le devoir de mémoire
embey
Tant que perdure l'image presque satirique
D'un rêve en lambeau porté en bannière
J'enchaine les virages de ma vie chaotique
Et me fie aux échos des voix de cet enfer
Digne maître en ces lieux, où meurt mon envie
De voir plus loin que mes pas qui se trainent,
Tu me retiens à la proue de ton cœur, mon amie,
Et me lies à toi par le poids de tes chaines.
Tu refuses ton rôle et renies ton pouvoir
Qui n'a de cesse de frapper à ma porte béante
Accepte les supplices, fais mine de les savoirs
Alors que j'en déguste les bouchées lentes
Et sacrées qui s'incrustent en ma peau
Comme autant d'hématomes bleus irisés
Dont je peins sur ma toile au pinceau
La beauté cruelle à jamais notifiée
La décadence des jours ne souffrira pas
De l'impact de ce choix. Il est des pierres
Que l'on se plait à porter au trépas,
Dans l'au-delà jusqu'à la mise en bière.
Funambule sur le fil d'une mémoire qui tangue
Je défie le grand vide en osant les sursauts
Des pensées et des mots à cheval sur ma langue
Lancés au hasard mais broyés par l'étau.
Ce silence ne m'effraie pas, ni le mur
En face de moi, et c'est les bras en croix
Que j'offre mes fautes et mon corps en pâture
Aux loups qui règnent au sommet de tes lois.
Seule l'amnésie me vaincra un jour ou une nuit
Mais je combattrai jusque là, en guerrière
Acharnée, luttant de plus belle contre l'ennui
Qui ferait de moi une femme trop amère.