LE COMBAT

crazy_diamond

L'homme avançait avec difficulté sur les flancs de la montagne, de loin on aurait pu le prendre pour un héros de l'Odyssée, épée en bandoulière, bravant la nature et les éléments, aveuglement fixé vers son but.

Trébuchant une fois de plus sur les pierres que les bulles plaçaient sur son chemin, il les menaça de son épée.

« Je ne veux plus vous voir, jamais ! Vous n'existez pas, non, vous n'existez pas !! »

« Si nous n'existons pas… Alors, ou vas-tu ?» demanda l'une d'entre elle avant d'éclater.

« oui, ou vas-tu ? » chantonnèrent elles les unes après les autres avant de disparaitre.

 

L'homme était épuisé, le souffle court pourtant il savait qu'en aucun cas il ne devait s'arrêter. Il était l'homme, celui qui décide et rien de ces « choses » de l'autre monde ne lui ferait renoncer.

L'ascension se faisait de plus en plus difficile, il s'accrocha, continua son périple, et c'est les dents serrées qu'enfin il se hissa au sommet.

 

« Montre toi » hurla t il

« Je ne me cache pas, c'est toi qui ne veut plus me voir… »

 

L'homme se retourna, un être d'une beauté incroyable lui faisait face.

 

« Regarde moi, approche toi… une fois dans ta vie tu pourrais essayer de me toucher du doigt… »

« Tais toi ! c'est moi qui t'ai créé, tu n'existes que grâce à moi et aujourd'hui je ne veux plus te voir en travers de mon chemin » répondit il en reculant de deux pas.

« bien… puisque tu ne veux plus croire en moi… »

« non, je ne veux plus croire en toi, disparais maintenant !»

« disparaitre ? » l'être éclata de rire. « tu pensais vraiment que cela allait être aussi facile ? Je ne peux pas disparaitre de moi-même… ».

 

L'être s'approcha de l'homme, le regarda droit dans les yeux puis, résigné s'agenouilla à ses pieds sans prononcer un mot.

L'homme leva son épée et lui transperça la poitrine d'un coup puissant. Il n'y eut pas de sang, ni cris, ni soupirs, juste le silence.

 

L'homme laissa son épée tomber à terre, pris l'être dans ses bras en lui murmurant

« moi qui t'ai tant attendu, pourquoi m'avoir autant effrayé ? »

L'être puisa dans ses dernières forces et répondit

« je n'ai pas voulu t'effrayer, c'est toi qui n'as pas voulu m'écouter… »

 

L'homme allongea l'être dans l'herbe et s'en retourna à sa vie laissant derrière lui son plus beau rêve agoniser.


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