L’ARCHITECTE PIONNIER
Y.Muriel
Difficile de dresser un portrait de l'architecte pionnier sans faire de généralités. Pas un projet qui n'ait le même modèle, pas une idée qui ne ressemble à une autre. Mais en brossant ce portait à gros traits, on le dépouille déjà de quelques clichés. Notamment, de l'idée que, trop talentueux, il produit des œuvres spectaculaires ou bâte des icônes. Cette année le lauréat du prix Pritzer est un architecte chilien qui place les enjeux sociaux et écologiques au cœur de ses projets. Preuve que les pionniers sont férus de valeurs démocratiques et écolos. C'est qu'ils délaissent l'esthétique au profit d'une approche pragmatique et un engagement éthique.
Voici à quoi pourrait ressembler un architecte révolutionnaire: un individu qui est devenu la marque d'une architecture entraînant des surcoûts laquelle investit les quartiers les plus prisés. Mais ce n'est qu'un grossier portrait car jamais les pionniers ont été tant consacrés aux défis des sociétés contemporaines. Pour mieux saisir l'archi pionnier, en voici deux profils saillants.
Aigu, clairvoyant, l'architecte Alejandro Aravena a les pieds sur terre. Il fait la volte-face d'une tendance qui a la cote à Santiago où les immeubles sont revêtus par une enveloppe en verre, affichant à l'extérieur de ses bâtiments une masse de béton, quitte à provoquer une levée de boucliers chez certains architectes. Affichant un goût prononcé pour les bâtiments écologiques, il privilégie les matériaux locaux dans ses projets. Contrairement aux architectes iconiques, il maitrise les coûts des bâtiments.
Actif, équilibré, et mordu du social, l'architecte Giancarlo Mazzanti a la tête sur les épaules. Pour lui, c'est l'engament politique de l'architecture qui permettra d'améliorer le mode de vie des plus défavorisés. Grâce à ses écoles à coût réduit qui investissent les quartiers populaires, y compris les bidonvilles, la ville offre davantage d'équipements culturels qu'ailleurs.
Evidemment, ces pionniers, eux, ont volé la vedette à l'architecte Le Corbusier, dont on parlait tant dans les années cinquante. Malgré la crise économique, ils ont envisagé leurs projets pour ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté pendant périodes de longue durée , voire toute leur vie.
Bravo pour cet article! Oui et heureusement il y a des archis responsables et respectueux tant de l'homme que de la planète. Il faudrait qu'il y en ait plus...
· Il y a plus de 6 ans ·divina-bonitas
Oui. Il faudrait... Mais le monde change heureusement...
· Il y a plus de 6 ans ·Y.Muriel