Larmefeu

Elle a le visage détrempé. Après de longues minutes sous la pluie, son maquillage a commencé à couler. Pas par la faute de l'averse, mais bien parce qu'elle a pleuré. Elle s'installe et prend un café, face à moi. Nous ne parlons pas. Elle tapote sur son téléphone, ses longs cheveux gris collent légèrement sur ses joues, elle boit silencieusement une longue gorgée de café. Toujours sans un mot, elle se lève, et va accrocher son manteau, puis revenant, elle s'effondre à genoux au milieu de la pièce.

Je ne peux m'empêcher d'admirer cette femme si magnifique malgré le feu qui lui coulent le long des joues. Des yeux gris percent au travers des lunettes brunes, un bel ensemble pourpre sur lequel tombent ses cheveux frisés. Toujours en silence, je me lève, je m'agenouille à coté d'elle, attrapant son épaule, tapotant légèrement. Elle m'agrippe alors, me serrant avec force et fougue. Je grimace, ma côte toujours douloureuse me relance, mais je tiens, maintenant le silence, décidant de la serrer contre moi, caressant cette chevelure humide, si agréable...

Secouée de légers sanglots, elle serre encore un peu plus, la tête contre mon torse. Souffrant des genoux, je me redresse et fait de même pour elle. Je la serre de nouveau contre moi, de longues minutes. Toujours secouée de légers soubresauts, je patiente, la rassurant autant que je peux, apportant ce soutien physique, dont je ne sais même pas s'il apporte quelque chose. 

Elle serre, encore et encore. Pleurant, s'excusant, pleurant de nouveau...

Elle aura beau s'excuser, je ne lui reprochais rien, ce n'était donc pas la peine...

Inquiet malgré tout, les mots attendront. Le silence a sa place dans ce moment. Le briser serait malsain, la patience aura raison, et j'espère que ces larmes s'évaporeront, et que son sourire reviendra...