L'autre, le pauvre

Al'

Les larmes débordaient presque de ses yeux, et pourtant, il ne les laissait pas couler. Son visage était empreint de lassitude, une vague de tristesse le tourmentait, et semblait être éternellement figée sur ses traits pleins de vieillesse acharnée. Son dos était courbé sous le poids du sac, contenant tout ce qu'il possédait. Mais plus que ses dernières affaires, il semblait supporter aussi ses malheurs et ses déboires, ses leurres passés et sa mémoire. Son visage aux rides émaciées et aux yeux figés par l'anxiété, bruns et froids comme un hiver rude exprimaient l'apprentissage de la vie, dur, mais pourtant bien vécu.

 Et il trouvait encore le courage d'être poli, bienveillant, courtois et pas trop misérable face aux gens qui lui faisaient don d'une pièce ou d'un ticket restaurant. Ce vieil homme, aspiré par la mort, respirait la vie comme les malheurs, mais il la méprisait et l'affrontait vaillamment en trouvant l'ultime force de sourire. Ce vieillard avait tout perdu, sauf sa dignité. Il avait tout perdu, mais en échange, il avait acquis une sagesse hors norme.

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