Chapitre 1 L'autre anniversaire

Sergueï Bonal

bébut de Vitae Ordonis

1

L'autre anniversaire

 

 

 

Debout face à un immense miroir, aux proportions démesurées, couvert de dorures et de métal laissant échapper une légère vapeur; un petit homme se contemplait en affichant un large sourire satisfait Il devait faire à peine un mètre cinquante, pour un poids frisant les cent kilos. La balance triangulaire au cadran transparent laissait apparaitre une multitude de rouages, qui tournaient à toute vitesse. Elle affichait un voyant rouge avec écrit dessus : charge maximale ERREUR. Un nuage de vapeur grisâtre s'échappait des coins de la balance qui s'affaissa sous le poids de Perceval Brandon, qui ne comprenait pas pourquoi elle était défectueuse. Espérant un miracle, il sautilla sur la plaque fragile toujours fumante et sifflante. Il espérait qu'elle daigne lui indiquer son poids.

Perceval Brandon était un homme important, dans la mesure où il siégeait parmi le groupe des cinq membres qui représentait l'Etat. Ce groupe s'appelait : le Gouvernement du Peuple Uni. Il avait peu de qualités, mais elles étaient remarquées de tous. La première, qu'il considérait comme primordiale, était l'art de bien s'habiller et en toute circonstance. Il lui était impossible de se présenter mal vêtu, grand Dieu non ! Chaque événement avait sa tenue, il ne laissait rien au hasard, il allait jusqu'à choisir la couleur de ses lacets, qui devait être identique à celle de sa cravate. Pour ses confrères, il était considéré comme un homme élégant, aux goûts raffinés. De plus son épaisse moustache brune, suscitait la jalousie chez certains, qui allaient jusqu'à lui demander son secret pour entretenir un tel ornement. Il en était très fier, de sa moustache fournie. Un côté était en forme de losange et l'autre en triangle. Il aimait changer la forme de sa moustache selon ses humeurs. Chez les Brandon, tous les hommes portaient la moustache, elle était de loin, le symbole de la famille. Quiconque ne la portait pas ne pouvait être considéré comme un Brandon. Perceval, la première fois qu'il vit sa moustache naissante, elle ressemblait à un fin trait de poil blanc désordonné. Son père William lui acheta sur-le-champ un peigne pour qu'il puisse l'entretenir, comme le ferait un bon Brandon.

—Pourquoi diable fume-t-elle ainsi cette balance ? fulmina Perceval en se balançant sur la plaque instable. 

L'autre, un certain Ernest Borg, n'osait pas s'approcher de peur d'être réprimandé à nouveau. Ernest Borg, l'homme à tout faire de Perceval, n'avait pas de physique particulier. Sa taille était dans la norme, s'il y en avait une ! Un visage rond sans expression, qui n'attirait pas le regard. Il était tellement discret et banal qu'il ne pouvait rivaliser face au grand Perceval Brandon. Borg comme tous les majordomes devaient servir son maître sans condition. Il devait suivre Perceval et lui faciliter la vie. Il ne vivait que pour son maître, il aimait son travail plus que tout. Les gens de maison s'habillaient tous de la même manière, un costume vert clair, afin de mieux les identifier.

—Monsieur tous les membres sont là, dans la grande salle, dois-je les assister ?

—Ce ne sera pas la peine Ernest, je te remercie, aide-moi à me préparer. Je ne sais que choisir, j'hésite entre le bleu et le vert, s'exclama Perceval en regardant les deux costumes centrés sur un portant en acier.

—Il est certain que les deux vous iront à ravir, monsieur ! Mais ne serait-ce pas plus judicieux de choisir du bleu, cette année la ville est en bleu, vous seriez en accord. Qui plus est vous portez tellement bien le bleu !

—En effet, tu as raison Ernest, je suis fier de t'avoir auprès de moi. Tu sais penser comme moi et tu anticipes, j'aime ça.

—Monsieur, il est de mon devoir de vous servir au mieux Monsieur. Je ferais tout ce que monsieur désire !

Cela étant, il ne savait toujours pas lequel choisir. Il aimait autant le bleu que le vert et tous deux reflétaient sa personnalité. Perceval était un homme de principe et extrêmement fier de lui. Il ne supportait pas que quelqu'un lui tienne tête, il devait toujours avoir raison. Il était également d'une rare intelligence, il savait voir plus loin, et pouvait anticiper les éventuels imprévus. Tout en regardant les deux costumes comprenant, une veste, un gilet, une chemise, une cape, et un nœud papillon, Perceval eu enfin une révélation. Il s'auto congratula d'avoir un tel esprit, vif. Il tendit sa main à Ernest tout en se regardant dans l'immense miroir.

—Je veux voir Sidia, elle pourra m'aider dans le choix du costume.

Sans attendre, Ernest alla chercher un petit sifflet en or incrusté de pierres précieuses. Il le tendait délicatement à Perceval. Un son à peine audible s'échappa de l'embout, au même moment un puissant rugissement se fit entendre quelques pièces plus loin. Comme à chaque fois, Ernest sursautait en entendant ce cri puissant, rauque. Très peureux, Ernest allait se cacher derrière Perceval qui attendait l'arrivée de son animal de compagnie.

—Tu ne dois pas montrer que tu as peur Ernest, combien de fois dois-je te le dire ? En plus elle t'adore ! dit Perceval en regardant du coin de l'œil l'encadrement de la porte.

Un immense animal entra en poussant de nouveau un rugissement terrible qui fit de nouveau sursauter Ernest. Un gigantesque Dent de Fer [1]entra sans faire de bruit, l'imposante créature s'arrêta devant son maître. Perceval salua Sidia qui lui rendit la politesse. Sidia faisait partie de la race des Dents de fer, puissant mammifère ayant pour seul objectif la protection du parlement ainsi que de ces occupants. Comme chacun le sait, Les Dents de Fer, avaient un pelage unique au monde, il pouvait changer de couleur selon leurs humeurs. Sidia d'humeur préoccupée avait des poils gris bleu avec quelques pointes de blanc, à cause de son âge avancé. Son pelage en verre reflétait la lumière, Perceval contemplait Sidia une fois de plus avec émerveillement.

—Tu es magnifique ce matin ma fifi ! Complimenta Perceval en caressant l'immense tête de l'animal qui ronronnait de plus en plus fort.

Deux énormes dents pointues en Organium[2] dépassaient en pointant vers le bas. Sidia se laissa tomber sur le plancher en bois massif, le bruit était assourdissant. Perceval ne pouvait détacher son regard de l'imposante créature fait d'acier et de verre. Son choix était fait, le pelage gris bleu se reflétait dans ses yeux clairs.

—Ernest, veuillez ranger, je vous prie, je costume vert. Sidia a choisi pour moi, dit Perceval en enfilant sa chemise en soie.

Cette chemise avait quelque chose de particulier, on pouvait voir plusieurs formes, des carreaux, des rayures et divers motifs brodés. Seulement, d'un simple coup d'œil il était impossible de tous les distinguer, il fallait se concentrer pour déceler toutes les formes. Ernest l'assistait en lui tendant les vêtements.

—C'est magnifique ne trouves-tu pas ? demanda Perceval en s'admirant d'un air satisfait.

Sidia rugit pour répondre à son maître. Son cri était différent des autres plus délicat, moins terrible. On aurait dit qu'elle parlait. Même si les Dents de Fer étaient des animaux très intelligents, elle était au-dessus de la moyenne. Son regard aussi pouvait parler.

—Oui ma fifi on va bientôt partir ! C'est vrai tu me trouves bien ?

—Monsieur comprend vraiment ce que cette ch… Sidia…

La bête offensée, regardait Ernest en ouvrant la gueule faisant apparaître ses dents acérées comme des rasoirs. Afin de ne pas se faire engloutir par le Dent de Fer, Ernest présenta sans attendre ses excuses.

—Méfiez-vous Ernest, elle est très susceptible ! J'aimerais vous garder. Je serais bien attristé de devoir vous remplacer ! Je suis prêt !

Ernest contourna la bête et attrapa délicatement le discours que devra faire Perceval comme chaque année pour l'anniversaire de Vitae Ordonis. Perceval relut brièvement son discours, la sonnette annonçait l'arrivée d'un visiteur. Une femme vêtue d'une longue robe bleu pâle entra en tenant un sac brodé de perles. Elle avait une coiffure des plus originales, elle avait un chignon en forme de rose.

—Nous vous attendons pour faire le point très cher, que diable faites-vous ? Vous n'arrivez pas à vous décider quand à la couleur de votre costume, je suppose ? dit Arina d'une voix douce et délicate. Sidia a encore tranché, laissez donc cette sublime créature en paix.

—Elle m'accompagne, elle me donne de l'inspiration rien de plus. Où sont les autres ? Ne devraient-ils pas être avec vous ?

—Ils vous attendent dans la grande salle pour finaliser les préparatifs, ils s'impatientent. Rétorqua Arina pressé de profiter des festivités.

—Personne ne commencera quoi que ce soit sans nous très chère, Arina ne vous inquiétez pas. Pour ce qui est de Sidia elle fait partie de ma vie, nous sommes inséparables.

L'immense animal donna un petit coup de tête contre Perceval tout en ronronnant. Celui-ci passa sa main potelée dans l'épaisse crinière colorée.

—Ernest, allez voir si tout est en place, faites-moi un rapport sur la situation, je veux que tout soit parfait, ordonna Perceval en accompagnant Arina vers la sortie.

La maison était gigantesque, il y avait six étages et un sous-sol. Il devait y avoir plus de cent chambres, Perceval vivait seul dans ce manoir aux proportions démesurées. Les meubles étaient en verre, en acier. La maison était un musé, mais en moins poussiéreux, dans chaque pièce il y avait tous sorte s'objets. Les portes n'avaient pas de poigner, il fallait attendre qu'elle s'ouvre toute seule. Perceval aimait se sentir en sécurité, il a fait mettre en place un système d'ouverture automatique. Si une personne n'était pas autorisée à entrer, la porte restait fermée.

—A ce que je vois, vous êtes toujours aussi méfiant ! dit Arina en regardant la porte s'ouvrir.

—Nous ne sommes jamais assez prudents, Darling. C'est une invention de nos amis les Américains. La porte détecte la personne et si elle est autorisée à entrer elle s'ouvre. C'est fascinant à quel point la technologie évolue vite ! Regardez ce lustre, c'est une œuvre d'art.

Au-dessus de leur tête, un lustre à chandelles éclairait l'immense hall. Des milliers de rouages tournaient dans tous les sens à des rythmes différents, tous avaient des formes différentes, certains étaient arrondis quand d'autres en forme de triangles ou en étoile. En plus de fonctionner grâce à la lumière du soleil, la puissance pouvait varier selon la luminosité naturelle. Perceval fixait longuement une plaque métallique représentant le système solaire. Une aiguille courait autour du cadran multicolore. Par moment, les globes, représentant des planètes, tournaient et sur eux-mêmes.

—Vous avez une horloge astrale ? C'est magnifique, comment l'avez-vous eu ? s'extasia Arina

—C'est un objet de famille, il est dans notre famille depuis des générations. C'est un des seuls à ne pas avoir été détruits. Durant la terrible guerre, beaucoup de choses ont disparu ou ont été détruites. Qu'aurions-nous fait sans Vitae ?

—Je remercie le ciel pour nous avoir sauvés du mal.

Des voix s'élevaient dans une des pièces du manoir. Il y avait trois hommes, l'un deux portait un sinistre costume violet qui paraissait trop grand. Les deux autres, tout de noir vêtus, observaient un livre poussiéreux et ancien. A vu d'œil, il devait faire plus de mille pages. Le titre sur la couverture en bronze était gravé en lettre d‘or : Vitae Ordonis.

—Bien nous sommes tous réunis pour les dix ans de Vitae. J'ai l'honneur de vous annoncer que le programme va passer à la mise à jour 2.0. C'est une étape majeure, car cette version va révolutionner notre époque. En pleine révolution, le pays cherche à se perfectionner, à aller plus loin. Nous avons les machines à vapeur, nous construisons plus vite, nous vivons une ère nouvelle. Et je pense que Vitae joue et jouera un rôle plus que prépondérant ! La tradition veut qu'avant de partager un moment convivial avec le peuple de Londres, nous écrivions un résumé sur ce qu'il s'est passé durant l'année. Tradition qui est née en même temps que le programme Vitae. Nous tous, membres du Peuple Uni, allons écrire l'histoire, notre histoire.

Perceval avait un don pour faire des discours. Son charisme captait l'attention de tous. Délicatement, il entra le code pour ouvrir le livre. De petits rouages s'actionnèrent, une légère fumée grisâtre s'échappa du livre. D'une main légère, il rédigea un long résumé sur l'année qui venait de s'écouler. Les autres en firent de même, Félix hésita un moment il se tourna vers ses collègues.

—Pourquoi faisons-nous cela ? Je ne suis pas contre le procédé, mais le peuple ne devrait-il pas savoir ce qu'il se passe à l'extérieur ?

—Pourquoi t'en soucier ? Ce qu'il ignore ne peut pas lui faire de tort ! Qui plus est, Félix personne ne ment, tout est consigné dans ce livre depuis le début. Seulement, j'estime qu'il faut canaliser l'information et la répartir intelligemment. Il faut parfois se taire, le peuple n'est pas prêt pour entendre certaines vérités. Tant qu'ils n'en font pas la demande, tout va bien, auquel cas nous aviserons. Tu sais aussi bien que moi que nous sommes est un des rares pays à tenir. Nous n'avons pas fait tout ça pour rien, nous sommes en paix depuis dix ans, maintenons cet équilibre, rétorqua Perceval en tendant la plume à Felix.

Perceval avait la qualité d'être franc et honnête et en toute circonstance. Il était certes imbu de sa personne, mais il était du bon côté. Il estimait et à juste titre, qu'il n'existait pas du bon sans partie sombre ni de paradis sans l'enfer. Nous avions tous en chacun de nous cette petite part d'ombre en nous. Pour lui, en de très rares occasions, il fallait franchir la limite pour le bien commun. Même s'il ne soutenait guère le procédé, dissimuler, et non mentir, apportait plus de bien que de mal.

—Tout le monde a fait son résumé, l'histoire étant retranscrite, nous pouvons commencer, lança Perceval d'une voix forte et claire.

Il eut un moment de flottement, comme si tout le monde était pris d'une profonde réflexion, une pensée unique, comme si leurs esprits étaient synchronisés. L'immense dent de fer alla près de Perceval, les autres membres sur la défensive, n'osèrent pas fixer la créature au pelage arborant des couleurs sombres. Perceval même s'il était épuisé était au paroxysme du bonheur. Depuis maintenant dix ans, la ville était en paix et prospérait. Du manoir, ils entendaient la musique et les cris enjoués des habitants. Arina, Félix et les autres membres du GPU[3] se regardèrent avec une certaine complicité et beaucoup d'émotion. Chacun mesurait l'importance de cette journée et l'impact qu'elle allait avoir pour l'avenir du pays. Ce n'était plus un rêve fugace, mais la réalité, avec la nouvelle mise à jour de Vitae Ordonis tout allait changer. Les grandes portes de bronze s'ouvrirent automatiquement devant Perceval et Sidia. Une puissante lumière les aveugla, Sidia alla sur le perron pour contrôler que la voie était libre. Perceval et les autres membres sortir pour acclamer la foule. Des milliers de personnes les attendaient devant l'immense place qui se trouvait en face du manoir. Elle a été construite pour Perceval, il voulait depuis toujours un lieu à son image. Une gigantesque fontaine dominait la place, elle représentait un Dent de fer crachant de l'eau. La statue était en organium, tout comme les Dents de fer, elle changeait de couleur selon la luminosité. Il y avait des bancs en marbre rose et de tables en acier. Il lui arrivait d'y donner des réceptions somptueuses, dans l'unique but de montrer son influence et son argent. Le milieu dans lequel il vivait fonctionnait qu'au travers de l'argent, du superficiel Perceval était un expert dans ce domaine, ce fondre dans la masse, s'adapter à toutes les situations. La nuit la fontaine s'illuminait, on pouvait voir les flashs de loin, nul ne pouvait manquer le manoir.

—Vous avez un manoir somptueux et une place magnifique ! Vous avez un goût certain pour les belles choses, Perceval, lança Arina en contemplant la place illuminée.

—Vous me flattez Perceval, oh ! Vous savez j'aime les belles choses et j'ai un don pour embellir les choses. J'aime l'esthétique, les choses raffinées, subtiles. Passez à l'occasion, nous parlerons décoration autour d'un thé.

La foule amassée sur la place, hurlaient de joie, un groupe se produisait sur un podium accroché à deux dirigeables. Le podium flottait dans les airs, tout Londres pouvait profiter du spectacle.

—Tien, ce sont les ironfloyd, j'adore ce qu'ils font. Ils ont joués le soir de la terrible révolte, sur le mur de l'ancienne usine pour fêter l'arrivée du GPU.

—Quel spectacle, et terminer avec Breath of change, quel symbole.

Des flashes éclataient un peu partout. Les flashs multicolores se reflétaient dans les fenêtres des bâtiments multicolores. Dans le centre de Londres, qui a été refaite suite à la grande révolte arborait toutes sortes de couleurs et de formes. Des bâtiments avec des architectures modernes et classiques. Aucun mur n'était de la même couleur, le centre était plus vivant que jamais. Il y avait des drapeaux représentant les couleurs du pays et ceux du GPU. Des confettis virevoltaient dans les airs se mêlant aux fumés colorés. C'était un spectacle éblouissant, le ciel qui avait d'ordinaire un aspect pâlot était chargé de couleurs. Le railleur emmenait les habitants d'un endroit à un autre, toute la ville était en effervescence. Les montgolfières publiques fusaient également dans les airs, il y avait des animations dans toute la ville. Comme chaque année, le discours de Perceval était donné sur la place Arnold Finsh un grand homme connu pour ses états de service. Il s'agissait de la plus grande place de la ville, elle comportait la place centrale, et un parc qui s'étendant sur des kilomètres. La place Arnold était un symbole, le général Arnold selon la légende aurait tué le chef d'un groupe de fanatique en le décapitant de son sabre. Mais le peuple aimait inventer toute sorte d'histoire. Pour d'autre Arnold serait mort au centre de la place après avoir pris une balle perdue. N'était plus de ce monde, la population ne pouvait que spéculer. Les ironfloyd entrainaient la foule vers la place Arnold pour l'allocution de Perceval. Il était bien entendu accompagné des autres membres du Gouvernement.  La sécurité était à son paroxysme, les rues étaient surveillées à des Hurleurs[4] et des crochebecs[5]. Des Dents de fer patrouillaient avec des soldats armés. Le GPU avait un système de sécurité incroyable, la criminalité était quasi inexistante. La sécurité était une priorité, la ville devait être protégée par tous les moyens. La garde de Londres patrouillait dans les rues jour et nuit, les Crochesbecs filmaient toutes les rues et les images étaient retranscrites en direct.

Il y en avait pour tout le monde, des spectacles de magie pour les enfants, des jeux de marionnettes, les dix ans de Vitae Ordonis devaient être fantastiques. Le GPU a organisé l'événement depuis des mois, rien n'était laissé au hasard. Malheureusement les membres du GPU ne se reposaient pas, tous préparaient la nouvelle mise à jour du système Vitae. Chaque individu était doté d'une disquette qui leur a été implanté dans le bras afin de les protéger des gazes présent dans l'air. Suite à une terrible explosion d'une usine, l'air a été contaminé. Sans cette disquette, une personne normale y laisserait la vie en moins d'une minute. Cette disquette était la seule chose qui les maintenait en vie. Malheureusement, l'exposition était telle, qu'il fallait réinitialiser la disquette chaque année. Depuis la création de la disquette Vitae Ordonis, le GPU fête cet événement. Cette disquette représentant le renouveau du peuple, après une terrible guerre civile, la population c'est relevé plus forte. Vitae était le signe du changement et d'une ère nouvelle. Vitae et avec l'aide du GPU a mis fin à la guerre. Avec le temps, les gens oublièrent les erreurs du passé pour ce centrer sur m'avenir, un futur sans haine et oppression. Tout le monde vivait dans la paix et une tranquillité d'esprit et grâce au Gouvernement du Peuple Uni. Sur la place Arnold, une estrade sur dirigeable flottait à quelques centimètres du sol. Une foule immense attendait le discours tant attendu de Perceval, qui comme chaque année faisait le bilan de l'année. Il en profitait pour annoncer les divers changements qu'il allait s'opérer et les projets à venir. Depuis l'arrivée du GPU tout était plus simple, il y avait une véritable transparence au sein du gouvernement, rien n'était caché au peuple. Ce devait être la raison principale, d'une telle harmonie. D'immenses projecteurs étaient braqués sur la scène, un nuage de fumé bleu et rouge s'élevait dans les airs. La foule hurlait en applaudissant, les cinq membres du GPU apparurent comme par magie dans le nuage multicolore.

—Je vous souhaite la bienvenue pour la dixième année du programme Vitae, le programme du changement ! C'est avec une certaine émotion que je vous annonce le lancement de la nouvelle mise à jour la fameuse 2.0. Elle est en cours d'acheminement, d'ici quelques minutes, nous passerons dans une nouvelle ère, plus moderne, plus simple. Tout ce que vous voyez autour de vous, tout ce que vous trouvez de merveilleux vous vous le devez. C'est grâce au peuple, à vous que notre ville prospère et évolue de jour en jour. Oh ! Je sais ça n'a pas été facile tous les jours de maintenir cet équilibre, nous y parvenons ensemble. Cela fait dix ans, que le pays est en paix en évolution. Le programme Vitae n'est seulement qu'un code, une suite de chiffres, mais une idée, une idéologie, un rêve qui se réalise enfin. Même si grâce à cette disquette qui est implantée dans votre bras vous permet de vivre, elle signifie qu'ensemble, avec la même détermination nous pouvons réussir. Cette disquette vous apporte beaucoup plus, elle uni le peuple, personne n'est mis à l'écart tout le monde œuvre dans le même but de devenir une nation forte, libre. Je tiens à vous remercier de nous faire confiance et de nous aider à faire avancer le pays. Je ne vous cacherais pas que des forces obscures tentent de pénétrer dans la ville, les Rongeiards, ces créatures de l'ombre veulent tout exterminer. Mais nos fortifications tiendront face aux éventuelles menaces. Vous ne risquez rien, regardez autour de vous ! La ville est surveillée, protégée par des hommes entrainés et dévoués. Certains pourraient penser que nous allons trop loin, et je parle des Crochebecs, mais il faut y voir autre chose que de la violation de vie privée. Une personne se fait agresser, tout est filmé en direct, la garde peu agir sur le champ. Nous vivons dans un monde plus simple, plus performant. Nous cherchons avant toute chose votre bien être et votre sécurité. Comme chaque année, nous allons annoncer de nouvelles règles pour améliorer vos conditions de vie. D'ici une dizaine de jours, le Haut représentant de l'Aube fera son annonce annuelle. C'est avec une certaine émotion que je déclare la dixième année officiellement débutée ! Vive à Vitae, au GPU, longue vie au peuple, et que les dieux de l'Aube révélatrice soit sur vous !

Un tonnerre d'applaudissement éclata dans tout le parc, des écouteurs en forme de fleur géantes diffusaient le discourt dans toute la ville. Perceval légèrement essoufflé salua la foule ainsi que les autres membres du GPU. Des cris de joie montaient dans les airs, les animations reprirent un vacarme assourdissant planait dans la ville. Les journalistes en profitaient pour interroger des passants. Dans le ciel, une horloge géante, construite pour l'occasion affichait un décompte de vingt minutes. Le groupe Ironfloyd jouait toujours sur leur scène accroché à deux dirigeables. De part et d'autre de la ville, les railleurs fusaient chargés de passagers. Le railleur était le moyen de déplacement le plus rapide. Il lui fallait moins de vingt minutes pour traverser la ville. De plus la ligne parcourait toute la ville, tant dans les airs que sous la terre. Le GPU l'a mis en place que depuis trois ans, il a changé la ville et son fonctionnement. Les déplacements sont simplifiés, et plus fluides, les routes sont pour la majorité piétonnes. Les accidents sont inexistants, il arrivait que des dirigeables explosent, ou se heurtent entre eux, mais c'était chose rare.

Au loin, derrière les murs épais du parlement, des hommes et des femmes mettaient en place la mise à jour du programme. Tout devait être parfait, Perceval du podium supervisait les derniers préparatifs.

—Demandez aux techniciens de vérifier le récepteur et la mise à mise jour ! Je ne veux pas de problème, lança Perceval dans un petit boitier noir.

—Et ceux qui ne sont pas dehors, ça ne va pas marcher ? demanda Félix soucieux.

—Bien-sûr que si, le récepteur est assez puissant pour traverser les murs, heureusement ! Sinon imaginez Félix, toutes les failles de sécurité qu'il y aurait.

Le décompte tournait toujours, il restait un peu moins de quinze minutes. Tous les yeux étaient braqués sur l'horloge au loin, une faible lumière apparue au sommet de Big Ben. Elle était à peine perceptible, mais Perceval la voyait. Il s'agissait du renouveau, de l'avenir qui brillait au loin. Plus les minutes passaient, plus les cris s'intensifiaient. Des feux d'artifices éclataient dans divers quartier de la ville. Il ne restait plus quelques seconds avant la mise à jour. Soudain, un silence de mort plana dans le parc, la foule les yeux braqués vers Big Ben. Une fois le décompte arrivé à 00-00, une forte lumière jaillit du sommet de la tour. Tout le monde s'extasiait devant cette blancheur aveuglante. Plus elle s'approchait, plus leur vision devenait trouble. Perceval devait le micro, lança d'une voix forte.

—Vous voilà dans une ère nouvelle ! Que la fête continue.

Le GPU quitta le parc pour se rendre au manoir, au loin les cris et les fanfares résonnaient toujours. En s'éloignant des beaux quartiers, en allant vers des rues plus calmes et moins fréquentés il y avait également des spectacles mais d'un autre genre. Une jeune femme en équilibre sur une tête de robot qui tournait sur elle-même jouait avec des cerceaux en feux. D'autre faisaient du mime, c'était peut-être moins grandiloquent, mais plus authentique. Il y avait également des spectateurs mais d'une caste moins évoluée, moins attiré par les lumières et les bruits. Tout se passait dans le silence, dans une légèreté, presque reposante. Toujours plus loin, dans des quartiers sombre, ou les murs étaient ternes et sans âme, vivait un jeune homme. Il fêtait lui aussi quelque chose, seul dans une maison vide et sans couleur. Aiden Black était un garçon lambda, sans avenir et sans histoire. Fils  de père ouvrier  et d'une mère secrétaire il vivait dans des conditions relativement simple, voir précaire. Alors que ses parents, comme tout le quartier fêtaient l'anniversaire de Vitae, Aiden, fêter seul ses vingt et un ans. Chaque année, il maudissait ses parent d'être né le jour à Vitae vit le jour également. Tous les ans, toute la ville profitait des festivités mis en place par le gouvernement. Depuis dix ans, Aiden fêtait ses anniversaires seul, sans ami, même s'il n'en avait pas, ses parents auraient pu être présents. Ce jeune homme au visage carré, rappelant les hommes de l'Est, était plus grand que la moyenne. Il avait une tignasse brune épaisse, impossible à coiffer. Les yeux vert émeraude, son regard exprimait une certaine mélancolie. Sans aller dire qu'il était beau garçon, il avait un certain charme. Faisant plus vieux que son âge à cause de sa barbe, il donnait cette impression d'être virile et mystérieux. Pourtant son regard exprimait l'inverse, même s'il savait ce qu'il faisait, il était dans le doute permanent. Sa taille et son poids étaient dans la norme, il était longiligne et svelte grâce au sport. Il avait un visage carré et pointu. Il avait à la fois un aspect sombre et apaisant. Son front massif donnait un aspect étrange, surtout quand il a les cheveux courts on pourrait croire à une bosse partant vers l'avant, alors que pourtant il était plat. Quand il a les cheveux longs, ce front massif est caché et son visage et soudain plus féminin, plus doux. Il avait des mains épaisses et de longs doigts. Un système bionique était incrusté dans le bras gauche, par moment des LEDS clignotent signe que le système était en marche. La disquette était bronze et en or tout le monde pouvait voir le circuit. Par moment une légère fumée s'échappait de la fente. Par moment, il lui arrivait de regarder la disquette implantée dans son bras et de se perdre dans des rêves absurdes. Comme la majeure partie de la population, il ne se posait pas trop de questions, il se laissait guider par le GPU. Il y avait une facilité, une tranquillité d'esprit à se laisser guider. Seulement, comme tout adulte, il devait entrer dans la vie active comme l'exige le système. Chacun garçon et fille âgé de vingt et un ans devait aider la ville à évoluer. Aiden d'ici quelques jours allait choisir un emploi. Il y avait même une cérémonie pour officialiser la chose. Un représentant l'accompagnait dans cette transition et dans son choix. Le GPU tout comme l'Aube de la lumière révélatrice [6]était attaché à un tas de tradition, de règles.

De nature soucieux et inquiet, Aiden redoutait le passage dans le monde des adultes. Pourquoi avoir peur ? Il allait être accompagné et formé pour ce nouveau rôle.

—Bon anniversaire mon grand ! Prêt à devenir un homme ?

De sa fenêtre, il voyait au loin les feux d'artifices et les lumières dans le ciel. Il regrettait un peu de ne pas être avec ses parents, mais il voulait garder un semblant de normalité. Une fois à nuit tombée, il alla se coucher ses parents n'étaient toujours pas rentrés. Dans l'obscurité, il ne se sentait pas rassuré. Emmitouflé dans ses couvertures, il s'endormait en entendant au loin la musique et les cris de joies.


[1] Mammifère puissant protégeant le parlement. Voir index en fin de livre pour plus d'information.

[2] Métal quasi indestructible.

[3] Gouvernement du Peuple Uni

[4] Imposant rapace qui hurle pour neutraliser son ennemi.

[5] Petit volatile doté de caméra à la place des yeux.

[6] Religion polythéiste, créé par les humains.

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