L'assise
lhallu
Assise là, elle fredonne un air que personne ne connait... ( Elle ? parce qu'il fallait bien choisir une identité, et que, malgré son manquement d'attache à la cause féministe, elle est de celles qui tiennent à affirmer que l'on peut être femme en le disant & non forcément en le criant.. ). Parenthèse fermée.
Assise là, elle fredonne un air que personne ne chanterait... Audacieusement, elle ne permet à aucun ni aucune de percer sa bulle. Et pourtant, elle le sait. Elle sait qu'elle n'y arrivera pas toute seule, éperdument amoureuse, elle se grise jusque tard dans la nuit. Tout vient à point à qui sait attendre, mais il ne faudrait pas que l'adage la disperse. Alors, c'est avec beaucoup de pugnacité qu'elle tente et qu'elle puise de toutes ses forces pour recommencer jusqu'à ce que les mots s'en suivent...
Assise là, elle fredonne un air que personne n'entend... Jusque là tout va bien, mais qu'en sait-elle de plus ? Rien. Honnête, elle connait la frontière entre la réalité et l'utopie. Quelques mésaventures passées lui ont fait perdre le cap maintes et maintes fois, depuis, seul ses relents de mauvais souvenirs lui font dire qu'elle attendra, si son heure n'est pas arrivée.
Assise là, elle fredonne un air qui lui passera... Quand elle se rêvait à murmurer ses envies, c'est en passionnée qu'elle croyait. Mais, une passion n'est "digérable" que lorsqu'elle est préalablement bien servie. Au fond, il semble difficile de se destiner à faire, élaborer, croire en quelque chose avant même que ce destin ne puisse exister. Indéniablement, le destin n'existe pas.
Assise là, elle fredonne un air qu'elle connait... Parce qu'elle sait dorénavant, que l'expression "le plus simple appareil" se décline. Plus jamais elle ne déshabillera sa pensée comme elle le faisait avant... Même si cette enveloppe n'était qu'apparat, elle dévoilait là, jadis, bien plus qu'elle ne voulait, sans croire qu'à chaque morceau de tissus défait, elle briserait ses chaines nommées Liberté... Elle peut dire qu'elle sait. Bien maigre est son expérience, mais ce qu'elle comprends maintenant, elle le saura à jamais.
Assise là, elle fredonne un air aventureux... Se jouer des gens, elle déteste. Idiot serait celui qui pense cela. En revanche, l'aventure dans laquelle se croisent ces gens et elle, ne la fige plus comme avant. Au contraire. Elle a compris que pour s'asseoir là, elle devait d'abord 1- trouver sa place, 2- mériter sa place, choses qui, selon elle, ne sont pas appréhendées de tous. Elle n'en veut à personne, non, elle rêvasse : en laissant la porte ouverte derrière soi, le courant d'air pourrait bien être pollué...de philanthrope.
Assise là, elle fredonne un air différemment... N'ayant plus peur, sa voix se "dévoile". Elle fredonne de plus en plus fort jusqu'à ce qu'elle se mette à chanter pour la première fois. Elle ne pose pas sa voix, non, fidèle à elle-même, elle se préserve.
Assise là, elle fredonne un air pour ne pas les entendre... Ils se caressent le dos, se congratulent, sans n'avoir jamais réalisé qu'elle pouvait les entendre, les voir, les comprendre voire même les démasquer. Tant pis. Ils se baignent dans les eaux troubles de l'auto-satisfaction, cette dernière comme frontière naturelle entre le possible et l'impossible. Bien-sûr, puisqu'elle n'a guère crainte de ce qui peut être dit, cela ne changera pas foncièrement sa manière de vivre. Néanmoins, elle est touchée. Touchée par trop d'imbécilité, déteignant ainsi sur les pages du dernier livre littéraire acheté par l'un d'eux, posé là, comme le "Graal" au milieu du précipice...
Assise là, elle fredonne un air qui ne l'enchante plus... Certes, elle ne se fourvoie pas, mais elle s'infiltre - pour mieux absorber -. Elle regarde partout. Ce pourquoi ils sont là, est moins de l'ordre de la qualité que de la quantité. Assurée qu'elle ne franchira jamais la frontière de l'hypocrisie, elle ne filera pas en catimini. Non.
Assise là, elle ne fredonne plus... Elle garde son timbre pour les échos en montagne et préfère ressortir sa petite boite à musique. De la force, il lui en faudra pour soulever la coupole (plus tard). Pendant que ceux qui dégusteront le vin, se la joueront aux fins gourmets, elle, picorera dans tous les plats. Les goûts et les saveurs se révèleront, un feux d’artifice en bouche qui ne manquera pas d'éveiller sa curiosité. Toujours.
La curiosité c'est l'appétit de l'esprit. Sauf que, parfois, le caramel, ça colle aux dents.
Que de gentillesse, merci, je ne publie pas beaucoup ici mais lis beaucoup tous les textes recommandés ! encore merci !
· Il y a environ 12 ans ·lhallu
Coup de coeur de ce clic.
· Il y a environ 12 ans ·Quel bon moment de lecture (lu deux fois).
Belle accroche, questions en arrière plan, très bon choix d'illustration.
Bravo !
Mathieu Jaegert