Le destin des poètes

Le destin des poètes

Enfermée dans un entre-monde douloureux, celle qui aime sans comprendre les hommes, sait tisser par les mots qu'elle extrait de ses larmes

Leur portrait fidèle et touchant qui l'enveloppe de la soir la plus douce, celle de l'espérance et du rêve, qui surplombe, de son nuage,

Ce monde cruel et réel duquel sont absentes toutes les Muses, ses amies les plus proches, qui partout créent son sillage.

Elle transforme le monde et ceux qu'elle y rencontre en héros de romans ou de poésies qui s'étalent sur son tapis parme...

Les Muses lui ont offert le privilège de danser parmi elles et de pouvoir sécher ses larmes en les forgeant avec ses sentiments

En mots qui l'élèvent avec elles vers l'Olympe mais qui ne peuvent déchirer sa nature humaine qui la tient,

Attachée à cette terre peu fertile d'humains qui méprisent l'enthousiaste inspiration d'une femme qui ne les survole en rien,

Et seules les étoiles, la Lune et les planètes, de leur lointaine galaxie acceptent de lui lancer de temps à autre un compliment.

C'est sur le rebord en décomposition d'une fenêtre proche du ciel, qu'elle se sent le mieux, se rêvant entre les bras d'un mortel

Alors que les bras seuls du chaos et de l'univers tiennent son corps et son cœur entre ces deux mondes qui lui sont étrangers.

Elle s'attache à la poussière en lui offrant son amour et son âme, en lui dédiant ses œuvres et sa vie comme Didon qu'elle veut venger

Même en prémunissant son esprit contre l'éphémère destin qui est le sien et qu'elle sauve en laissant sa plume échapper à une mort telle.
Son corps aspire néanmoins au même plaisir que les mortelles mais, elle, ne peut que s'unir à un demi-dieu ou à un prince du ciel

Et les mots confectionnent cet amour, comme ils ont régné en maîtres sur la vie de ces deux êtres si singuliers;

Ils choisiront alors leur destin et leurs écrits demeureront comme eux, par delà la mort, dans les mémoires, liés...

Chacune de leurs étreintes, chacun de leur baiser, les élèveront et créeront un monde où coulent les cascades de lait et de miel.

Et cette jeune poétesse attend toujours ce roi de son cœur en marchant, les yeux levés vers l'infini qu'elle vénère,

Sur une plage de sable blanc, baignée d'une douce eau turquoise qui n'est pas si étendue que l'amour qu'elle ressent,

Et par lequel elle s'inscrit dans ce monde alors qu'elle n'est pas même une goutte d'encre sur le livre de cette histoire éternelle qu'elle pressent.
Son espérance de voir les dieux revenir par ces arches qu'ils ont quitté pour donner naissance à une nouvelle ère, son ère...

Elle sait où la guident ses pas mais, pas un instant, elle ne pense à reculer pour contrer son destin, sa mort.
La jeune poétesse lyrique demeure, debout, dressée face au monde, pour faire renaître la magie en acceptant d'être maudite par le sort...

Asdecoeur