Le coup de foudre
violetta
Le coup de foudre
François et Jeanne sont des amis de longue date.
Jeanne : François ! François ! J’ai une grande nouvelle pour toi !
François : Ah bon ?
Jeanne : Oui oh la la tu as bien fait de venir à ma soirée, samedi dernier.
François : Tu crois ? Je n’étais pas très en forme… Tout le monde a dû me trouver triste comme la pluie.
Jeanne : Ecoute, pour quelqu’un qui sort tout juste de dépression, je t’ai trouvé très bien. D’ailleurs… Pas plus tard que tout à l’heure… J’étais avec quelqu’un qui était aussi à la soirée et à qui tu as vraiment – mais alors vraiment ! – tapé dans l’œil.
François : C’est pas vrai !! Tu es sûre ?... De qui s’agit-il ?
Jeanne : Cherche un peu… Tu n’as rien remarqué ce soir-là ?
François : Attends… Que je me souvienne… Hmmm… Cette grande rousse, là, qui travaille dans l’édition…
Jeanne : Diane ? Tu as bon goût ! Quelle femme superbe ! Et puis intelligente, pleine d’humour. Et tu as vu ses yeux ?
François : Ah ça oui, quels yeux, quel regard ! A bien y réfléchir, avec le recul, il me semble d’ailleurs qu’elle me regardait souvent… A un moment, elle m’a même demandé de lui passer les olives ! Tu crois que ?...
Jeanne : C’est pas elle.
François : Ah.
Jeanne : Cherche encore. Tu as droit à une deuxième chance. Sois peut-être moins… un peu moins… ambitieux !...
François : Oh non ! Tu ne veux pas dire que c’est cette godiche, là, mal attifée, collante comme la glu, et puis pas très… pas très…
Jeanne : Marie-Claude ? Ne dis pas de mal de Marie-Claude, s’il te plait ! Elle n’a peut-être pas un physique de rêve, mais c’est une fille adorable, généreuse, une amie de valeur.
François : En tant qu’amie, je ne dis pas, mais…
Jeanne : Eh bien merci ! Comment dois-je prendre cette remarque, moi qui suis ton amie ?
François : Jeanne, tu es l’exception ! Tu es une belle femme ET une amie que j’adore !
Jeanne : De toute façon ce n’est pas Marie-Claude.
François : Je ne vois pas. Dis-moi vite !
Jeanne : Dis donc, n’empêche que ça t’a requinqué, tout ça. Tu verrais comme tu as les yeux qui brillent. Il y a bien longtemps que je ne t’avais pas vu comme ça. Ca me rappelle le jour où…
François : Jeanne je t’adore, tu es vraiment une merveilleuse amie, mais là tu es en train de me faire lanterner et tu en jubiles !
Jeanne : Oui, j’avoue…
François : Allez, dis-moi.
Jeanne : Jean-Pierre.
François : Quoi, Jean-Pierre ?
Jeanne : C’est Jean-Pierre.
François : C’est Jean-Pierre qui quoi ?
Jeanne : C’est Jean-Pierre qui a totalement –mais alors totalement ! – flashé sur toi !
François : Mais c’est un homme !
Jeanne : Ben oui c’est un homme ! Un très bel homme, d’ailleurs… S’il me disait oui, je ne lui dirais pas non… Mais bon, ya aucune chance… Tu devrais être flatté d’avoir suscité son intérêt !
François : Ah ça, pour être flatté, je suis flatté ! J’espère que tu lui as dit que… que je ne…
Jeanne : Que quoi ?
François : Que je n’étais pas de ce bord-là.
Jeanne : Mais François, qu’est-ce qui t’autorise à affirmer cela ?
François : Pardon ?!...
Jeanne : Tu as déjà essayé ?
François : Essayé quoi ?
Jeanne : Ah mais tu es vraiment idiot ou tu fais semblant ? As-tu déjà essayé avec un homme ?
François : Non !
Jeanne : Alors comment peux-tu dire que tu n’aimes pas ça. Tant qu’on n’a pas essayé on ne peut pas dire…
François : Oui je sais « tant qu’on n’a pas essayé on ne peut pas dire qu’on n’aime pas » ! Mais Jeanne, dis-toi bien que justement si on n’essaie pas c’est qu’on n’en a pas envie.
Jeanne : Ou alors c’est qu’on est complètement coincé.
François : Toi et ta psychologie de cuisine !
Jeanne : Peut-être que tu luttes inconsciemment contre tes pulsions depuis que tu es tout petit. Cherche bien… A l’école… En colo… Tu n’as jamais eu des idées qui te…
François : Jeanne ça suffit !
Jeanne : Tu vois, ça te mets mal à l’aise, ça veut bien dire que…
François : Jeanne tu exagères ! Tu ne me mets pas mal à l’aise mais en colère. Tu prétends savoir mieux que moi ce qui me convient et c’est insupportable. On dirait que tu veux me jeter dans les bras de ce Jean-Claude. Qu’est-ce que ça peut te faire ?
Jeanne : Jean-Pierre.
François : Hein ?
Jeanne : Ce n’est pas Jean-Claude mais Jean-Pierre.
François : Jean-Claude, Jean-Pierre, Jean-Marie, Jean-Marc, je m’en fous ! C’est non !
Jeanne : Tu me déçois…
François : Comment ça, je te déçois ?!
Jeanne : Je pensais que tu étais un garçon plus ouvert.
François : Es-tu sûre que le mot est bien choisi ?
Jeanne : C’est cela… Fais de l’humour.
François : Effectivement, je préfère en rire. Cela veut dire que je vais vraiment mieux, non ? Si c’est ce que tu voulais, c’est réussi et je te remercie.
Jeanne : François… Jean-Pierre va être très déçu…
François : Tu lui expliqueras.
Jeanne : Il faut que ce soit toi qui le fasses.
François : Il t’a bien chargée d’être son intermédiaire ! Il n’a pas eu le courage de venir me parler lui-même.
Jeanne : Tu veux qu’il vienne ?
François : Je n’ai pas dit ça.
Jeanne : Je n’ai qu’un coup de fil à passer et il accourt. Tu sais, il a totalement…
François : Oui je sais, il a totalement flashé sur moi ! Mais bon sang, qu’est-ce que j’ai pour lui plaire ?
Jeanne : Voyons… Tu as les épaules larges… Un beau visage, très viril, très mâle… Tes cheveux sont magnifiques. Tu sais que tu es beau, François ?
François : Euh… oui… enfin... peut-être… Mais mon physique peut plaire aussi aux femmes, rassure-moi !
Jeanne : Bien sûr ! Mais toi, ton physique te permet de doubler tes chances !
François : Tu es presque cynique, Jeanne ! Je n’aurais jamais cru ça de toi…
Jeanne : Eh ben ça y est, c’est de ma faute si tu plais à Jean-Pierre !
François, Non bien sûr, mais par contre tu n’es pas obligée de prendre fait et cause pour lui et lui seul ! J’ai mon mot à dire, non ?
Jeanne : Je trouvais ça tellement… tellement mignon !
François : Mignon ! Décidément, Jeanne, tu as le sens de la formule.
Jeanne : Excuse-moi, François… J’espère que je ne t’ai pas fâché. Je parlerai à Jean-Pierre…
François : Tu es un chou… Bon, tu es sûre qu’il n’y a personne d’autre qui s’est intéressé à moi au cours de cette soirée ?...
Jeanne : Si… Il y a quelqu’un…
François : Vraiment ?
Jeanne : François… Tu ne va pas me croire… Gilbert !
François : AU SECOURS !!!!!.......................
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Extrait du recueil "Ainsi va la vie" déposé à la SGDL