en lui. Pas le plus petit doute. Je pouvais chercher une solution en étant sûr qu’elle existait. Suffit de tomber sur la Bonne Page.. Mieux encore de l’avoir en mémoire. N’importe qui aurait pu le vérifier sur ma table de nuit. Au moins sur la caisse d’emballage qui en tient lieu. Il est Là.. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai pu m’endormir sans m’offrir quelques lignes étant donné que la survie de mon âme en dépend. Non, si, non, je me suis avancé trop vite. Henri Miller l’a remplacé durant de courts épisodes. Mais on ne peut même réellement parler d’une sorte d’infidélité. C’est que l’un et l’autre sont des enfants de putain comme des tôliers qui te remplissent le même verre pendant des années. T’arrives à leur échapper une semaine, deux semaines, et puis tu reviens te farcir leurs sourires qui te dégouttent à la longue. Ailleurs T’as Pas de Vie;. A un certain âge on a bien compris que tous les tôliers se valent. Ils te remplissent le même verre et à croire à la Fin.. qu’il est percé. Seulement il est pas percé, parce qu’un jour t’en crèves de pas avoir eu le courage de t’arracher du comptoir. De plonger dans la vraie solitude où il n’y a pas de sornettes mais de la vraie merde d’homme qui pue la vraie vie et pas seulement avec du style. Celle là on peut y aller, dans son anonymat chaque minute c’est un tournevis que le destin t’enfonce dans le cul. D’autres diraient dans le cœur. Moi je dirais dans le cul. Et c’est pas pour rien, il y une vraie raison à l’utilisation de ce détail anatomique. Parce que la vie de n’importe quel anonyme est mille fois plus douloureuse que toutes celles racontables avec Du Style.. C’est pas du théâtre et encore moins un poème. C’est pas des petites scènes que le style, toujours lui, va rendre grandioses. La merde anonyme pue vraiment. La vie définitivement est une misère inimagnifiable. Rien de poétique. Il n’y a pas l’ombre d’une page de roman à tirer de la vraie senteur des hommes. Je le jure sur ce que j’ai de plus cher. Si je racontais cinq minutes de ce qui me passe dans le crâne ou les détails authentiques de n’importe quel jour de ma vie, je créerais un malaise mortel, aussi fort que le cyanure mais qui aurait la particularité de s’auto produire dans le cerveau du lecteur à partir des mots qui en réalité ne sont que des formules. Mettons sept huit mots ensembles. Ca donne une phrase qui n’est rien d’autre qu’une formule destinée à produire Une Emotion;. Dans le cerveau du lecteur bien entendu. Le grand écrivain avec du style maitrise la composition des formules. Il sait parfaitement ce qu’il faut dire et pas dire pour que ça fonctionne. Le type qui raconte sa vraie vie, lui se contente de quelques lamentations, des émotions qui embaument trop sa vraie merde. Parce que la vie est tout simplement irracontable. ..
de "Roman dans une ville semi-érotique"
http://www.youtube.com/watch?v=fBPS87GCPq8&feature=related
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