L'ATLANTE, LE SEL DE LA VIE ET LES GRUES DE JANVIER

 Drôle de réveil cassé ce matin.

Un bruit strident se confondant avec les aurores enchevêtrées. Tressées de givre et de cristaux rosés. Et cette douceur aquatique, cette anamorphose suggestive. Cette poussée de haut en bas...

Une gueuse et un filin.

Une amoureuse et un dauphin.Des transparences d'algues et des opacités multicolores

Des bulles d'air rondes et remontantes

Et moi qui descends, ma main au creux de la sienne. L'autre tenant fermement le poids de mon âme qui m'entraîne au fond.

Je coule, je me confonds.

Il est là, pour moi.

Sa peau est à ma peau, comme une invite, un appel du pied.

Je retiens le temps et ma respiration.

Lumière

éclair

marbrure

zébrure.

Doux et lent

Fulgurant.

Le sel cristallisé m'irise les cheveux de feux follets.

M'inonde de miel.

Je lève les yeux au ciel.

Ils percutent le plafond mouillé

le distancient

le pénètrent.

Creusent et vrillent les anarchies en goguette.

Un vol de grues éblouissant et bruyant renait dans le pourpre et l'or du matin de janvier et je regarde sous moi. Je suis en bas, sur le magma paisible et sableux. Parmi les éponges et les astéries.

Je voudrais tout et plus

et plus que tout

Juste un passage 

Pas sage.

Une autre envie

de vie.

Un temps

sous l'étang

Un baiser

 sous la pluie