Le début de la fin du monde...
pensee-solitaire
C'était déjà le début de la fin avant que je ne commence à grandir dans le liquide amniotique de ma mère. Avant même que le spermatozoïde ait voulu entrer dans l'ovule. C'était déjà fini. Déjà mort. Moi, qui ai poussé mon premier cri alors que tout était déjà parti. Dans ce monde qui ne voulait prendre conscience de son déclin. Dans l'amour monochrome. Dans une famille à demi-mot. J'ai respiré l'air pollué de ma ville rose. J'ai regardé ma mère qui était seule dans cette chambre. J'ai ressenti dans mon nouveau coeur sa tristesse et son amour maternel. Sa tendresse m’a enveloppée et m’a protégée des premiers rayons de soleil qui tombaient sur mon corps.
Ensuite, j'ai grandis. Entouré d'une famille. D'une soeur distante, d'un frère attentionné, d'une mère multifonction et d'un père absent. D'une grand-mère chez qui nous allions passer des après-midi et qui nous faisait des gâteaux. D'un grand-père qui nous parlait d'histoire et nous emmenait à la pêche. De tantes et d'oncles qui habitaient loin. De cousin et de cousine qui a la longue se sont éloignés de plus en plus. Beaucoup de promesses, de secrets bien gardés et de sourires qui se sont effacer au fil du temps.
Sans réelle enfance, j'ai déversé mes peines sur des feuilles immaculées. Je parlais seule dans ma chambre et imaginais des mondes de fées et de princesses où le côté obscur l’emportait toujours sur le côté lumineux. On me traitait de folle, peu importe où j’étais. Oui je pense que mon comportement devait avoir quelque chose d’étrange mais je n’ai jamais compris quoi. J’étais juste une enfant qui voulait rêver au lieu d’aller jouer dehors. Une petite fille à fleurs de peau qui rigolait pour mieux pleurer quelques minutes plus tard sans savoir pourquoi.
Je n'ai pas à me plaindre. Je n'ai pas été abandonné. Je n'ai pas été battu ou que sais-je. Mes parents n'ont pas divorcés. Ils n'étaient pas alcooliques ou drogués. Je pense que j'ai juste été violée moralement. Détruite par tellement de personnes que je ne peux me souvenir de toutes. A force de tomber sur les interdits, j'ai fini par apprendre ce que je ne devais. J’ai fini par détester une, puis deux personnes pour finir par haïr toute ma famille et les regarder s’entre-tuer sans plus éprouver le moindre intérêt pour ses êtres.
Je suis une personne touchée par tout et par rien. Qui continue de rêver ses romans sur un écran d’ordinateur et qui aimerait passer ses journées à écrire. Je ne pense pas avoir un réel talent mais un jour une personne fort attentionné m’a dit que mes textes le touchaient profondément parce que je pouvais retranscrire le moindre sentiment et m’émouvoir d’un rien. Pleurer juste en regardant la pluie ou rire au éclat face à mon chat. Il m’a trouvé très lucide et plein de sagesse. Il a dit qu’avec mes paroles je pouvais toucher les âmes à cause de la pureté de mes sentiments. Il m’a promis que je ferais de grande chose. Alors sur cette fin, Geronimo, je te le promets !