Le démon de minuit (Dr Forlen)
Caïn Bates
Le Bastion, j'ai parfois tendance à l'appeler le Berceau vu que j'y ai passer mes plus jeunes années. Beaucoup de mes disciples y ont vu le jour quand d'autres y ont perdu une partie de leur existence. Comme l'adage le dit si bien, "tu es poussière et tu retournera à la poussière" alors, si seulement vous aviez pu voir leurs mines réjouies quand le dernier mur s'est écroulé dans la neige rouge et noire, quand les derniers barreaux se sont tordus en hurlant.
Quelques heures auparavant, nous rampions encore à cause de la douleur qui nous bouffais les entrailles. Là bas, c'est la faim qui te dévorait saignant, tu n'avais même pas le temps de comprendre pourquoi on te pointait du doigt que déjà on te tranchait un bras ou une jambe. Si tu étais chanceux, tu périssais suite à la blessure mais peu d'entre nous ont eu cette veine. Quand les combats ont repris dehors, ces putains de clébards ont commençaient à manger du prisonnier pour économiser et avoir de quoi obtenir de nouveaux flingues rutilants. Et nous dans tout ça?! On crevait sous les bombes perdues dans la cour crasseuse, on tentait de résister à sauter sur les cadavres de nos compères pour ne pas succomber à la douleur de nos chairs qui s'arrachaient sur nos os.
En juste quelques minutes, c'est toute la Capitale qui a changée. Il a juste suffit qu'un garde tombe sur un gosse à moitié mort dans un couloir mal éclairé à cause du bombardement matinal. Il a juste fallu que ce porc laisse libre cours à ses pensées malsaines pour que l'aiguille qu'il cachait sous sa ceinture se retrouve plantée à l'intérieur de son œil. Je n'ai jamais autant compris les corbeaux que ce soir là, tandis que je m'abreuvais littéralement de ses larmes âpres. La délicieuse sensation que de le libérer de sa respiration qui se perdait dans sa gorge grasse, putain j'en ai encore des frissons rien qu'en y repensant. Son fusil lourd entre les mains, je commençais à tirer partout autour de moi, comme habité par une rage furieuse et chaque coup poussait mon visage en arrière dans une douceur merveilleuse. Je n'ai touché qu'une seule personne et ne l'ai blessé que légèrement mais je me sentais déjà libre, prisonnier mais libre.
Je ne vais pas vous mentir, nous n'avons pas mené une émeute salvatrice qui nous a menée vers la libération. C'est plus incroyable encore. L'un des appareils de rouille qui nous survolait s'est mis à foncer vers l'enceinte du bâtiment, suivi par d'autres quelques secondes plus tard et ils se sont mis à tout détruire. Et moi, j'étais là, étendu sous les décombres, à la recherche d'un père qui était peut être déjà mort depuis longtemps. Probablement parmi la foule foudroyée par les portails Tesla ou fusillé comme un chien au pied de l'un des murs moisis. Au fond de moi, je sens qu'il est en vie mais comment en être sûr?! La seule chose qui me fait espérer, c'est cette putain de douleur dans les boyaux, comme cette soirée où tout a basculé, le soir où je suis enfin devenu une meute à moi seul.
Police ! je vous arête tout de suite. J'ai écrit un roman qui s'intitule "Le démon de minuit". Je vous demande de changer votre titre ou je fais un malheur, haha
· Il y a plus de 6 ans ·Je plaisante. Mais, indirectement, vous m'avez remis en mémoire cette époque glorieuse au cours de laquelle je pondais deux romans par an. Merci :)
Mario Pippo
Et moi qui craignais tomber sur les avocats du groupe Images :o
· Il y a plus de 6 ans ·Caïn Bates
Démons et merveilles :)
· Il y a plus de 6 ans ·Mario Pippo