Le 22 Mars 2016

Dominique Capo

Tribune sur les attentats de Belgique

Aujourd'hui, j'avais l'intention d'évoquer un tout autre sujet que l'actualité du moment au sein du texte que je publie chaque soir ici et ailleurs. Mais, comme tout le monde, me sentant concerné par celle-ci, ainsi que par ses innombrables implications, je me devais de réagir. Comme je l'ai déjà fait à la suite des attentats de « Charlie Hebdo » ou de ceux du « 13 Novembre ». Pour ceux qui sont intéressés des les lire, celui évoquant le 13 Novembre est toujours en première ligne sur ma page personnelle Facebook.


Il est bien évidemment inutile de préciser que ces attentats sont terribles, monstrueux, ignobles. Encore une fois, les victimes ne sont que des innocents – trente-quatre morts et plusieurs dizaines de blessé, au dernier recensement du milieu de la journée – qui se rendaient certainement à leur travail, ou qui débutaient leurs activités habituelles comme d'habitude. Malheureusement, dans ce genre de circonstances, ce sont toujours les gens du commun qui paient le prix le plus fort. Ce ne sont ni les forces militaires tentant de réprimer les kamikazes, ni les combattants djihadistes, qui se retrouvent en première ligne. A chaque fois qu'un attentat à lieu – où que ce soit sur la planète -, ce sont toujours les mêmes qui meurent, qui sont mutilés, estropiés, ensanglantés. Ces fanatiques n'ont aucun état d'âme. Ils tuent sans se soucier de savoir qui ils assassinent ; du moment qu'ils font le maximum de morts. Tant pis si parmi eux il y a des enfants, des femmes, des vieillards, etc. A leurs yeux, ce n'est pas le plus important. Le plus important, c'est de porter leur message au cœur des pays visés par leur haine et leur violence. C'est intolérable, c'est insupportable, c'est détestable. Il n'y a pas de mots assez virulents pour exprimer la douleur et l'inquiétude suscitées par ces événements. D'ailleurs, je profite de cette tribune afin de m'associer à la détresse des proches des victimes de cette barbarie ; pour leur dire tout mon soutien, toute mon amitié, toute ma douleur, toute mon indignation, et toute ma solidarité.


Ceci étant dit, ces attentats de Bruxelles étaient à prévoir. Les autorités françaises et européennes étaient en état d'alerte maximum depuis plusieurs semaines. Les perquisitions, les arrestations, les investigations menées depuis le 13 Novembre, les envisageaient. L'arrestation de Salah Abdeslam il y a quelques jours, le démantèlement – relatif - de ses réseaux, ont renforcé cette terrible hypothèse ; qui s'est concrétisée ce matin. Les attentats qui ont eu lieu en Tunisie, en Turquie… le recul de l'État Islamique, puis son redéploiement sur d'autres fronts, notamment en Libye, en ont été également des signes avant-coureurs particulièrement visibles.


Néanmoins, je souhaiterais souligner plusieurs points qui me semblent essentiels. Parce qu'au vu des circonstances, et de la psychose ambiante qui est en train de se développer, il est justifié de les rappeler. Ils sont d'autant plus nécessaires de les évoquer de nouveau au vu des réactions quasi-hystériques, de la peur contagieuse, des rumeurs et des contre-vérités qui se diffusent à la vitesse de l'éclair sur Internet ; et plus spécifiquement sur les réseaux sociaux. Il a en effet fallu quelques heures à peine pour qu'une panique générale se répande, grossisse, soit enrichie de faits déformés, transformés, avant d'inonder l'ensemble du web ; puis soit relayée par les médias conventionnels que sont la télévision, la radio, ou les journaux papier entre autres.


Ces terroristes n'ont qu'une idée en tête en commettant ces attentats : faire peur aux habitants européens, et plus largement, occidentaux. Ils utilisent la terreur engendrées par leurs « actes de guerre » - puisqu'il s'agit là du terme le plus approprié pour ce style d'intervention - afin de nous affaiblir. Ils souhaitent aussi nous faire passer ce message : « Tremblez, fuyez, parce que nous sommes partout. Vous n'êtes à l'abri, protégés, nulle part. Nous vous atteindront où que vous vous trouviez. ». Se plier à cette épouvante naturelle et instinctive qui nous étreint alors est ce qu'ils attendent de nous. Nous faisons leur jeu ; même si cette angoisse et cette confusion sont légitimes. Mais, en même temps, en réagissons ainsi, nous leur donnons raison. Nous les convainquons qu'ils peuvent recommencer ; puisque cela fonctionne. Nous les renforçons dans la vision qu'ils ont de nous : que nous – et notre modèle de société et de civilisation – sommes décadents, corrompus, dégénérés. Et que seule leur représentation du monde, de l'Homme, et de sa place, est la bonne. Cela les renforce à croire que l'Islamisme, tels qu'ils le conçoivent, est la seule alternative envisageable. Qu'ils ont pour devoir sacré de nous convertir de gré ou de force ; et que leur objectif de transformer l'Occident en territoires soumis à la charia, est possible ; après, bien entendu, avoir définitivement étendu leur emprise sur le Proche, le Moyen-Orient, et les contrées africaines où ils possèdent déjà des bases arrières – Mali, Libye, Tunisie, Égypte, etc.


Je ne sais pas pour vous, mais moi je n'ai pas envie de subir leur « diktat ». Ce n'est parce qu'ils tentent de mettre l'Europe à feu et à sang à coups d'attentats, que je vais céder à la panique. Ce n'est parce qu'ils essayent de monter les communautés musulmanes contres les communautés judéo-chrétiennes ou athées, que je vais répondre à leur violence par la haine, l'intolérance, la violence, ou le désir de vengeance.


Je ne vais pas non plus chercher de bouc émissaire chez les musulmans, parce qu'ils en sont autant – voire davantage – les victimes que les soi-disant européens de souche pure. Là aussi, le danger est grand : celui de tendre les bras en direction de l'Extrème-Droite ; celui de lui donner des arguments pour démontrer que les « étrangers » sont tous des djihadistes en puissance ; celui d'affirmer que les communautés musulmanes n'ont pas leur place en Europe ; que ce continent a pour vocation d'être chrétien. Car il ne faut pas se leurrer, que ce soit Nicolas Sarkozy et ses visées présidentielles de 2017, ou Marine Le Pen et son ambition de renforcer ses positions électorales pour les mêmes échéances, la Droite est à l'affût de n'importe quel prétexte afin de rallier les apeurés, les hommes et les femmes perdus face à ces flambées extrémistes. A chaque fois, au terme de plusieurs quinquennats, elle a usé des mêmes armes pour essayer de s'emparer de l'Élysée : le radicalisme outrancier en matière d'insécurité, en matière de menaces de toutes sortes – intérieures ou extérieures. On l'a encore constaté avec la crise des migrants, pour la plus récente.


La Gauche n'est pas en reste d'ailleurs. Ces attentats sont une aubaine pour essayer de redorer son blason à l'orée d'un quinquennat désastreux. Malgré toutes ses promesses, François Hollande n'a pas réussi à résorber le chômage. Au contraire, la situation s'est aggravée. Les affaires se sont succédé aux affaires. Les différents courants socialistes – comme républicains – se déchirent pour évincer le « chef » aux prochaines primaires. La crise boursière et financière de 2008 n'en finit pas d'avoir des répercussions dans toutes les couches de la société. Les agriculteurs agonisent sous les yeux d'un pouvoir pieds et poings liés aux directives européennes, à la concurrence mondialisée. Le primauté de la puissance de l'argent sur celui du travail s'est accentuée. Ce qui reste du monde ouvrier voit ses derniers feux s'éteindre définitivement ; ou, par désespoir, rejoindre les rangs des franges extrêmes de l'échiquier politique. La précarité devient la norme ; n'est-ce pas avec cette inquiétude que les étudiants ont manifesté dans les rues il n'y a pas si longtemps.


Bref, que ce soit la Droite, comme la Gauche, chacun a un intérêt à surfer sur la vague des attentats dans le but d'en tirer profit à l'horizon 2017. Les préoccupations majeures de la population – française ou européenne – ne sont qu'accessoires… hélas. Éventuellement, et ça a déjà débuté pour les attentats d'aujourd'hui -, les grands leaders politiques, le Premier ministre, le Président de la République, le ministre de l'Intérieur, vont se manifester. Les uns vont jurer leurs grands Dieux qu'une fois aux commandes de l'État, ils vont faire le nécessaire pour arranger les choses… alors qu'ils étaient eux-mêmes aux leviers cinq ans plus tôt. Les autres vont annoncer qu'ils sont sur le point de prendre des décisions afin de renforcer la protection des français. De la même façon que chaque gouvernement de l'ensemble des pays européens. L'extrême droite, elle, va attiser les amalgames entre immigration, musulmans, intégristes, et bon français bien blancs, catholiques, et bien de chez nous, afin de démontrer qu'elle est l'unique voie de recours. Or, quand on y regarde de plus près dans les communes où elle a des élus, on se rend compte qu'elle ne fait pas mieux que ceux qu'elle critique. Ce serait plutôt pire en fait, en excluant des pans entiers de leur collectivité parce qu'ils ne correspondent pas à sa vision de ce que doit être la France.


Il ne faut donc pas être naïf ou crédule. Si vous croyez que ces attentats vont engendrer un sursaut de la part des uns et des autres pour le bien de la collectivité toute entière, ce n'est pas vrai. D'énormes enjeux qui n'ont aucun rapport avec la stupéfaction et la répulsion qu'ils ont suscité, sont à l'œuvre.

En outre, et plus important peut-être que tout ce que je viens de mentionner depuis le début, il y a un aspect essentiel, pour ne pas dire vital, à prendre en compte. Le négliger ou l'oublier fausse la compréhension et l'analyse des événements survenus ce jour ; comme ceux survenus en France le 13 Novembre dernier.


C'était en germe depuis la fin de l'URSS et l'éclatement du bloc Communiste, nous devons désormais faire face à une nouvelle sorte de guerre. La première Guerre du Golfe l'a annoncée ; la guerre civile algérienne et les attentats du GIA sur le sol français en 1995, puis la guerre d'ex-Yougoslavie, l'ont dévoilé. Le 11 Septembre 2001 l'a définitivement exposé à la face du monde : nous sommes, depuis cette époque, au cœur d'un Troisième conflit planétaire qui ne dit pas son nom. La confrontation Est-Ouest l'a largement occulté. Cependant, depuis la fin de la décolonisation, tout ce que nous vivons actuellement avec la radicalisation religieuse – qu'elle soit islamiste, chrétienne, ou juive – est l'aboutissement de rancœurs, de haines, de violences, de fanatismes, ou d'antagonismes nés à l'issue de cette période. D'aucuns souligneront qu'il y a longtemps que tout cela est terminé, que la page est maintenant tournée depuis des dizaines d'années. En apparence, ils ont raison. Mais en apparence seulement… Car les peuples du Proche et du Moyen-Orient soumis pendant des siècles, parfois, à l'Europe, n'ont pas oublié les horreurs que l'Occident leur a infligé. L'esclavage, les humiliations, les déportations en Amérique, les richesses de leurs territoires spoliées. Pire encore, lorsque nous avons eu besoin d'eux, au cours de la Première et de la Seconde Guerre Mondiale, ils ont versé leur sang pour nous libérer. Durant les Trente Glorieuse, alors que tout y était à reconstruire, nous les avons encouragé à venir s'établir chez nous pour nous aider à nous relever des décombres. Pour remercier ceux et celles qui ont traversé la Méditerranée dans ce but, nous les avons parqué dans des barres d'immeubles, dans des cités aux marges de nos grandes mégalopoles. Eux qui pensaient pouvoir s'intégrer, nous leur avons fait comprendre qu'ils n'étaient considéré que comme des bêtes de somme, tout juste bonnes utiles aux basses besognes.


Deux ou trois générations se sont succédés depuis. On aurait pu imaginer qu'avec le temps, les descendants de ces populations auraient pu profiter des bienfaits de la civilisation occidentale. Au contraire, le fossé n'a fait que se creuser. Après l'indépendance de leurs pays d'origine, alors que leurs enfants étaient devenus des français à part entière, cette ségrégation ne s'est pas éteinte. La crise s'est manifestée à partir du milieu des années soixante-dix. Depuis, elle n'a fait qu'empirer. Elle a touché des populations de plus en plus nombreuses, de plus en plus diverses. Mème ceux et celles qui se croyaient à l'abri – les personnes détenant des diplômes -, ont été pris dans cette spirale infernale. Le monde ouvrier a décliné. Le Communisme auquel celui-ci était viscéralement attaché depuis la Libération, s'est effondré avec la chute du Mur de Berlin. L'industrie s'est expatrié dans des pays où le coût de la main d'œuvre est dérisoire. Avec une civilisation où la consommation à outrance est le moteur de la croissance, les autres principaux secteurs de l'économie ont suivi un chemin semblable. Les cités se sont ghettoïsées. Le communautarisme emprunt de religion – ultime refuge que leurs parents ou grands-parents ont emporté avec eux de leur patrie de jadis -, s'est accentué. Jusqu'à en rejeter aujourd'hui la France et ses valeurs.


Non seulement ça, mais avec la mondialisation et l'hyper-information due à l'apparition d'Internet, ce ressentiment a commencé à s'exporter en dehors des banlieues dites « chaudes ». Des jeunes en perte de repères, sans emploi, sans rêves, sans espoir, ont trouvé dans cette radicalisation religieuse quelque chose que ce qu'ils vivaient au quotidien ne leur apportait pas. Y compris au sein de milieux sociaux, au niveau d'éducation et de culture sans commune mesure avec cet univers. Et finalement, a été engendré une catégorie de djihadistes formés sur Internet, prêts à aller en Syrie pour y défendre leur vision de la « vraie foi ». Ainsi que de futurs kamikazes de cette région du monde en permanence en pleine ébullition, capables de se faire exploser à Paris, à Londres, à Madrid… ou à Bruxelles.


Parallèlement, comme je l'exprimais plus haut, le 11 Septembre a dévoilé la rancœur d'une certaine frange – minime certes, mais très bruyante – du monde musulman à l'encontre de l'Occident. Rancœur d'autant plus exacerbée que, malgré la fin du colonialisme, la civilisation occidentale n'en n'a pas moins continué à s'enrichir et à détenir un niveau de vie élevé à leurs dépends : pétrole, ressources minières, gazières, bois, industrie, etc. De nombreuses multinationales ont bâti leurs fortunes sur l'exploitation de ces richesses. Et le plus souvent, sans que les peuples habitant sur les territoires où elles étaient extraites n'en tirent un quelconque avantage.


Le dernier exemple en date venant démontrer mon propos est la guerre d'Irak de 2004 : certes, Bush a renversé Saddam Hussein et envahi ce pays afin de terminer le travail de son cher « papa ». On sait parfaitement aujourd'hui que les armes nucléaires ou bactériologiques que le dictateur était censé détenir, n'était qu'une vaste fumisterie. Une campagne de désinformation et de propagande que la population américaine a gobée ; d'autant plus aisément du fait de son désir de revanche après le 11 Septembre 2001. La guerre d'Afghanistan déclenchée juste après le 11 Septembre s'éternisant, il était vital de trouver un autre coupable, plus accessible, et plus rapidement éliminable. D'un autre coté, dans la perspective de raréfaction des ressources pétrolières au cours des prochaines décennies – il ne faut pas se leurrer, le baril de pétrole bon marché comme ça l'est actuellement, ne va pas durer -, était un objectif majeur. La civilisation occidentale, et encore plus américaine, est essentiellement basée sur l'automobile, ou sur l'avion. Encore plus qu'en Europe, ce moyen de locomotion est un mode vie, de penser, de civilisation à part entière. Et la hantise des États-Unis est de ne plus pouvoir accéder à cet or noir sur lequel repose toute leur économie, ce rêve américain qui est ancré dans le cœur et dans l'âme de chacun de ses citoyens. Et tant pis s'il subsiste au détriment de nations lointaines dont les préoccupations essentielles lui sont étrangers.


En outre, l'Irak était un enjeu stratégique, parce qu'il a une frontière commune avec l'Arabie Saoudite, un allié de longue date des USA dans cette région du monde. L'Irak n'est pas très éloigné d'Israël et de la Palestine. Et on sait que les États-Unis tiennent à leurs liens avec Israël ; tout en gardant un œil vigilant sur lui pour qu'il n'empiète pas trop sur les territoires autonomes de Palestine et le Bande de Gaza. L'Irak qui a une frontière commune avec l'Iran des Ayatollah, ennemis jurés depuis la Révolution Islamique de 1979 et la chute du Schah de Perse ; bien que les relations se soient un peu réchauffées depuis peu. L'Irak n'est pas non plus très éloigné du canal de Suez, artère essentielle du commerce international entre l'Afrique et l'Asie. Éventuellement, c'est une base arrière en direction de la Corée du Nord, en cas de conflit.


De fait, l'invasion de l'Irak avait des visées géostratégiques vitales aux yeux de Bush ; et elle en a toujours, même si militairement, les USA s'en sont retiré. Enfin, visiblement. Parce qu'ils y sont toujours présents de façon moins spectaculaire. C'est d'ailleurs parce que les points centraux de ce pays sont toujours contrôlés par eux, que Daesh ne s'est pas développé aussi loin que prévu en Irak.


Enfin, un dernier aspect important : Une fois Ben Laden mis hors de combat, les cartes islamistes ont été redistribuées. Entre parenthèse, j'aimerai rappeler que ce sont ces mêmes États-Unis qui ont en partie financé Ben Laden après l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS. De même que d'autres rebelles aux Soviétiques comme le commandant Massoud assassiné deux jours avant le 11 Septembre 2001. Que ce mème Ben Laden était né dans une Arabie Saoudite alliée aux USA. Et que celui-ci s'est retourné contre ses financiers et pourvoyeurs en armes et matériels, afin d'y fonder le Califat des Talibans, une fois les Soviétiques disparus.


En tout état de cause, de cette réorganisation au sein de l'Islam radical, est né Daesh. D'abord groupuscule parmi d'autres mouvances extrémistes, elle a pris de l'ampleur. A la faveur de ses alliances avec des rebelles à Saddam Hussein d'abord, à l'occupation de l'Irak par les Américains ensuite, aux bannis du régime de Moubarak ou de Khadafi après le Printemps Arabe de 2011, elle a proliféré. La guerre civile en Syrie lui a permis d'établir un point d'ancrage territorial situé en une contrée non contrôlée par les deux États. Elle a repris l'idéologie de Ben Laden en l'enrichissant de ses propres doctrines. Elle a érigé la Charria en doctrine inaliénable et en opposition frontale avec les valeurs de l'Occident. Elle a recruté en Europe et ailleurs, par l'intermédiaire des réseaux sociaux et d'internet plus généralement, des personnes en recherche d'un nouvel idéal. Elle a rallié les déçus du capitalisme à outrance, les rejetés de cette société, les oubliés, les âmes perdues ne se reconnaissant plus en elle. Elle les a envoyé dans des bases où ils étaient formé à la guérilla, aux explosifs, aux armes. Elle les a endoctriné afin de les transformer en fanatiques prêts à se faire exploser, prêts à commettre des attentats sur le sol européen. A la faveur des soubresauts subis par la civilisation occidentale, a la faveur de la crise, à la faveur de la montée du ressentiment envers les étrangers, ou des communauté d'immigrés des années soixante qui ont aidé à reconstruire l'Europe, elle les a infiltré en France, en Angleterre, en Espagne, en Belgique, etc. Ses cellules dormantes ont préparé leurs actes de guerre.


Et, surtout, s'appuyant sur tous les éléments dont je viens de parler au cours de ces sept pages d'exposé, elle a exporté le conflit Irako-syrien chez nous. Puisque cette Troisième Guerre Mondiale qui ne dit pas son nom n'est plus un conflit tel qu'on les reconnaissait jadis, Daesh en utilise tous les ressorts avec une dextérité surprenante : propagande sur Internet, recrutement international, attentats en France, en Irak, en Turquie, en Espagne, en Angleterre, etc. ne sont que les facettes les plus visibles d'enjeux plus globaux dont les racines remontent loin dans le temps. La Religion dont elle est un des instruments principaux, n'en n'es qu'un des éléments.


Car, au final, quand on examine tout cela de plus près, on se rend compte que ceux qui nous haïssent tant, qui voudraient nous faire plier le genou, sont ceux que nous avons soumis et humilié au cours des siècles passés. Est-ce une raison pour que nous payions le prix fort, alors que ce sont nos ancêtres – parfois lointains – qui ont activement contribué à ce que nous en arrivions là ? C'est un autre débat dans lequel je n'entrerai pas aujourd'hui. Je m'en tiendrai aux faits. Tout ce que je viens d'expliquer n'est issu que des faits d'une évidente complexité liant argent et pouvoir, géopolitique et intérêts stratégiques, religion et culture. Salah Abdeslam, Abdelhamid Abaaoud, les frères Kouachi, etc. ne sont que les pions d'un échiquier sur lequel s'affrontent deux visions opposées du monde. Un monde que nous avons créé tel qu'il est au fil des siècles et des décennies passées. Un monde que chacun de nous a contribué à faire de lui ce qu'il est au prix d'intérêts et d'enjeux qui nous dépassent. Et dont l'attentat d'aujourd'hui n'est que le dernier épisode en date… avant le prochain, inévitablement, inéluctablement…


Dominique

  • Très bon texte. Nous sommes à un tournant de civilisation, aussi je me permets de citer Antonio Gramsci "Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres".

    · Il y a environ 8 ans ·
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    nyckie-alause

    • Le Nouveau Monde est pourtant devant nous ; les indices le dévoilant lentement mais progressivement sont visibles à qui veut les voir, mon amie. L'Asie se réveille, la néo-civilisation issue des technologies de l'information - Internet, les objets connectés, la bio-technologie, etc. - sont en train de devenir la norme dans un univers globalisé. Mais ce n'en sont seulement que les prémisses..

      · Il y a environ 8 ans ·
      4

      Dominique Capo

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