Le chat Leclerc.

Hier Kiki m'a accompagné aux courses chez Leclerc. C'est pas con un chat quand ça a faim; ça sait monter dans un coupé Mercedes en se faufilant discrètement à l'ouverture de la portière pour se réfugier dans le petit espace situé entre le dossier du siège conducteur et la banquette arrière, petit espace généralement réservé à la dépose du sac à main de Betty. Hier et sans m'en rendre compte, j'avais Kiki en lieu et place, un matou à dos.

Kiki est un chat qui traine depuis 6 mois devant la porte de la maison et auquel je ne refuse rien tellement c'est gracieux un chat qui se faufile et se frotte à vos jambes en poussant des petits miaous d'affection: il y a dans ces moments fragiles une sorte d'amour, affiché de retenue.

- Monsieur !

- Oui ?

- C'est interdit les chats dans le magasin !

- Quel chat ?

- Le chat derrière vous !

Je me retournais.

- Kiki ? Mais qu'est-ce que tu fous là ? File dans la voiture !

Kiki ne bougeait plus, comme tétanisé. Je venais de lui couper la voix, de lui briser ses caresses et de lui ôter ses ambitions. Un sentiment de pitié s'étalait entre nous deux, sur quelques 8 carreaux de distance et de grès cérame. Fallait que je me ressaisisse avant que l'affaire ne tourne au Samu social:

- Kiki mon chéri, viens voir ton petit papa, viens mon petit chéri... papa il va se radoucir... papa il va aller les acheter les boîtes après... papa il va la mettre la gamelle en rentrant à la maison... papa il va les ouvrir les volets de la cave ... papa il va la tondre la pelouse et les arroser les fleurs... papa il va l'enlever le chien de dessous l'escalier... allez viens mon Kiki... faut pas rester toujours comme ça...

- Monsieur ?

Je me retournais à nouveau.

- Oui ?

- Vous vous croyez où ?

- Ben... chez Leclerc ! Pourquoi ?