Le Fil des Rêves - Chapitre 6 : Une Baguette pour Chacune

Lynn Rénier

Rêve de la nuit du 19 au 20 mars 2003 (suite)

Le matin arrivant, je m'éveillais en baillant. Chandra était venue me tirer du lit, m'annonçant qu'un magicien allait passer pour les baguettes. Me levant donc en vitesse, j'enfilais mon éternel sweat noir et mon fidèle blue-jean. Alice était déjà debout depuis un moment. Il était à peine huit heures, de ce que je pouvais voir sur la pendule. Et l'homme ne tardait pas à s'annoncer. Il posait ses baguettes sur la petite table qui nous servait de bureau et se tournait vers nous avec un sourire enjoué.

Il nous scrutait une minute avant de se tourner pour éditer les petits bâtons de bois qu'il avait disposé devant lui. Il en choisissait un qu'il tendait à mon amie aux cheveux clairs. Un rayon noir jaillissait aussitôt qu'elle l'avait pris en main.

- Non, disait-il.

Il lui en tendait une seconde. Cette fois le rayon se faisait blanc.

- Mieux. À la suivante, mesdemoiselles.

Je m'avançais et il me tendait une autre baguette qu'il venait de sélectionner. Je la touchais à peine quand un éclair noir traversait la pièce. Il m'en proposait donc une deuxième. Le résultat était le même.

- Non, non, non, murmurait-il.

Quand il m'en tendait une troisième, j'étais prise d'un moment de doute mais je finissais par prendre la baguette entre mes doigts. Cette fois, un éclat blanc jaillissait.

- Bien, bien. À toi, disait-il en désignant Chandra d'un nouveau petit bâton de bois.

Elle le prenait en main et c'était aussitôt une lumière blanche qui nous éclairait.

- Parfait. Merci, jeunes filles. Si jamais un problème survient, venez me voir tout de suite. Mon bureau est à côté de la bibliothèque, au troisième étage.

Il nous laissait ainsi pour poursuivre sa tournée des chambres.

 

Je jetais un regard à la baguette que j'avais toujours à la main. C'était une fine tige torsadée, en bois de cerisier et d'olivier, cerclée à sa base d'un brin d'argent qui venait se mêler à la torsion du bois, et à l'extrémité pointu. Elle était légère, longue comme une baguette chinoise et robuste comme de la roche. Polie, elle renvoyait la lumière avec douceur. J'étais fascinée. J'avais hâte de pouvoir l'utiliser. Et cela ne tarderait plus, j'en étais certaine.

Et en effet, nos cours commençaient sitôt le petit déjeuner avalé. Nos professeurs se présentaient, expliquant les différentes matières qu'ils allaient nous enseigner, et en quoi ces leçons étaient importantes à suivre sérieusement. Puis, nos premières leçons avaient lieu. La journée passait relativement vite, et le soir, mes amis et moi nous retrouvant autour de la table pour un repas bien mérité, nous discutions de nos maîtres et des matières que nous apprenions.

Durant le dîner, je ne pouvais pas m'empêcher de remarquer que Rowan était assis en face de moi. Si je ne craignais pas de croiser son regard envoutant, je me serais bien laissée aller à l'observer. Et Alice ne cessait de me donner des coups de coude pour me signaler sa présence. Chandra faisait de même. Jusqu'à ce que je leur signale que j'avais compris et elles cessaient leur petit jeu avec un sourire espiègle.


© Lynn RÉNIER
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