Le cri

Candice Caillaud

Un cri dans l'obscurité me tira de mon sommeil. Je retins mon souffle quelques instants mais un silence lourd planait dans la maison,c'est alors que je compris. J'étais la source de ce cri. M'avait-il réveillé ou l'avais-je poussé délibérément? La réalité et le rêve se confondaient.


Dans le noir complet de ma chambre, les aiguilles lumineuses de l'horloge indiquaient 5:30. Elles m'aveuglaient. Chaque seconde venait lacérer mon coeur, en me pointant du doigt une évidence: le temps continuait d'avancer. Et j'avais beau fermer les yeux aussi fort qu'il m'était permis, l'évidence venait déchirer mes paupières: je m'enfonçais, le temps courait. Me laissant embourbée dans un cauchemar qui ne cessait les yeux ouverts. Je me sentais l'inconnue fixe d'un time lapse qui n'en finissait plus.


Je me recroquevillais comme un bébé tout juste né, vulnérable à n'importe quel prédateur. Et je savais le génie de la peur justement présent, il me semblait même sentir son souffle glacial au creux de mon cou. Ses longs doigts frôlaient ma peau, laissant derrière eux un frisson qui se répandait dans mon corps. Quand soudain il m'asséna un premier coup qui s'ensuit d'une longue lutte jusqu'au matin.


C'est lorsqu'un téméraire rayon de soleil pénétra dans ma chambre que je fus frappée en plein cœur: les couleurs avaient perdu de leur valeur, le monde avait perdu de son éclat. Je chancelais. Était-ce là mon futur axiome? Devait-il en être ainsi?

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