Le chasseur

badrseed

Il venait de commencer sa ronde quotidienne. Il préférait le service du soir. Il commence vers 21 heures pour terminer sa déambule nocturne vers 6 heures du matin. Chaque jour il entame ces neuf heures de travail en grinchant. Ce travail là, il ne le fait que pour une seule raison ; survivre. Ce qui pour lui, ne correspond guère à manger ou à subvenir à ses besoins primaires, mais à boire et à guetter.

Il ne se rappelle plus depuis quand il est chauffeur de taxi dans cette ville qu’il maudit. Cette activité professionnelle lui permet de se livrer à ses deux activités préférées tout en se mettant de l’argent dans la poche. D’abord, il pouvait boire tout en long de la soirée, il suffisait qu’il se pointe sobre au garage avant de prendre son service. Ce qui était en général facile puisqu’il ne se réveillait que dix minutes avant de partir récupérer la voiture. Car, contrairement à ses « semblables », il préfère vivre la nuit.

Son deuxième penchant correspondait parfaitement à son travail. Il adorait épier des proies. Alors, il ne lui restait que de faire son métier ; rôder dans les rues à la recherche de client.

Ce plaisir était, bien sûr, interrompu par des moments ennuyeux où il était obligé de ramener le client à sa destination. Car en ce moment il arrêtait à la fois de boire et de guetter.

Pour remédier à cela, il a choisi de ramener uniquement des filles solitaires qui ont perdues leurs chemins où dans une quelconque difficulté, ou faute de mieux des prostitués. Ceci non seulement réduisait ces moments d’ennuis mais rendait sa quête plus contraignante et donc plus excitante. Car ce genre de client représente, pour ce chasseur nocturne, la proie idéale.

En effet, lui ce qu’il cherche le plus, son plaisir le plus ardent est de goûter à son mets raffiné. Ce délice tant recherché et dont il adore à la fois le goût et la substance, c’est ce que lui offre ces filles. La peur.

Il en raffole comme un enfant d’un chocolat. Cette peur qu’il sent grandir chez sa cliente lui rappelle les gâteaux de son enfance qui gonflaient au four sous l’effet de la chaleur. Elle commence à déborder comme un cupcake de son moule. Il la sent. Son odeur lui remplit les narines, semblable à celle des viennoiseries sortante des entrailles d’une boulangerie. À ce moment précis, il sent que c’est bon, sa friandise est prête à être déguster. Il voudrait la croquer comme un moelleux, pour laisser fondre son cœur.

Arriver à dégager cette peur chez ses clientes, c’est ce qu’il cherche le plus et il ne ménage aucun effort pour les terroriser. Son stratagème est bien rôdé. Il commence par choisir sa cliente. Ensuite il lui demande gentiment sa destination. Puis, il choisit le chemin le plus sombre pour y partir. Dés qu’il s’engage dans ce chemin, il commence à parler d’une voix bizarre, il commence à avoir un regard vicieux. C’est à ce moment que la majorité des filles commencent à craindre le pire. C’est là qu’elle pense, chacune selon son vécu,  au pire. Lui il ne fait rien que savourer ces moments d’angoisse.

***

Ce soir, et après trois heures de travail acharné, il entame sa seconde bouteille de whiskey. En même temps, il se dirige vaillamment vers le centre ville, où à ce moment, à la sortie des bars, se trouve pas mal de client correspondant à son genre. L’éventualité de trouver là-bas un bon morceau fait dessiner un petit sourire sur sa bouche. 

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