Le cauchemar.
shuyler
Dans le cimetière devenu blanc grâce à la neige tombée quelques mois plus tôt, une jeune femme se promenait, allant se recueillir sur la tombe de son mari. Cette jeune femme, vêtue de noir, cachait ses yeux rougis par les pleurs sous des lunettes de soleil, elle portait une longue robe baroque, élégante et ses bottes ne laissaient que de légères traces dans la neige.
Lorsqu'elle s'accroupit devant la tombe de son mari, Monsieur Wates, elle déposa les roses noires au centre de la pierre tombale, mais s'écorcha maladroitement le pouce. Elle contempla sa blessure, quelques gouttes tachaient le sol immaculé.
Il n'en fallut pas plus pour que le soleil rayonnant se cache derrière des nuages noirs, que le cimetière se couvre de brouillard et que les morts sortent de leur sommeil éternel. Une étrange odeur flottait dans les environs. La jeune femme se releva doucement, enleva ses lunettes, et commença à courir vers la sortie, sentant que l'atmosphère devenait étrange. Le grillage étant fermé, elle entreprit d'escalader le mur. Sa robe l'encombrait, ce qui lui donna plus de mal dans son ascension.
Elle sentit quelque chose lui attraper la botte droite et la tirer fortement vers l'arrière. En quelques secondes elle se retrouva au sol, son pieds droit déchaussé.
Son cœur manqua un battement.
Des créatures imaginaires, sorties de livres et de films se tenaient devant madame Wates. Les créatures, que l'on pourrait qualifier de zombies, étaient en partie décomposées. Elles avaient une couleur spectrale, verdâtre et sentaient très fort.
L'un d'eux avait perdu son avant-bras gauche et on apercevait distinctement des veines sortir de cette blessure. Le sang séché devait les empêcher de tomber. Pour un autre, ce qui lui servait de visage était en pleine décomposition : des morceaux de chair manquaient, il y avait même des lambeaux arrachés jusqu'au cou. Dans le pire des états possibles, un autre se retrouvait avec un œil pendant sur ce qui lui restait de joue, retenu par un énorme nerf blanc salit de terre, quant à l'autre œil, qui était complètement sortit de son orbite, il logeait dans la bouche de la pauvre créature. Ils étaient tous courbés, se tenant sur leurs deux jambes néanmoins, sauf un, le seul qui rampait comme un insecte, laissant sur son sillage des membres pourris.
Ils avançaient lentement et leurs bouches se recourbaient dans des rictus étranges. La nuit était tombée, et Mme Wates avait peur jusq'au plus profond de son être. Les zombies se jetèrent sur la pauvre femme et entreprirent de la déchiqueter et de se nourrir de sa chair fraîche.
Madame Wates criait. Hurlait. Seulement, personne ne pouvait l'entendre. Elle se débattait de toutes ses forces, qui l'abandonnaient au fur et à mesure. Elle sentit un craquement au niveau de ses hanches. L'une des créatures venait de lui démembrer une jambe. Un cri strident transperça le silence de la nuit, mais les créatures ne bougèrent pas.
Elle souffrait. Tellement qu'elle sentit ses yeux se révulser.
La dernière chose qu'elle vit avant de s'évanouir était les yeux injectés de sang d'un des zombies. Elle se réveilla en sueur, ne sentant plus ses jambes et se trouvant dans un endroit froid et noir comme le néant.
Des yeux écarlates l'observaient.
Un frisson lui parcouru le dos. Ces yeux rouges, elle les avaient déjà vus. Elle sentit un souffle glacial dans son cou, entraperçu une lueur sanguine proche d'elle, et sentit des crocs s'enfoncer lentement dans sa chair blanche.
Puis tout devint noir.
Elle se réveilla en sursaut, dans son lit cette fois. Trempée de sueur et gelée jusqu'aux os. Son lit était mouillé aussi, et quelques points rouges le tachaient. Par réflexe, elle porta son pouce devant elle et l'observa.
Une petite entaille le blessait.