Le clown

Isabelle Polle

Hommage à Howard Buten.

Comme un justicier tarte à la crème

De noir habillé et au visage blême

Je suis le clown miséreux

qui aime ces rejetés galeux ...

Jadis, j'ai aimé Tant et tant

Que Paula en a attrapé un enfant

Elle avait des yeux grands

Comme des écrans géants

Qui de larmes Se mouillèrent

lorsque ces mots tonnèrent

« Pas de petit moi ! »

Car tant d'affamés déjà !

Et la guerre qui menace holà !

Et le cancer déchaîné partout !

Elle avorta aussi du sans le sou

parce qu'elle aurait préféré

Donner son bébé ou se tuer.

Il y a le sexe sans joie après Paula

Plus de clairière pour moi

Des sièges de voitures

Pour toute aventure

Des chambres de bonne

souvent avec des connes

Des caves humides avec capote

Et des parkings sans capote

Avec musique ou du pinard parfois

Avec des ustensiles et de la vaseline

avec des tos plus ou moins coquines

C'était mal, comme sale après Paula

que je n'ai jamais pu la faire marcher

et j'en suis fier,  je crois …


A l'asile, j'ai préféré et demandé

à ce qu'ils m'en mettent trois

L'aîné est un attardé mental

Qui, quand l'aspirateur s'emballe

Se masturbe en y mettant son pénis

Voyons, un peu de classe Nils !

Et demande pardon en pleurant

à ces chaussons puants

Parce qu'il a chié dedans

Le deuxième souffre depuis

Qu'attaché au pied du lit

son père le cognait ou lui cassait

Sur le dos le balai

D'une psychose paranoïde aigue

Même la bonne s'est barrée

quand elle l'a connu

Lorsqu'il l'a draguée

Lui disant d'une voix qui tonne

« Vous êtes si migooooooooone »

Mais il ne chie jamais

Dans ses chaussures cirées

Il est schizophrène et je l'aime

presque autant que Ségolène

qui est simplement handicapée

Autant son physique est détraqué

Autant son psychique est parfait

Elle est ma préférée.

Et quand elle m'a questionné :

« Pourquoi tu es toujours mal rasé ? »

Je lui répondis : «Dieu, je le raserai,

Si vous me le demandiez, tu sais ».

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