Le cri de l'existence
simon
Encore ! Encore ! Encore !
Tombé comme un idiot, comme un dératé, un affreux vagabond, froid de l'âme et triste du souvenir, jamais je ne lâcherai mes vieilles habitudes. Qu'est-ce qui me passe par la tête, putain ? Bordel ! Merde ! Quand l'énergie me dévore, quand mon regard perse au loin, d'une lucidité éblouissante ! Pourquoi se brider, pourquoi rester dans les cadres sociaux, accepter de baisser parfois les yeux devant une flamme qui nous est interdite ? Qui a dit qu'il fallait respecter le silence de la soumission ? Devant l'incroyable diversité des possibles, ma poésie s'embrasse de désir. Rien n'arrête mes mots et pourtant mes mains sont enchaînées par la peur.
Comment expliquer toute cette frustration. Comme une boule qui dévore. Comme un rapace carnivore.
« Paradis Perdus, Christine and the Queens »
Une boule d'émotions reste en travers de la gorge, entravée par mes doutes. Une paralysie, aussi bien physique que psychique. Trop de questions qui se bousculent, devant la fille qui me plaît. Le besoin dément de ressentir. Voilà ce qui nous pousse à vivre, à écrire, à agir, jour après jour devant le terrible froid du monde. Devant l'amour et l'autre si cher à mes yeux, si chéri dans les rêves. Pourquoi envoyer de stupides piques, mettre des masques, et jouer à des jeux qui perdent les émotions et refroidissent le cœur. L'amour n'est autre qu'une pelote d'incertitude d'où s'enflamment les émotions. Je voudrai tant que Siggy soit là, que combo m'épaule. Qu'il y ait une aiguille pour guider mes pas. Enfin non, c'est idiot ! C'est être perdu la clé, le vrai kiffe, la liberté sauvage et suave putain ! Là où tout s'exprime et devient brûlant de sens ; mais je préfère imaginer ma vie avec elle plutôt que d'oser vivre une chose qui encore ne m'est jamais arrivé. Pourtant la rage m'enflamme, je pourrai tant offrir, tant donner. Le fruit de milliers d'heures passées sur le côté à observer à méditer, à rugir en silence dans le bain de ma peur, avec les larmes de la frustration.
Encore.
Mais est-ce la solution, de donner du sens, de sacrifier la vie pour son interprétation, d'imaginer plutôt que d'essayer, de ressentir pour vivre plutôt que de vivre pour ressentir ? Je m'emballe, je m'embrouille, rentre encore une fois, bredouille, tous les mots et les idées ne sont pas toujours à leur place. Je sens un bouleversement. Parfois peut être alors il faut lire la maladresse comme l'expression d'un chaos, le chaos d'une révolution. La poésie, l'imagination, la romance. Ce sont de belles dames, je les accuse aujourd'hui, car elles s'échappent de mon cœur. Comme une trahison, comme un poison, il me faut lutter parfois contre mes pires, mes plus profondes, les plus intenses et belles de mes convictions, des illusions, rien d'autre. Est-ce la enfin, leur beauté la plus fragile et la plus grande ? En regardant une telle tentative d'élégance et de maladresse, je pleure et j'hurle toute la joie de si tendre justesse.
Non, non, non... J'ai tout faux. Encore, encore, encore. Je me voile la face devant une terrible réalité. Ma peur du réel, ma peur de la déception, de la douleur. La peur de la médiocrité de la vie me fait lâchement me retrancher derrière les barrières de la romance, de la poésie, une course effrénée acharnée, de dévot fou, vers les doux feux de l'imaginaire. Rien d'autre qu'une image à laquelle je me raccroche vainement depuis ma tendre enfance. Une image qui me rassure, quand le monde vrai me fait trop peur. Mais si j'osai lâcher cette sale icône de mon insouciance ? Comment ne pas se laisser avoir par nos propres illusions féroces. Je préfère encore et toujours imaginer la réalité plutôt que de la vivre, ne pas prendre de décision est simple. Bien sûr, quel enfant je fais ainsi. Ne pas prendre les devants, une fois encore, c'est ne pas oser vivre, par peur de mourir, ou par peur d'être frappé par la médiocrité de la vie. Et alors qu'est-ce qui fait si peur dans cette stupide et froide médiocrité ? Hein qu'est-ce qui fait peur ? Toi le furieux vivant qui m'écoute réponds-moi ! Qu'est-ce qui fait si peur ? Nous ne valons rien, tout acte est vain. Nous sommes avec tout notre univers le fruit du hasard, la rencontre de forces aléatoires sans but, ni destinée. Parer le monde des plus beaux atours pour éviter la vue de son laid corps de vautour.
Mais alors où est la putain de justesse, la putain d'idée qui sauve tout ? Il n'y en a pas, il faut oser comprendre, affronter la réalité dans sa cruelle rudesse. Ainsi peut être de l'autre coté de ce monde, de l'autre coté du masque nous y verrons... Merde, quoi encore ? Putain, je retombe dans le piège, le néant m'aspire et je crée des spectres pour le peupler. Rien n'y fait, il faut accepter de vivre seul, dans le grand vide de l'univers sans ces fantômes protecteurs, dans cette chaleur vaporeuses de nos illusions désespérés.
Alors là pas de courage, pas de grands mots, pas d'absurdes émotions, pas de liberté ou d'amour, simplement toi, moi, nous, des humains, des humaines brandissant nu leur corps devant ce gouffre sans fond, sans couleur, comme le tiède souffle du vent plonge dans la torpeur. Et il n'y a rien, rien de rien. Juste ces pauvres corps qui n'expriment rien d'autre que le triste cri de leur existence.
Oui, simon, nous nous débattons tous dans cette existence, avec nos peurs, nos doutes, mais il ne faut pas hésiter à foncer pour recueillir quelques miettes de bonheur même si le cratère de nos illusions s'élargit chaque jour un peu plus....
· Il y a presque 9 ans ·Beaucoup aimé votre texte !
Louve
Merci ! ;) Oui, en effet, il est bon d'oser saisir ces "miettes de bonheur". Après ce texte n'est pas une vision pessimiste, simplement il faut avoir conscience des illusions liées à toute forme de bonheur ! Et oui comme vous dites ces illusions grandissent dans l'ombre, et elles sont souvent la source de nos frustrations les plus profondes. C'est pourquoi crier haut et fort pour les dénoncer est parfois un vrai soulagement :)
· Il y a presque 9 ans ·simon