La Tibétaine
Isabelle Polle
Elle était de ces mômes
Blessée par les hommes
Belle comme un cœur
Un peu ma petite sœur
Une enfant
De 5 ans
Avec la malchance d'être née là
ou la vie a peu de prix
où la misère l'attendra
dès qu'elle aura grandit
C'est pourquoi
Un jour
Son grand père décida
D'entreprendre cette traversée
Inhumaine et sans retour
700 kms à pied
De cailloux et de froid escarpés
Malgré son âge
Et les menaces
Traversée qu'il a voulue
Pour qu'elle eut
Une éducation
Digne de ce nom
Pour que sa petite
Ait une chance de réussite
A l'arrivée à l'école
L'infinie tristesse sur les épaules
Il s'est sauvé sans un adieu
Juste un baiser sur les cheveux
Presque moribonde
De l'enfer du bout du monde
La petite s'est alors refermée
Jusqu'à s'emmurer
Le rempart du silence
Contre la souffrance
J'aurais aimé
La prendre dans mes bras
pour tuer le désespoir qui l'abîma
Et si fort la serrer dans les airs
Pour la faire renaître
Pour faire exploser
Le flot de sanglots
Si fort et si haut
Lui faire oublier
Pendant l'heure
justement
Que l'on oublie jamais
Le malheur,
Ses déchirements
Et La douleur
quand tout vous abandonne
l'espoir et les hommes
Ou faire jaillir
Son rire
Pour n'en pas mourir
Mais je n'ai rien pu dire
Pourtant j'aurais fait
Ou donné
N'importe quoi
Pour qu'elle parle
Encore une fois
Pour sécher
ses invisibles larmes
Et à son oreille murmurer
Et maintenant parles moi
S'il te plaît Souries moi