L'Autruche Utopiste

redstars


C'est bien beau,
Ou bien joli, 

Ces délicates princesses
En haut des tours,
Qui attendent
Sagement
De lancer
Leur longue et dorée
Chevelure,

(D'ailleurs pourquoi
Toujours blondes ?
Et les rousses ?
Et les brunes ?
Et les autres?)

A quelque
Prince ou Bandit
Qui s'égarera
Aux pieds de leur
Pénitencier,
Puis,
Et en quelques
Mouvements,
Grimpera et
Viendra les sauver.

( Et pourquoi
Ne pas s'enfuir 
Sans brigand ni roi ni rien ?

Pourquoi attendre
Un homme,
Qui, après tout,
D'elles se lassera ? )


 Moi,

Quand j'ouvre ma fenêtre,
Et que je regarde
Timidement,
Ce qui se passe
De l'autre-côté de
La vitre sale et tachetée,

Je ne vois que des mégôts,
Laissés pour morts sur le pavé,
Que parfois certains ramassent,
A défaut de ne pouvoir payer,

Je vois,

Des bouteilles de bière,
Vides ou encore brisées,
Dont les reflets d'émeraude,
Se répercutent en échos
Jusqu'au bar d'en face,

Mais ne croyez pas à leur magie,
Ces pierres précieuses,
Éparpillées là,
Ne sont que la vérité
De ceux qui ont succombé,
Et sous le chant de leurs sirènes
Ont espéré se noyer.
 
Je vois,

Des inconnus,
Des anonymes,
Des gens masqués,

Qui se croisent
Mais sans jamais
Ni se sourire,
Ni même se regarder.

Ils déambulent,
Dans le même univers,
Se frôlent,
S'effleurent,
Se perdent,
Cherchant un chemin,

Le plus digne,
Le plus simple,
Le plus beau,

Même si tous ceux proposés,
Mentent et sans scrupules,
Guident vers le même abîme,

Que l'on finit,
Et c'est la vie,
Par accepter.

Je vois des gamines
Des fillettes,
Des écolières,
Déguisées en pétasses,
En putes, en femmes,
Les yeux mi-clos,
Mi-charbonneux,
Qui ne semblent
Absolument pas
Se douter des Loups
Qui rôdent autour
De leurs irrésistibles
Petits corps.

Je vois,
Aussi,

Des femmes périmées
Comme on aime
Nous les représenter,
Doux fantômes
Contemporains,
Qui suivent les lignes,
Et arrondissent les angles,
Se faisant toutes petites,
Alors qu'elles sont
Sans objection ni doute,
Les plus grandes
D'entre toutes.


Et ces gens-là,
Gisant à terre,
Capitulés,
Les fringues usées
Autant que les chimères,

Et qui attendent,
Été comme hiver,
Se fossilisant
Au paysage,
Qu'il pleuve ou vente,

Au point que,
Et cela m'attriste,
Plus personne ne semble
Les apercevoir,
Ni quémander ce
Que la vie leur a prit.

C'est alors que
Et j'espère que l'on
Me pardonnera,
Je referme ma fenêtre,
Pour me cacher
D'une réalité dont les contours
Me donnent la nausée.

Je me réinstalle,
Devant Raiponce,
Je ne souris plus,
A sa frimousse en 3D,
Ni même aux blagues,
Édulcorées,

Et tout en m'échappant
Du film,

Je me permets,
Juste quelques secondes,
Juste un infime instant,

De rêver tout bas

A une toute autre réalité.
Signaler ce texte