Le démon et le pompier

Damien Nivelet

Suite de "Ah si j'avais un franc cinquante"

En sifflotant dans la rue, je rentrais donc chez moi. Je devais partir voir ma soeur dans trois jours. J'étais impatient!
Passé la porte de mon appartement, je fus repris soudainement et par traîtrise  par le démon de l'angoisse... Moi qui croyait y échapper depuis mes nouvelles résolutions, voilà que ça repartait de plus belle (ou en pire, c'est selon le point de vue...). Suées, boule au ventre, sensation de mort imminente, tête sur le point d'exploser, spasmophilie, je passais par tous les états. J'avais beau prendre des médicaments, rien n'y faisait, l'angoisse possédait mon cerveau, mon esprit...
J'éclatais en pleurs, tellement je vivais l'événement comme un échec. Une fois de plus, ma part obscure faisait sentir sa présence, et surtout sa cruelle domination. Et je commis une erreur presque fatale en cet instant : je pris un couteau et me tailladais les veines au niveau du poignet droit. Tuer le démon en se tuant soi-même, en finir avec cette horreur... Je n'avais pas réfléchi à la portée de mon geste, je m'en foutais même pour parler crûment...
Le sang s'écoulait, et je me disais "enfin, ça va être terminé"... Mon voisin de palier, m'ayant entendu crier de toutes mes forces avant cet acte radical, entrouvrait la porte, pressentant, à raison, quelque chose de grave. Il assista à la scène de moi regardant mon propre sang et donc ma vie s'écouler de mon poignet... C'était un ancien pompier, habitué aux situations assez extrêmes, heureusement pour moi. Je rejetais d'abord son aide, l'envoyant se faire voir "chez les grecs". Il me parla tout doucement, essayant de m'amadouer. Je ne voulais rien savoir, je voulais juste que ça s'arrête. Il ne se démonta pas mais par contre me démonta le portrait en me collant une droite digne de Mike Tyson. Affaibli, bien entendu, je tombais dans les pommes... 
Et je me réveillais à l'hôpital, les bras sanglés... Pour "ne pas commettre d'autre bêtise"...

  • Ah ?? Je n'imaginais pas une telle suite. Surprenant...

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

  • Les pompiers feraient mieux d’éteindre les incendies, plutôt que de se mêler de ce qui ne les regarde pas ! Si on ne peut plus décider de sa propre mort, on est dans une société totalitaire ou quoi ? Mais où va-t-on, donc ? :o))

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Photo rv livre

    Hervé Lénervé

    • Si l’on ne peut plus choisir sa mort, où va-t-on ? Nulle part, comme quand on est mort...

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Control 2

      Damien Nivelet

Signaler ce texte