Le diktat des réseaux sociaux
pierredurtal
Il y a encore peu, Facebook était perçu comme une aubaine pour un jeune auteur en mal de reconnaissance. Il pouvait, par la magie du réseau social, entrer en contact avec un nombre jusque là inimaginable de potentiels lecteurs, nouant avec eux des liens empreints d’une certaine convivialité et dans l’illusion d’une proximité toute virtuelle.
Aujourd’hui cependant, pour exister, même les auteurs connus se sentent obligés d’être présents en ligne. Il faut quoi qu’il arrive « faire le buzz », être vu (à défaut d’être lu) sur Facebook, Tweeter, LinkedIn, publier ses photos sur Flickr, ses vidéos sur YouTube ou DailyMotion, sa musique sur MySpace (en passe cependant de devenir has been), ou ses textes sur BookRix ou WeLoveWords (au passage on regrettera pour ce dernier – site francophone destiné à héberger des textes en français -, le recours à un nom anglais. Quitte à défendre la création, autant faire preuve d’un peu d’imagination…).
Pour faire bonne mesure, il faut aussi avoir son blog (un site web est par contre aujourd’hui totalement out, pour continuer dans les anglicismes).
Effet pervers lié au nombre exponentiel d’utilisateurs de toutes ces plateformes, il faut être connecté en permanence, ou du moins en donner l’illusion. L’auteur doit ainsi libérer du temps pour écrire des articles, twitter, lire les contributions postées sur Facebook, commenter, répondre et cocher à intervalle régulier le bouton « J’aime ».
J’ai lu quelque part que l’on estimait à deux heures par jour le temps nécessaire pour faire vivre à peu près correctement son réseau sur le net, d’où l’émergence d’une nouvelle profession, pour l’instant à destination des entreprises, le Community Manager.
Avant de vous désespérer cependant, il existe encore deux solutions : faire parler de soi et laisser faire les autres (mais il vaut mieux alors être déjà connu), ou se moquer éperdument de tout ça, et n’allumer son ordinateur que pour taper son texte !
Paradoxalement, il y a une telle surenchère aujourd’hui sur les médias sociaux que je suis prêt à parier qu’à terme ne ressortiront du lot que ceux qui s’y font rares…
Belle réflexion ... Heu d'un clic .... J'aime ! hi hi hi chut pour de vrai ; )
· Il y a presque 14 ans ·Manou Damaye
Bonjour Pierre,
· Il y a presque 14 ans ·Vous avez tout à fait cerné les enjeux du web par rapport aux bouleversements que le monde littéraire est en train de vivre, comme la musique il y a 10 ans...
Petite règle de base d'engagement sur les réseaux sociaux: "donner pour recevoir". Avant de parler de soi, parler du travail des autres et le relayer. Un jour, ils feront pareil pour vous.
Guillaume Community Manager