Le fil rouge
warmless
LE FIL ROUGE
Ce jour-là, lorsque j'émergeai du lit, l'aube limpide annonçait une journée radieuse. Je m'octroyai un petit-déjeuner rapide et pris mes affaires à la volée. J'étais un peu en retard, car la piscine en plein air ouvrait ses portes à 9h00 et il était certain que toute la bande s'y réunirait. Elle aussi serait là. Sylvine.
Quand j'étais en sa présence, le monde prenait un nouveau sens. Comme si elle avait recouvert d'une aura exquise le moindre brin d'herbe, la moindre fleur. Même les immeubles décrépits de nos antiques quartiers d'habitation en paraissaient revigorés ; et leurs peintures défraîchies, les lézardes qui couraient sur leurs façades se transformaient, par sa magie, en un tableau suranné romantique du 19ème siècle.
Je montai dans ma vieille Dodge, héritage branlant de mon paternel, et m'élançai sur l'asphalte à une allure modérée, qui était tout ce que ce vieux tacot pouvait de toute façon fournir. La journée commençait à peine et il ne faisait pas encore chaud, mais je transpirai déjà, en remuant mes jeunes souvenirs. La veille, Sylvine m'avait donné son premier baiser, gage d'un futur prometteur, et je me sentais encore tout drôle à l'intérieur. Je ne savais pas pour elle, mais pour moi, ç'avait été un bouleversement.
Je sais, Je sais.. A dix-huit ans, je m'emballais encore comme un jeune chevreuil ; mais, bon Dieu, on n'est jeune qu'une fois !
La piscine n'était pas très éloignée. Je l'eus rejointe en douze minutes, sans avoir eu besoin de pousser les vitesses.
Garer la caisse ne posa pas non plus de problème : A cette heure matinale, en plein milieu des congés scolaires, la plupart des jeunes en écrasaient ferme pour récupérer des soirées sur la plage. Chaque nuit, les fêtes battaient leur plein sur le sable, où musique et alcool coulaient à flot en tandem.
Hier soir, notre petite bande avait quant à elle opté pour l'abstinence, car nous voulions nous mesurer le lendemain sur quelques longueurs de bassin. Oh, pas pour préparer le championnat, quoique certains d'entre nous auraient pu facilement y briller, mais juste pour le plaisir.
Nous étions une bande de jeunes aux goûts simples, et personne ne cherchait à se prévaloir des autres. Quand je dis personne, ce n'est pas tout à fait vrai : Il y avait Larry.
Larry n'avait pas grandi dans le quartier. C'était un blond de taille moyenne qui venait d'emménager dans un deux-pièces modeste avec sa mère et, déjà, il cherchait à en imposer par son style de vie. Dieu seul sait où il trouvait l'argent !
Sans le connaître, nous l'avions immédiatement incorporé au groupe, parce que nous étions comme ça, pensant qu'il se ferait avec le temps à notre façon d'être : ça n'est jamais évident, quand vous débarquez dans un nouveau bled. Mais plus le temps passait et plus je ressentais sa présence comme une gêne, une touche discordante dans le tableau.
J'étais celui qui avait proposé cette sortie à la piscine, histoire de resserrer les liens qui nous unissaient. Rien de tel qu'une saine activité de groupe pour abattre les barrières de toutes natures.
Aussi, je fus quelque peu surpris de constater que la voiture de Larry, une Toyota flambant neuve qu'il avait payée avec de l'argent venu on ne sait d'où, n'était pas dans le parking. Ma foi, pensai-je, sans doute s'était-il couché tard hier soir. Il nous rejoindrait plus tard. Quand même, il ne faisait pas beaucoup d'efforts pour s'intégrer au groupe !
Sans perdre plus de temps à réfléchir à ce sujet qui se résoudrait bien tout seul, je m'extirpai de mon tacot et pénétrai dans le hall d'entrée. Les gars étaient là, Bob, Henri, Salomon et Qing, autour de la machine à café, discutant de tout et de rien. Quelques filles s'étaient jointes à eux. Je les connaissais toutes. Mais.. Un instant !
Où était Sylvine ? Je jetai des coups d'œil à droite et à gauche, mais ne la découvris nulle part.
C'était bizarre, car elle m'avait dit qu'elle serait là ce matin, et elle n'était jamais en retard, elle ! Bah, décidai-je en me forçant à un détachement que j'étais loin d'éprouver, elle avait dû changer d'avis. Et autant pour mes espoirs d'amoureux transi : Je n'avais pas dû lui faire une aussi forte impression que je croyais !
Je saluai tout le monde et, le temps de passer nos tenues de bain, nous nous ruâmes vers le bassin.
La matinée fut plaisante. Nous fîmes quelques courses, et j'en gagnai deux. Je suis, sans me vanter, assez fort en crawl et en papillon, et j'ai déjà dû repousser par deux fois les avances de l'entraîneur, qui veut ab-so-lu-ment que j'intègre l'équipe régionale. Mais moi, je tiens trop à ma tranquillité, alors je me dégage toujours en douceur de ses tentacules insistants.
Un peu plus tard, adossé au bord du bassin pour me reposer, je discutais avec Henri, à battons rompus. Henri est un grand rouquin à la peau de léopard tachetée de rousseur, particularité qui ne l'indispose pas le moins du monde. Nous parlions de ce que nous allions faire après les vacances, des universités qui nous attiraient, des projets que nous formions pour notre avenir naissant. Nous étions conscients que notre petit groupe éclaterait dans toutes les directions, ce qui était inévitable, et nous nous accordions donc à penser qu'il fallait tirer le maximum de ce dernier été que nous passions ensemble.
Incidemment, la conversation roula sur les filles, et j'en profitai pour lui demander de mon ton le plus innocent s'il avait vu Sylvine ce matin. Sa tête afficha une drôle d'expression, et je sus immédiatement que quelque chose ne tournait pas rond.
Sylvine était effectivement venue à la piscine un peu plus tôt dans la matinée comme je le pensais, en avance sur les autres car elle aimait bien folâtrer au soleil pour réfléchir à ces petites choses sans importance qui accaparaient son esprit et me la faisaient paraître si charmante.
Larry aussi était arrivé en avance, pas pour prendre le soleil, qui marquait sa peau de blond de coups de soleil, mais parce qu'il avait remarqué Sylvine en passant devant la piscine avec sa bagnole de frimeur, et qu'il essayait de lui taper dans l'œil depuis déjà pas mal de temps. Elle se fichait complètement de lui, mais ça ne faisait que l'émoustiller davantage. On aurait dit qu'il prenait un plaisir sadique à se faire rembarrer. Il y a des gars comme ça, qui n'ont aucune fierté.
Henri, qui arrivait juste, avait vu Larry parlant à la jeune femme avec véhémence, tout en pointant le doigt en direction de la plage. Après quelques hésitations, Sylvine avait grimpé précautionneusement dans la voiture, qui avait aussitôt démarré sur les chapeaux de roues. Puis le reste de la bande était arrivée, et Henri avait chassé la scène de ses pensées. Après tout, ça ne le regardait pas. Et c'était vrai. Dans notre bande, chacun s'occupait de ses propres affaires.
Je grimaçai un sourire en sortant de l'eau, et priai Henri de m'excuser auprès du reste de la bande. A peine avais-je franchi le petit bassin que je fonçai vers les casiers et la sortie sans même me sécher ni me changer, et rejoignis ma voiture en trombe. Le temps de poser mes affaires sur le siège passager, je filais vers le bord de mer. Moi, ce qui pouvait se passer avec Sylvine me regardait foutrement ! Le vent qui s'engouffrait en trombes par la vitre de ma portière me traversait sans me toucher. Mon vieux tacot hurla sous l'allure à laquelle je le menais, mais me conduisit néanmoins à bon port.
Je découvris la Toyota derrière un bosquet de pins, comme si Larry avait voulu la dissimuler aux regards. Sinon, pourquoi ne l'avait-il pas garée sur la route, comme tout le monde ?
Maintenant, j'étais vraiment en pétard. En même temps, pris d'un doute insidieux, je me demandai si Sylvine ne jouait pas un jeu étrange. Se pouvait-il qu'elle et Larry.. ?
Non. Sûrement pas. Pas la Sylvine que je connaissais. Elle aimait la poésie des couchers de soleil, l'écume qui jouait sur les vagues, l'oiseau qui chantait sa joie à tue-tête du haut des peupliers. Elle n'avait rien à voir avec un type comme Larry, qui mettait des étiquettes aux choses et aux gens, qui enserrait la réalité dans le carcan étroit de ses pensées besogneuses.
Il l'avait attirée ici, c'était certain. Mais dans quel dessein obscur ?
Je n'allais pas tarder à le découvrir.
Je décélérai et garai mon tacot derrière la Toyota, à tout hasard, juste pour empêcher Larry de partir en douce, au cas où l'envie lui en aurait pris. Il me devait une explication, et elle avait intérêt à être bonne.
Je venais de m'engager sur le sable, quand je remarquai de loin un attroupement au bord de l'eau. Une voiture des maîtres-nageurs était stationnée à proximité de la foule, dont la présence n'augure en général rien de bon. Etreint par un sentiment d'urgence irraisonné, je me mis à courir. Sur le bord de mer, l'agglutination de gens est presque toujours synonyme de tragédie.
Jouant des coudes, je parvins à me frayer un passage vers le centre. Ce que j'y découvris me laissa sans force, affaibli comme un jeune chaton qui s'essaye à marcher pour la première fois. Au milieu de la foule odieuse des badauds était allongée Sylvine, ma belle Sylvine. Je n'eus pas besoin de questionner les sauveteurs pour savoir qu'elle était partie. Son beau visage était livide, car tout le sang de sa vie s'était figé. Pour toujours et à jamais. Du moins dans le monde des vivants : Je pressentais déjà qu'elle vivrait pour toujours dans ma mémoire de jeune homme, s'estompant graduellement de ma mémoire d'adulte d'ici quelques années, pour disparaître complètement à ma mort.
A côté du corps de ma bien-aimée se trouvait Larry dans son plus grand rôle. Il jouait avec brio la scène du "J'ai fait ce que j'ai pu.. mais il était trop tard ! ", mais ses yeux étaient secs, et sa tirade peu convaincante, pour moi qui le connaissais bien.
Relevant la tête, son regard croisa le mien, et il fit alors cette chose, que je n'oublierai jamais, dussé-je vivre cent ans. Sous sa tête inclinée, sous sa chevelure hirsute, alors que j'étais le seul à pouvoir le voir, il me fit un clin d'œil.
J'étais tellement abasourdi que je négligeai de faire la seule chose qui eut été raisonnable. Je ne le tuai pas sur place. Les sauveteurs profitèrent de ma stupeur pour l'envelopper dans une couverture de survie, lui offrirent un café bien chaud et l'emmenèrent pour l'examiner dans leur local en haut de la plage. Je le regardai s'éloigner, silhouette inaccessible à ma rage et à mes interrogations.
Sylvine, elle, ne boirait plus jamais de café, chaud ou froid. Elle ne sourirait plus, et son rire cristallin ne résonnerait plus que dans mes souvenirs.
Je m'attardai encore quelques instants, contemplant sa silhouette gracieuse que la mort n'avait pu altérer, pas encore. J'étais engourdi et glacé. Tout mon être criait vengeance, car j'étais sûr que Larry avait tout combiné jusqu'à l'acte final, la mort stupide et inutile de la jeune fille.
Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi avoir élaboré la mort de Sylvine ? C'était dingue. Seul un esprit malade aurait pu imaginer s'en prendre à elle, qui n'aurait pas fait de mal à une mouche.
Plus je me posais ces questions, et plus j'entrevoyais de possibilités. Jusqu'à ce que la vérité, la seule raison possible éclate dans mon cerveau, phare aveuglant qui dissipait les ténèbres de l'incertitude.
La jalousie. C'était par jalousie.
Larry était jaloux en permanence de ce qu'il ne pouvait avoir. Jaloux de notre entente au sein du groupe, de notre amitié tranquille, de nos exploits aquatiques. C'était pourtant un excellent nageur, mais il voulait toujours battre tout le monde et, quand il n'y arrivait pas, parce qu'il était trop paresseux pour s'entraîner sérieusement, il cédait à des accès de rage démentiels.
Pareil pour cette volonté d'afficher ostensiblement ses conquêtes, de faire le beau dans sa voiture à la peinture criarde, de porter les derniers vêtements à la mode. On avait fait l'impasse sur ces défauts, car il savait se montrer un camarade charmant, quand il organisait des soirées chez lui ou sur la plage. Mais, maintenant que j'y réfléchissais, il me semblait justement qu'il s'arrangeait toujours pour avoir la haute main sur ces situations, pour se faire mousser.
Ce qui le faisait bicher, c'était de tout contrôler. Alors, quand Sylvine l'avait envoyé balader, non pas une fois, mais continuellement, il avait perdu pied, se couvrant de ridicule en cherchant à se l'approprier par mille artifices dont elle se gaussait.
C'était forcément ça. Il ne pouvait pas supporter de perdre la face.
Je me tournai vers les sauveteurs et me présentai. Après les condoléances d'usage, ils me donnèrent la version que leur avait servie Larry. La mauvaise version. Selon lui, Sylvine s'était aventurée trop loin dans la haute mer. Là, elle avait été prise de crampes aux jambes, et avait coulé à pic. Larry avait bien essayé de la secourir (C'était mon amie !), plongeant et replongeant à l'endroit où elle avait disparu. Mais le temps que les sauveteurs, alertés par des baigneurs, amènent le zodiac sur les lieux, il était trop tard : Elle s'était noyée. Un caprice de la mer avait fait remonter son corps à la surface, où il avait flotté quelques instants, pathétique poupée de chair ballottée par les vagues indifférentes, jusqu'à ce que les sauveteurs l'aperçoivent et la repêchent. Ayant pratiqué la respiration artificielle, en vain, ils avaient constaté puis noté l'heure du décès, et devaient maintenant rapatrier le corps à la morgue, pour l'autopsie d'usage en cas de mort accidentelle. L'ultime atteinte à son corps sans défense.
Et n'ayant aucune raison de douter de la version de Larry, le légiste, après avoir examiné le corps, conclurait à une mort accidentelle.
Accidentelle ? Mon œil !
C'était Larry qui avait tout concocté, j'en étais sûr ; et même si elle n'était pas morte de ses mains, elle était morte de ses œuvres. Ce salaud allait le payer. Chèrement.
Après l'enterrement, le groupe se réunit une dernière fois à la taverne des Sirènes enjôleuses, lieu de tant de nos réunions enjouées . Mais ni la musique qui beuglait dans le juke-box, ni l'alcool dont nous nous saturions, ne suffirent à insuffler un peu d'animation à cette morne soirée de deuil. L'absence de Sylvine emplissait par trop nos esprits.
Elle était trop jeune. Elle n'aurait pas dû mourir. Parmi les amis attablés silencieusement, moi seul savait que quelqu'un avait avancé l'horloge de sa vie de plusieurs dizaines d'années. En un geste impulsif et sans doute un brin romanesque, je tirai une chaise supplémentaire à notre table et décrétai que ce serait celle de Sylvine, et que nul n'essaie de la prendre ou de s'y asseoir. Sur ces entrefaites, Larry fit nonchalamment son entrée dans la salle. Il portait un pull blanc à cotes assorti de liserais bleu tendre, ainsi qu'une casquette de yachtman, totalement déplacée et de mauvais goût, à mon sens. Il avisa le groupe et se dirigea - l'air de rien - vers nous, distribuant les sourires comme un banquier les offres de crédit. Puis, comme si nous l'avions placée là à son attention, il prit la chaise réservée à Sylvine et s'y assit.
Autour de la table, personne ne pipa mot. Tous les regards étaient braqués sur moi - qui serrais convulsivement les poings - guettant l'inévitable explosion. Lentement, je dénouai mes mains, doigt après doigt, me levai, l'air très digne, pris congé de mes amis et rentrai chez moi. Là, je me jetai sur mon lit tout habillé et, pour la première fois depuis qu'elle était morte, je laissai la présence lumineuse de Sylvine m'envahir. Mon corps musclé, secoué de sanglots déchirants, ne donnait pas vraiment l'image du mec sûr de lui qui-peut-tout-surmonter que les autres m'imaginaient être, mais je m'en fichais éperdument, n'ayant plus à prétendre quoi que ce soit, car j'étais enfin seul.
Ma mère eut la décence de ne pas venir toquer à ma porte pour s'enquérir de ma santé mentale, ce dont je lui fus infiniment reconnaissant.
Le temps passa et, s'il ne guérit pas les blessures, il permet en tout cas de tirer des plans.
Un mois plus tard, vers la fin de l'été, à une semaine de rentrer à l'université, je téléphonai à Larry. S'il en fut surpris, il n'en montra rien. Je devais lui reconnaître ça : Voilà un gars qui a du sang-froid ! Je l'invitai à venir rejoindre la bande le lendemain, pour la fête d'adieu au lycée, au faîte de la falaise du Mort ; un endroit que connaissent bien les étudiants, bien que personne ne sache habituellement pourquoi on lui a donné ce nom, ce qui n'est pas mon cas.
Il m'affirma qu'il viendrait, pour un dernier baroud d'honneur. Je souris intérieurement en pensant que l'expression était bien choisie, même si nous le lui donnions pas le même sens.
Je fixai le rendez-vous à 9h00, sachant que j'y serais bien avant les aiguilles : J'avais en effet quelques préparatifs à accomplir dans le plus grand secret.
Le petit matin me trouva assis sur un rocher surplombant l'océan, les jambes dans le vide, contemplant le soleil levant qui répandait des bandes or, rouge cramoisi et feu sur le firmament, ainsi que son reflet déformé sur l'eau. J'aurais aimé partager ce spectacle avec Sylvine, car je savais qu'elle l'aurait apprécié comme moi.
Ce plaisir m'avait été volé. A jamais.
A 8h00, je plongeai pour apporter les dernières retouches à mon plan. Quelques instants plus tard, enfin satisfait, je repassai encore une fois toute la séquence dans ma tête pour y découvrir des failles. Il n'y en avait aucune de décelable.
Je remontai précautionneusement pour me sécher, m'habiller et attendre. Que me restait-il d'autre ? Je me disposai à attendre aussi longtemps qu'il le faudrait, en essayant de ne pas ronger mon frein. L'impatience est ennemie de la prudence.
Vers 8h45, le bruit de la Toyota me tira de la rêverie éveillée vers laquelle j'avais glissé. Larry arrivait en avance, encore une fois, à coup sûr pour voir si je ne lui avais pas tendu un traquenard. Ceci dit, pour une fois, il avait tout à fait raison de ne pas me faire confiance. Il m'apostropha.
« Salut ! Les autres ne sont pas encore arrivés ? C'est vrai que je suis un peu en avance ! Ah ! Ah !» s'esclaffa-t-il d'un faux rire gras.
Il s'approcha de moi et me prit la main dans ses pattes humides. De moiteur ? De peur ? Difficile de trancher. Se pouvait-il qu'un sens obscur l'ait mystérieusement alerté ? J'optai pour la moiteur, même si une bonne dose d'appréhension devait s'y mêler.
« Alors, mon vieux, comment vas-tu ? Poursuivit-il. Tu sais, je suis vraiment désolé pour Sylvine, ajouta-t-il comme s'il y pensait tout à coup. Mais que veux-tu ? C'est la vie ! Quand je pense à cette journée, j'en ai des frissons. Brrr ! Il s'en est fallu d'un poil que j'y reste moi aussi. J'étais tellement choqué, déclara-t-il, que je crois que tout mon corps était secoué de tremblements et de tics : Je n'arrêtais pas de faire des clins d'œil et des grimaces aux secouristes !! Ah, ah ! Excuse-moi, mais quand je me remémore ce jour, je ne peux m'empêcher d'évoquer ce moment ou la secouriste, une bonne grosse femme, m'a annoncé très sérieusement, à mon troisième clin d'œil, qu'elle était mariée et heureuse en ménage. Tu te rends compte ? Moi, faire des avances à cette mocheté ? »
J'avais un peu de mal à rire avec lui, car je trouvais la plaisanterie non seulement grossière mais irrespectueuse.
Mais, pourtant, je ne pouvais pas faire le difficile : Que pouvais-je attendre d'un individu aussi pitoyable. Je grimaçai donc un sourire que je voulais encourageant, et lui affirmai :
« Ne t'inquiètes donc pas : On était tous assez chamboulés, ce jour-là. Pour ma part, je n'ai rien remarqué de ce que tu mentionnes, car je n'avais d'yeux que pour la pauvre Sylvine.
- Ah ! Bien, bien.. Laissons cela. Cette triste scène appartient désormais au passé. Il faut l'oublier et aller de l'avant. » Il examina les environs. « Tu m'as bien dit que toute la bande devait se retrouver ici ? C'est étrange qu'ils ne soient pas encore là.
- Ben, tu sais.. C'est le dernier jour avant de nous séparer définitivement. J'imagine qu'ils
traînent un peu la patte pour prolonger cette journée. N'aie crainte, ils vont bientôt arriver. As-tu vu le panorama ? C'est vraiment magnifique, par ici. » Je tournai la tête pour embrasser la vue, qui était vraiment exceptionnelle.
« Oui, c'est assez vrai, reprit-il en reniflant. Quoique je me demande ce que les gens peuvent bien trouver de pittoresque à ces étendues désertes et venteuses. Pour ma part, je préfère de cent coudées regarder un bon match de base-ball sur mon canapé de cuir bleu, en dégustant une bonne glace à la rhubarbe.
(Bien que je le connaisse, le personnage arrivait encore à me surprendre)
- Dis-donc, lançai-je d'un air que je voulais nonchalant, et si on piquait une tête en les attendant ? »
La suspicion refit instantanément surface dans les yeux de Larry.
« Je ne sais pas.. minauda-t-il. Elle a l'air vachement froide, et tu es sûr qu'il n'y a pas de remous par ici ? demanda-t-il nerveusement en fixant le bleu outremer.
- Non, sois tranquille : L'eau est - au plus - fraîche, et il n'y a pas de rouleaux dans ce coin, le rassurai-je.
- Bon d'accord, passe devant ; je te suis. » grinça-t-il à regret.
Je me défis de mes affaires et m'approchai du rebord. Sous mes pieds, la mer s'étalait, languide et aguichante. Je me retournai vers Larry et lui décochai mon clin d'œil le plus amical. C'était puéril de ma part, mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Il sursauta, et je plongeai sans plus attendre.
Je fis une entrée impeccable dans l'eau profonde, nageai quelques brasses sous l'eau, et remontai cinquante mètres plus loin. Larry s'était déshabillé et hésitai, perché sur le bout de falaise d'où j'avais plongé, sondant les profondeurs du regard, comme s'il se demandait si j'avais planté au fond de l'eau des rochers, que j'allais faire remonter comme un ascenseur pour qu'il s'y fracasse la tête.
Je l'encourageai du geste tout en le traitant de lavette et, piqué au vif, il finit par plonger à son tour. Il fit un plat, mais je me gardai bien de rire. Il était en plus mauvaise condition que je ne l'avais espéré.
Je l'avais amené où je voulais. A présent, le moment était venu de porter le coup de grâce.
Larry me rejoignit et se plaignit aussitôt de la froideur de l'eau.
« Nage un peu, lui conseillai-je, ça va activer ta circulation sanguine et te réchauffer. Tiens ! Allons jusque là. » dis-je en désignant un point vague situé quatre cent mètres plus loin, dans la haute mer.
Ses yeux s'étrécirent.
« Tu es sûr que ce n'est pas trop loin ? » demanda-t-il d'un air de doute en se retournant mélancoliquement vers les pans de falaise si proches et à la fois si lointains.
« Oh, allons ! Rétorquai-je en l'aspergeant d'une chiquenaude. Pour un nageur de ta force, c'est de la rigolade !
- Ben.. C'est à dire que.. j'ai un peu laissé tomber l'entraînement ces derniers temps. » reconnut-il d'une voix geignarde.
Je savais, par des connaissances communes, qu'il avait fait bien plus qu'arrêter l'entraînement. En fait, il passait tout son temps à traîner dans les bars et les discothèques, essayant sans trop de succès d'emballer des filles. Elles devaient d'ailleurs sentir qu'il y avait quelque chose de tordu chez lui, car bien peu succombaient à son charme, et encore étaient-elles pour la plupart aussi déjantées que lui. Maigre butin pour un piètre chasseur. Que certaines succombent dépassait assurément mon entendement.
Pour un gars comme ça, ce que je m'apprêtais à accomplir serait un acte de miséricorde. Il était mort à l'intérieur, dérisoire zombie qui imitait la vie, et il serait bientôt complètement mort, dans tous les sens du terme.
En prévision de ce moment, que j'avais soigneusement planifié depuis plusieurs semaines - en fait depuis la mort de Sylvine, maintenant que j'y repensais - je m'étais longuement entraîné, alternant les longueurs en piscine et en pleine mer. J'avais acquis plus de résistance et de rapidité que jamais. J'étais gonflé à bloc !
Larry, de son côté, ne supportait pas la comparaison. Il s'était empâté et ne serait pas difficile à manœuvrer. Nous étions enfin arrivés au point que je lui avais indiqué.
Je lui expliquai.
« Mon vieux Larry, je dois t'avouer une chose dont tu te doutais déjà. Il n'y aura que nous deux : Les autres ne viendront pas. »
Larry pâlit.
« Tu sais, continuai-je d'une voix doucereuse, je n'ai pas vraiment digéré ce que tu as fait à Sylvine.
- Non, non ! Ce n'est pas ce que tu crois ! s'écria-t-il, soudain paniqué.
- Oh ! mais je ne crois rien, et d'ailleurs, j'aimerais bien que tu m'expliques ce qui s'est
réellement passé ce jour-là. Je n'ai eu droit qu'à la version officielle, et elle était plutôt succincte. »
Tandis que je parlais, il cherchait des yeux un bateau, d'autres nageurs, mais il n'y avait que nous : Je n'avais pas choisi l'endroit et le moment par hasard.
« C'est comme je l'ai dit à la police, reprit-il. Un accident. Un foutu accident et rien
d'autre ! Je ne sais pas ce que tu t'es imaginé, mais tu te trompes si tu penses qu'elle ne s'est pas noyée.
- Oh, mais je sais qu'elle s'est noyée. Ce que j'ignore, en revanche, c'est pourquoi ça lui est arrivé à elle et, disons, pas à toi.
- Tu es dingue ! J'ai tout essayé pour la sauver, mais elle a coulé si soudainement que je n'ai rien pu faire. Rien, tu entends ! » Cria Larry au comble de l'indignation. Son petit numéro avait des accents tellement faux que l'orchestre dans lequel il jouait l'aurait sûrement viré à cause de tous ces couacs qu'il alignait.
« Oui, bien sûr, répondis-je. Et je suppose que tu ignorais qu'elle flirtait avec moi, et qu'elle était sujette à des crises de tétanie, notamment quand elle nageait trop longtemps ?
- Bien entendu ! Comment aurais-je pu le savoir ? C'est toi qui étais intime avec elle. Pas moi !
- C'est bizarre. Il me semblait bien que, la dernière fois que ça lui était arrivé, c'est toi qui lui avais prodigué des soins, en lui massant longuement les jambes. Si longuement, en fait, qu'elle t'avait prié d'arrêter car elle se sentait gênée.
- Cette pimbêche ! Elle m'avait aguiché, et tout d'un coup, voilà qu'elle ne voulait plus de moi ! Ah, mais.. je ne suis pas du genre qu'on peut évincer de la sorte ! » déclara-t-il avec fougue.
« Oui, repris-je, et c'est pour cette raison que tu voulais te venger d'elle, et me causer du tort de la même façon : D'une pierre deux coups, en sorte.
- Tu dis n'importe quoi ! S'emporta-t-il. Et puis de toute manière, je ne sais pas comment tu pourrais démontrer ce que tu affirmes : Il n'y a pas de preuve. » finit-il en changeant de tactique.
« C'est vrai. Aucune preuve. Ceci dit, je n'en ai pas besoin, car je ne cherche pas à t'envoyer en prison.
- Mais alors.. bégaya-t-il en blêmissant, que veux-tu ?
- Ce que je veux, commençai-je.. c'est faire la course ! » J'éclatai de rire.
« Com.. ment ? La cou.. course ? Qu'est-ce que tu veux dire ? articula-t-il péniblement.
- Tu vois le bord de la falaise, là-bas ? Je dirais que nous en sommes approximativement à.. hmm.. neuf cent mètres maintenant. » Le courant nous avait, en effet, fait dériver et entraîné en pleine mer, tandis que nous parlions.
« Ecoute, souffla-t-il en se maintenant difficilement à flot, je ne sais pas ce que tu as en tête, mais oublie-le. Ca ne fera pas revenir Sylvine, et tu pourrais avoir des problèmes, si je décidai de rapporter notre petite conversation à un certain inspecteur de police que je connais.
- Tu as toujours su avoir des relations haut placées, Larry, mais aujourd'hui, elles ne te seront d'aucun secours, ironisai-je.
- Ah oui, ricana-t-il en abandonnant son masque d'urbanité forcée. Et qu'est-ce que tu vas faire ? Me tabasser ? Je te préviens que je te battrai comme plâtre (il me rendait en effet dix bons kilos).
- Non. Nous allons juste faire la course, comme je te l'ai dit. A propos, sais-tu pourquoi cet endroit s'appelle la falaise du Mort ? Non ? Eh bien, c'est parce que, dans le temps, les inconscients qui venaient se baigner ici n'étaient plus capables de remonter sur les rochers glissants et abrupts, et étaient entraînés vers le large par les courants, où ils se noyaient immanquablement (J'avais fait quelques recherches à la bibliothèque municipale).
Ah ! Mais c'est vrai : Tu n'as pas pu voir les panneaux "DANGER" plantés un peu partout, car je les ai enlevés, tôt ce matin.
- Mais alors, déclara-t-il victorieusement, dans ce cas, tu partagerais mon sort ? Tu n'es quand même pas fou à ce point ? »
Je m'étonnai de la lucidité qu'il avait su conserver dans un moment pareil, mais j'étais loin d'éprouver de l'admiration pour son à propos.
Larry restait là, à peser le pour et le contre tout en faisant péniblement - ahanant comme un soufflet de forge - des battements de pieds et de jambes pour se maintenir à la surface. Il se décida enfin.
« Tu sais, souffla-t-il avec un regard de biais, que tu frôles la vérité. Je n'ai pas noyé Sylvine, c'est vrai, mais je l'ai regardé mourir. Ce matin-là, Je lui avais dit qu'on devait tous se retrouver sur la plage, et la petite idiote m'a cru. Qu'est-ce qu'elle était naïve ! Et comme bien sûr il n'y avait personne, je lui ai proposé une petite course, pour passer le temps en vous attendant, et je me suis arrangé pour l'entraîner de plus en plus loin du rivage. Je voulais être tranquille pour lui parler de mes sentiments. Mais ça ne l'intéressait pas, et elle s'est moquée de moi, de mes prétentions. Et tu sais quoi ? Le plus drôle, c'est que quand elle a commencé à fatiguer, et qu'elle a finalement compris ce qui se passait, c'est ton nom qu'elle a crié. TON NOM ! Mais toi, évidemment, tu n'étais pas là. Si elle m'avait appelé moi, je ne l'aurais pas aidée, bien sûr. Mais même aux portes de la mort, elle m'a refusé ce petit plaisir. La chienne ! Elle n'a eu que ce qu'elle méritait ! » conclut-il en écumant de rage.
Je restai à le regarder, en me demandant comment un être aussi ignoble avait pu naître des œuvres de deux autres humains, tant sa part démoniaque était accentuée. Le masque était tombé, et je ressentis de l'horreur face à la chose qui barbotait non loin de moi. Je lui parlai cependant comme si c'était un être humain.
« Et bien moi, dis-je d'une voix glacée, je vais te donner une chance de t'en tirer. Ce matin, avant que tu n'arrives, j'ai déposé une échelle de bambou contre la falaise. C'est le seul moyen de sortir de l'eau en gravissant la falaise. Tu connais déjà l'autre issue. Nous allons partir en même temps, et le plus rapide survivra à l'épreuve. Tu es prêt ? A mon top ! Un.. deux.. »
Je le vis pâlir. Il savait qu'il n'avait pas la moindre chance. Déjà, lors des compétitions amicales que nous disputions dans le bassin, alors qu'il était au mieux de sa forme, il n'arrivait jamais à me distancer. Je suis sûr qu'il regrettait maintenant tous les gueuletons et toutes les beuveries qu'il avait faits récemment.
Ses chances frôlaient le zéro absolu. Il en était conscient, mais son orgueil lui interdisait de le laisser voir.
Il partit, bien évidemment, avant que je donne le signal de départ, espérant gagner les précieuses secondes qui feraient la différence. J'avais naturellement prévu ce coup de traître, et avais même décidé de lui laisser dix secondes d'avance. Je le regardai donc patauger lamentablement, dessinant une traînée blanche désordonnée dans l' eau, comptant les intervalles de temps; puis je m'élançai à mon tour.
Je fendais l'écume d'un crawl puissant, grignotant son avance à chaque mouvement des épaules. Rotation, projection. Rotation, projection.. Larry jetait frénétiquement derrière lui des coups d'œil affolés, au lieu de se concentrer sur sa course. Ça ne ferait pas une grande différence à l'arrivée, mais il aurait pu avoir la satisfaction d'y être presque arrivé.
Je le rejoignis à deux cent mètres du bord et lui fis un petit signe de connivence, comme si nous étions les meilleurs amis du monde et que nous nous livrions seulement à une joute amicale. Il se jeta sur moi en essayant de m'attraper le bras pour me faire couler. Il n'était vraiment pas fair-play ! Je fis simplement un écart d'une torsion des hanches pour l'éviter, et poursuivis ma route jusqu'à la falaise. Ici, il fallait que je fasse gaffe, car des bandes de corail ceinturaient la base du monolithe, et je ne voulais pas déjà attirer l'attention de visiteurs indésirables. Trop tôt pour ça.
Jetant un regard par-dessus mon épaule, je vis que Larry avait cessé de lutter. Il avançait en brasse lente, tout en gardant le regard fixé sur la falaise, ses yeux roulant bord à bord en cherchant une improbable issue pour y grimper. Il y en avait bien une, pourtant : Celle que je lui avais indiquée. Mais c'était la seule, et je me l'étais réservée.
Arrivé au bas de l'échelle, je me hissai précautionneusement sur les barreaux de bambou que j'avais disposés sur une échelle de corde à mon attention.
Parvenu en haut du rocher, je la hissai à mes côtés et m'assis pour observer Larry, qui avait atteint à son tour le pied de la falaise.
Il faisait peine à voir, tout essoufflé et le visage hagard. Je ne ressentais toutefois aucun plaisir à lui infliger ça : Il fallait juste que ce fut fait. Larry ne ferait plus jamais de mal à personne.
Larry entreprit alors de grimper aux rochers, retomba lamentablement en arrière et se coupa en plusieurs endroits. Le corail était affûté comme un rasoir. A la septième tentative, il interrompit ses essais.
Le soleil avait grimpé de plusieurs degrés, et se reflétait à présent sur le tapis bleu et mouvant de la mer, réservoir naturel de multiples formes de vie.
Je me levai et mit une main en visière pour scruter l'horizon. Je venais d'apercevoir quelque chose qui venait vers la côte en se dirigeant droit sur lui. Levant la tête au même moment, Larry surprit la direction de mon regard, se retourna et, poussant un cri de désespoir, s'arracha les ongles en essayant de regrimper une fois de plus aux rochers infranchissables (Ce que ça peut saigner, les doigts !).o
L'aileron du squale fendit l'eau et plongea.
Maintenant, Larry appuyait sur ses plaies pour les refermer, espérant que le requin (un beau blanc de sept mètres : Vraiment une belle bête !) passerait son chemin. Son sang s'écoulait lentement mais sûrement vers la haute mer, tel un fil rouge qui se serait dévidé d'une pelote de laine. Et la pelote, c'était Larry.
Le fil était ténu, mais le requin n'eut aucun mal à le remonter, guidé par les effluves irrésistibles du sang qui le rendait frénétique.
Ses dents étaient les aiguilles, mais il ne devait pas être doué, car le tricot était de toute évidence raté : Il avait du mal à faire des mailles correctes, et l'ensemble méritait quelques retouches, sur lesquelles le squale s'acharna avec application, encore, et encore ; et encore..
J'attendis que les cris de Larry cessent, ce qui ne tarda pas. Le requin repartit, repu, mais pour ma part, je ne ressentais qu'une vague satisfaction. Le spectacle ne m'avait pas procuré autant de plaisir que je l'avais escompté. Je me sentais creux, vidé de toute émotion. Il faudrait du temps, beaucoup de temps pour que je ne pense plus à Sylvine comme si elle était encore vivante. Larry, lui, je l'avais déjà oublié. Je me rassis et laissai mon esprit battre la campagne, afin de tenter de redonner un sens à ma vie. Au bout d'un certainlaps de temps intérieur, qu'on ne peut jamais mesurer avec exactitude, des processus mentaux se déclenchèrent, et je commençai à éprouver un sentiment de paix intérieure que j'accueillis avec reconnaissance.
Quelques instants plus tard je me relevai et, debout face à la mer redevenue bleue et calme, je décidai d'aller retrouver les copains et de piquer une tête.. dans la piscine.
Sur ce point, Larry avait eu raison: L'eau, ici, était vraiment trop froide !