Le chant du cauchemar

pleiade

Emboîtés sur le macadam qui ronronne
Mes pas s'enfoncent dans les rues et résonnent
Mes ongles pointus grattent mon nom sur les devantures
Puis j'y écris mon numéro de téléphone
Il y a les gens à la silhouette pas très sûre
Il y a les yeux fixés sur mes airs de matrone
Mon ombre me suit et devient souillure
Je m'empresse irascible et donne
Le ton, le rythme ou la mesure
De ce rêve aux mille démones

Excusez si j'oublie l'aventure
Le souvenir de mes peurs qui fusionnent
Des massacres accrochés sur les murs
Me sifflent puis corrigent la maldonne
Ils jettent sur moi des gageures
Ô grand jamais je ne serai icône
Je passe ma main dans ma chevelure
Retiens l'air qui dévoile la bisonne
De ma veste arrachée par les ramures
Des arbres squelettiques qui frissonnent
Je décline les maintes propositions des voitures
Je poursuis ce cauchemar qui bourdonne

Je détale sur mes talons à toute allure
Je percute le torse d'un homme qui chantonne
Une chanson douce pour apaiser mes tortures
Cependant que les mains déboutonnent
Il se révèle vampire dans l'horrible imposture
Et je chancèle quand ses dents m'empoisonnent
Sous le spectacle de cette violente luxure
Des milliers de morts m'ovationnent
Que ne suis-je la sainte brûlure
Au creux du coeur de la Madonne
Irradiant toutes ces sales crevures
Pour un paradis ou la paix rayonne
Mon inquisiteur m'embrasse d'acides morsures
Dans cette crêche, nouvelle Vérone
Puis l'archevêque maudit guide ma posture
Vers l'hyménée de Perséphone
Quand soudain au milieu de ses reins minuit sonne
Je deviens enfin la putain de Babylone

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