L'attaque

Holly Storm

  L'U.A.M.V. (Unité Anti Morts-Vivants) est une organisations militaire secrète ayant pour but d'éradiquer la menace mort-vivante. Elle emploie de jeunes gens spéciaux, comme Lan-Kim (la narratrice) et Richter, des "chasseurs", qui sont envoyés dans des endroits où de grandes concentrations de morts-vivants ont été repérées. Après avoir perdu les militaires qui les accompagnaient à Kibera, Richter et Lan-Kim se réfugient dans une bicoque afin de savoir plus précisément comment s'est passée l'attaque de la ville.

  Je m’étais brusquement retournée dos au mur en poussant un juron. Il dégageait de moi une telle angoisseque Richter la ressentie jusque dans ses tripes :

  -Quoi ? Qu’est-ce que tu as vu ?

  -C’est eux qui m’ont vue. Les squelettes se baladent avec des jumelles, et il y en a un qui m’a repérée.

  -Dis-moi que tu plaisantes.

  -J’aimerais bien, crois-moi, mais l’heure n’est pas aux plaisanteries.

  -J’y compte bien. Viens, dépêche-toi !

  Il s’éloigna de l’arche pour se diriger vers l’étagère, se trouvant sur le même mur.

  -Richter, qu’est-ce que tu fais ? m’enquis-je.

  -Je bloque l’entrée, répondit-il sèchement. Aide-moi à déplacer cette foutue étagère !

  En proie à un grand désarroi, je m’exécutai. Quand l’arche fut derrière le meuble, je remarquai les boîtes qui se trouvaient dessus. Bien entendu, je les avaient vus avant, mais là, elles attiraient toutes mon attention.

  -Les boîtes sur cette étagère, soufflai-je.

  -De quoi ?

  -Ces boîtes, je crois… je crois que ce sont des boîtes de munitions.

  Soudain intéressé, Richter s’approcha de moi, qui m’étais déjà emparée d’une des boîtes.

  -Pour quelles armes est-ce ? le questionnai-je.

  -Pour un fusil de chasse, me répondit-il après avoir examiné une boîte bleue, et les vertes pour un fusil à pompe.

  -Dommage que ces armes ne soient pas là, elles nous auraient bien aidés.

  -Comment sais-tu qu’elles ne sont pas là ?

  -Regarde autour de toi. Si tu vois une seule de ces armes, tu me fais signe.

  Richter se retourna et examina la pièce. Effectivement, au premier coup d’œil, il n’y avait pas d’arme. Pourtant quelque chose dans cette maison le chiffonnait. Si les habitants de celle bicoque avaient vraiment vu les morts-vivants arriver, certains auraient essayé de s’enfuir, comme le montrait les tâches de sang sur les murs – ce ne pouvait pas être celles d'un zombi, ils n’ont pas assez de cervelle pour savoir se retenir contre un mur, et les empreintes de correspondaient pas à celles qu’aurait laissé une goule ou un squelette. Alors pourquoi y-avait-il également des traces de sang sur les caisses ?

  Pour Richter, la réponse était évidente. Rapidement, il se dirigea vers elles et en brisa une d’un coup de pied, laissant voir sous les débris un Mossberg 500 – un fusil à pompe gris métallisé à la cross noir, très répandu sur le marché Américain. Je fus si surprise que je ne parvins pas à articuler le moindre mot.

  Richter me fit un signe.

  -Je crois que l’on a touché le gros lot, ria-t-il.

  -Et dans l’autre caisse ? demandai-je quand ma surprise fut passé.

  Tout aussi fortement, il brisa la seconde caisse, dans laquelle se trouvait un fusil de chasse, sur lequel on avait préalablement installé  une lunette de visée.

  -Prend-le, m’ordonna-t-il, moi je prend le fusil à pompe.

  Je lui obéis puis, sans nous consulter, nous prîmes les munitions appropriés à nos nouvelles armes, en les stockant dans nos sacoches vides – l’U.A.M.V. en prévoit toujours, au cas où – et nous rengainâmes nos Blacks Eagles dans leurs holster, désormais accrochés à nos hanches. Enfin, nous chargeâmes nos fusils, juste avant que les morts-vivants ne commencent à tambouriner l’étagère prévue pour les bloquer.

  -Il faut qu’on sorte, me dit Richter, ici, on n’est pas à notre avantage, c’est beaucoup trop petit.

  Prestement, nous nous dirigeâmes vers l’autre sortie, et nous apprêtâmes à la traverser lorsqu’un squelette passa sa tête au dessus de nous. On pouvait lire dans ses yeux dorés Alors, on veut sortir ? On a trop peur pour combattre ? Je voulais lui hurler « non », mais Richter stoppa net cette pensée en tirant un coup de Mossberg 500 sur son crâne, l’explosant sur le coup. Le reste de ses os et ses vêtements tombèrent mollement, en s’éparpillant sur le sol.

  -Les autres ne vont pas tarder, m’informa-t-il. On court !

  Trop occupée à penser à notre survie, je le suivis sans broncher lorsqu’il sortit rapidement de la bicoque et qu’il s’élança à travers Kibera, suivit de près par les goules, les squelettes et les quelques zombis qui avaient suffisamment de cervelle pour penser à faire comme leur frère squelette abattu. En jetant de vifs regards derrière nous, nous courûmes à en perdre haleine, mais l’adrénaline lâchée dans nos corps était si forte qu’elle nous empêcha de nous arrêter, malgré notre essoufflement.

  Au bout d’une minute de course folle qui n’avait rien fait de mieux que nous fatiguer, nous débouchâmes dans un cul-de-sac, entre deux bicoques. Contre le mur de l’une d’elle, il y avait des caisses empilées comme pour faire un escalier. J’avais vu ce genre de scène dans plusieurs films, et à chaque fois, les héros faisaient toujours la même chose.

  -Il faut monter sur le toit, hurlai-je pour masquer le cri de guerre des morts-vivants.

  Sans attendre la réponse de Richter, je passai devant lui en courant, montai sur les caisses et arrivai sur le toit en terre battue horizontal, juste avant de lui faire signe de me suivre. Il s’exécuta vivement. Puis, sans me consulter, il sortit de sa sacoche une grenade bleue, l’aveuglante.

  -Qu’est-ce que tu fabriques ? lui demandai-je.

  -Regarde pas, ma belle, sourit Richter, ce feu d’artifice est réservé aux morts-vivants !

  Comme je ne trouvais rien à redire, je me tus et le laissai faire. Il dégoupilla son arme avec ses dents, la jeta dans le cul-de-sac – que les morts-vivants avaient rejoints – et s’éloigna rapidement, moi sur ses talons. Quelques secondes plus tard, la grenade explosa avec un bruit assourdissant, couvrant les cris de douleurs des infectés qui avaient gardés les yeux ouverts. Et comme Richter l’avait souhaité, elle détruisit également les caisses qui nous avaient permis de monter.

  Rien à redire, les armes face aux morts-vivants, il n’y a que ça de vrai !

  -Ouf ! soupirai-je, enfin tirés d’affaire.

  J’avais parlé trop vite. Au même instant, un des squelettes qui avait reconnu la grenade aveuglante, et qui du même coup s’était protégé les yeux, s’accrocha sur le toit et monta dessus, excité et prêt à reprendre la chasse. Quelques-uns de ses congénères le suivirent de près.

  -Oh non, souffla Richter, l’endroit est encore trop petit pour se battre !

  -Où veux-tu qu’on aille alors ? Ici, il n’y a que des ruelles !

  Richter réfléchit une seconde, de quoi laisser le temps aux infectés de se regrouper et de s’élancer vers nous.

  -On réfléchira après, suggérai-je, pour l’instant on fonce !

  -Je suis d’accord.

  Nous nous retournâmes, prêts à encore courir, et nous nous trouvâmes face à un mur de terre sur lequel se trouvait une échelle, menant à un autre toit, celui-ci en tôle. Je l’empruntai la première pendant que Richter déchargeait son Mossberg 500 sur les infectés, en renvoyant plusieurs à la poussière. Quand enfin il put escalader l’échelle, ce fus moi qui harcelai les morts-vivants avec mon fusil de chasse. Cependant, il s’avéra bien moins efficace que le fusil à pompe.

  -Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à tuer les infectés ? hurlai-je.

  -Ce n’est pas avec une balle dans la tête que tu vas les avoir ! Il faut leur détruire le crâne ou les décapiter !

  « Décapiter ? » Je me souvenais d’avoir fait la même chose à Kyoto, contre Chikayo lorsqu’il m’avait attaquée. Mais là-bas, j’avais un katana sous la main. Ici, que dalle.

  Richter donna un violent coup de pied dans le squelette qui montait sur l’échelle, le faisant tomber sur ses congénères, et se tourna de l’autre côté en même temps que moi, qui cherchais désespérément un passage pour m’enfuir. Le seul disponible était le toit en tôle d’une autre bicoque, à un mètre devant moi. Il était un peu plus bas que celui sur lequel nous nous trouvions, ce qui rendait le saut facile.

  -On n’a pas trop le choix, dis-je à Richter en pointant du doigt l’itinéraire que je prévoyais, il faut encore passer sur les toits.

  -Honneur aux dames !

  Je ne me fis pas prier. Je n’eus pas besoin d’élan, juste de la force de mes jambes qui me poussa jusqu’à l’endroit désiré. Cependant, une fois que j’eus atterrit, je dérapai et dévalai le toit que j’avais atteint, avant de retomber lourdement à même le sol sur mon bras couvert de brûlures. Sous l’effet du choc, je lâchai mon fusil de chasse et tins mon membre endolori qui se mit à saigner. Heureusement pour moi, les infectés étaient trop occupés à essayer d’attraper Richter pour se soucier de la faible proie que je représentais.

  En parlant de Richter, lui aussi avait des problèmes. Il ne pouvait pas juste sauter comme moi, sinon les infectés allaient le suivre, mais il ne pouvait pas non plus rester sur place, c’était trop dangereux. La seule chose plausible était de se débarrasser d’eux, pour pouvoir continuer à avancer en paix. D’ailleurs, la mission était finie, nous avions retrouvé l’unité C. Il suffisait désormais d’envoyer d’autres hommes larguer des bombes sur  Kibera pour tuer tous les morts-vivants.

  Cependant, quelque chose triturait encore Richter. Il n’y avait  que des infectés à Kibera, pourquoi avoir alors envoyé des chasseurs sur le terrain ? Et surtout, que signifiait les derniers mots du caporal Cameron ? Abattez cette chose… Où était cette fameuse chose ? Cette histoire était plus complexe qu’elle ne le paraissait, c'était pour lui une évidence. Mais, pour le moment, ce qui importait, c’était de s’enfuir, ou au moins trouver un terrain dégagé pour pouvoir réellement se battre. En cet instant, tout ce que Richter faisait, c’était bombarder de cartouches les squelettes et les goules avec son Mossberg 500, quand soudain… Vide ! le chargeur était vide ! Et il ne pouvait pas se permettre de le recharger, sinon il serait submergé par ses ennemis.

  Plus qu’une seule solution.

  A suivre...


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