L'appartement vide.

Claire Laok

Je ne suis, enfin n'étais, que son meilleur ami après tout, rien de plus.

Mon cœur s'est serré. Je n'ai pas vraiment eu le temps de penser à elle et à l'idée qu'elle soit, aujourd'hui, partie. Cela fait déjà un mois. Je m'en veux de ne pas avoir pu venir plus tôt. Sa mère, n'ayant pas eu le temps de ranger ses affaires, m'a confiée les clés de l'appartement afin que je le fasse à sa place. Cela m'a surpris, je ne suis, enfin n'étais, que son meilleur ami après tout, rien de plus.

Face à cette porte, qu'elle dû franchir des milliers de fois, je me remémore chaque souvenir que je peux avoir d'elle. Alors je me rends compte qu'ils sont trop peu. Même si cela me paraît guère important, ça doit -devait- l'être pour elle. J'ai ouvert la porte puis je suis entré. Placée sur une commode, dans l'entré, une rose fané perdait ses pétales. Cette couleur sombre me rappelle ses cheveux bruns. J'aime -aimais- cette longue chevelure, d'ailleurs, il me semble ne jamais lui avoir dis. Peu importe, aujourd'hui, elle n'est plus là. 

Elle n'est plus de ce monde.

Les lieux sont à son image. Je ne serais comment les décrire, à la fois sombres mais avec un côté enfantin, juste unique, comme elle. 

J'ai parcouru rapidement l'appartement. Il est petit. De plus, elle vivait seule. Je m'en suis voulu de ne pas avoir pu lui rendre visite, avant. J'ouvre la dernière porte. Mon regard s'arrête sur la vue qu'offre la fenêtre de sa chambre. De là, on peut voir toute la ville. Rien d'étonnant puisque l'on se situe au cinquième étage de l'immeuble. Alors, je me suis perdu, un instant, à l'imaginer, là, à contempler cette vieille ville silencieuse, ce soir. Un frisson me parcours. Je crois que je réalise enfin que je ne la reverrais jamais. 

Je me suis assis sur le bord de son lit, observant encore le paysage. Il pleut. Elle aimait quand le ciel était sombre, comme aujourd'hui. Je sais que d'habitude, par ce temps humide, elle aimait se promener dans des rues désertes. Parfois, elle me demandait de la rejoindre, mais j'avais toujours à faire. Je m'en suis voulu, encore une fois. Il est vrai que j'aurais aimé passer plus de temps avec elle, mais cela m'était impossible. 

Je me suis allongé sur son lit. Alors, je me suis rappelé qu'elle faisait beaucoup de cauchemars. Je me suis demandé combien de fois, elle s'était réveillé, en sueur et apeurée, dans ce lit, sans personne pour la rassurer. Je m'en suis encore voulu de n'avoir jamais pu être à ses côtés pendant ces moments là. Les draps portent encore son parfum. Ce parfum qu'il me fut très rare d'apprécier n'ayant pas eu souvent l'occasion de l'étreindre. Je regrette de ne pas avoir pu profiter de chaque instant avec elle.

Mon cœur se serre très fort. Cette image, d'elle qui me souriait en me prenant le bras, me hante. Une larme coule le long de ma joue sans que je ne m'en rende compte tout de suite. Je suis triste pour la première fois depuis longtemps. Alors, je me suis mis à regretter. Oui, je me suis mis à regretter chaque instant passé loin d'elle alors qu'elle me réclamait, sans cesse. Je me suis mis à regretter d'avoir brisé si souvent son cœur, bien que cela ne l'empêchait pas de m'aimer encore plus. Je regrettais de m'être focalisé sur ces raisons qui la poussaient à m'aimer. Ne comprenant toujours pas comment elle pouvait aimer un monstre tel que moi.  

La nuit est tombée. Seul dans ce noir qui m'enveloppe. J'aimerais l'étreindre une dernière fois. Et, du plus profond de mon être, je me suis mis à regretter de ne jamais lui avoir dis que je l'aime.

Signaler ce texte