L'anneau des quatre saisons

qiyan

Aglaé n'aimait pas l'hiver

Aglaé avait un terrain de jeux magnifique : des labyrinthes de rochers, une multitude de toboggans cachés et des perchoirs géants. Elle était toujours seule au milieu de sa montagne qui surmontait la forêt des arbres millénaires.

Quand l'automne était là, elle s'emmitouflait dans la mousse tendre des grands rocs et se cachait pour observer les pâturages de chamois. Durant l'été, elle aimait cueillir la cylène des glaciers ou poursuivre la belette quand elle partait chasser. Quand les gouttes tombaient du ciel, Aglaé s'abritait à l'entrée du terrier des marmottes et l'odeur du sol mouillé lui donnait envie de chanter. Elle avait été heureuse la nuit comme le jour dans sa nature verte et tranquille. Pourtant, depuis que l'hiver était arrivé, Aglaé se languissait. Le blanc des neiges recouvrait tout et les animaux endormis attendaient le retour des beaux jours.

« Le bouquetin, l'ours et le lynx ont une couverture douce et épaisse se disait-elle. Moi je n'aime pas le froid et l'hiver. »

Un matin, au réveil, Aglaé se mit à fredonner tristement le bruit des rochers sifflant, elle fit un brin de toilettes au bord du ruisseau glacé et décida de se rendre vers la prairie blanche et déserte pour y débusquer le soleil et quelques baies du petit déjeuner.

En descendant le chemin sinueux et glissant, elle aperçut au loin un tout petit animal. Assis sous le grand hêtre, il faisait tournoyer un anneau qui scintillait au soleil. Aglaé se figea pétrifiée, ses mains devenaient froides, elle avait très peur d'avancer. Elle s'assit sans un bruit sur l'écorce gelée et râpeuse d'un cyprès. Puis, elle scruta l'animal en prenant soin de faire le moins de mouvement possible. Alors que l'anneau s'était arrêté de tourner, la petite bête se mit à courir vers Aglaé. La fillette ferma très fort ses yeux et colla les deux paumes de sa main sur son visage. Elle ne voulait pas voir ce qui allait lui arriver. Après quelques instants dans le noir, il n'y eut plus un son. Aglaé ouvrit les yeux. Quelle ne fut pas sa surprise de voir face à elle deux yeux, une bouche et un nez.


« Bonjour, je suis Mathieu fit le tout petit bonhomme en tendant sa minuscule main. Je m'attendais à te voir un jour par ici. Je suis de la forêt en bas.

- Je pensais être le seul être humain à vivre aussi loin, répondit Aglaé. Que fais-tu là ? Et qu'est ce que c'est ce cerceau que tu as avec toi ?

- Je suis ici car j'ai entendu ce matin ta chanson fit Mathieu. Je crois savoir que tu n'aimes pas l'hiver. Alors, voici la bague du plus vieil arbre de la forêt millénaire. Il fait courir les saisons. Je voulais la glisser à mon doigt mais ils sont trop petits, la veux-tu ?»


Aglaé sourit et enfila autour de son index le bijou. Alors, l'anneau doré prit des couleurs enchantées et le petit diamant virevolta lentement. Un puissant vent se mit à souffler, le sol sous ses pieds bougea mollement et le soleil blanc disparu derrière des nuages menaçant. La nuit et le jour s'enchainaient rapidement, la neige fondait et un à un les animaux sortirent. Puis, le ciel devenu bleu chauffa le sol et les fleurs se mirent à éclore. Très vite les feuilles tombèrent tandis que l'herbe jaunissait. Et soudain, tout prit fin. Aglaé fit un tour sur elle même. Les cristaux de glace continuaient à tomber, le nain n'était plus à ses côtés et la bague s'était évaporée.


Une année avait passé, un nouvel hiver s'offrait à elle mais Aglaé était épuisée, elle ne voulait pas accélérer le temps de cette façon là. Alors, la petite fille se promit que cet hiver là, elle ne s'ennuiera pas.

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