LE BOOMERANG DE VAN GOGH

Philippe Larue

30° rayonnait dans le vent, cette journée. L'été éblouissait les cigales et les papillons se posaient sur les fesses amoureuses d'un couple. Les coquelicots eux,  apprenaient à jouer de la guitare aux grenouilles des Beatles. 

Bref, même les tournesols se prenaient pour des grues cendrées et s'enlaçaient de leurs tiges nouées à être des casse-têtes fleuris. Un rokkaku montait embrasser  les deltaplanes, et moi Li Mei, je lançais un boomerang comme une abeille vers  KEIRA. Un vrai buzz l'éclair, séducteur des pollens de rhododendrons et d'orchidées, qui en caliçaient jusque vers une Alizée amoureuse. Mon boomerang faisait, non, inventait de nouveaux grand huit qui attireraient une foule d'oiseaux, fans de sensations extrêmes, avides de surfer sur les grandes vagues des ouragans. Au loin, près d'une matisse aux volets jaune qui ne cessaient d'applaudir le vent,  se trouvait un vieux moulin à jupes dont les pâles faisaient tourner PI en bourrique. 

Des hirondelles s'introduisaient au travers d'une brique émiettée par les âges, mais suffisamment ouverte pour pouvoir y picorer quelques graines de blé et d'avoines. Oh, pas trop, pour qu'ils ne deviennent pas obèses et puissent ressortir à satiété. 

Une belle peintre s'était installée avec sa toile, sa valisette à pigments et ses pinceaux. Dans une petite coupelle, l'eau de la rivière attendait, impatiente, de s'aquareller avec un bleu lappis lazulli que regardait un lièvre souhaitant vivre un remake de La Fontaine. Pendant ce temps-là, mon boomerang voltigeait avec un Morane. 

Quel acrobate, à fouetter les blancs d'oeufs avec son hélice! Les stratos devenaient des cumulus pour le souper du crépuscule: une crème au-dessus de l'ile anglaise ou un sabayon avec les clémentines du ciel. Mais mon boomerang polonais n'était pas juif. Il confectionnait un coulis de framboises pour les lèvres gourmandes d'une Malina Cannibale.

Parfois, il était humoristique, faisant un Harlem shake avec les boutons d'or, à ras les pâquerettes. Et là, j'aDoria dire: j'achète!  


"Une seconde se mouche

Prélude d'un piano à l'aube

La truite gobe Schubert, ouf!"


Ayant envie de me poiler un instant, je lançais mon boomerang vers la belle peintre pour qu'elle passe son blaireau sur mon boomerang. Le vent me Manet à elle, pour se faire biset et basaner. 

Le ciel était venu en charrette avec ses bleus. On entendait des paons depuis l'outremer, persan le regard d'un Klein d'oeil J'observais une capucine qui suçait un caramel mou. Voulait-elle être la cerise d'Hollywood? Je me marrais tout à coup. Un crapaud, probablement pervers et caché entre deux feuilles de nénuphars, observait des cuises de nymphes émues. 

Mon regard se détourna de cette scène obscène pour entrevoir l'amante à l'eau. À coup sur que les galipettes estivales du couple avaient besoin d'un rafraîchissement! 


"Minute, crie la cocotte en papier

Les cigognes vertes

- Un vert anis s'il-vous-plait. J'ai soif!"

 

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