le film du mercredi, "le grand soir"

la-belette

Ce soir, c’est le grand soir, j’ai 10 ans, je n’ai pas envie de me coucher, j’ai envie de voir Eddy et ses westerns. Il en a de la chance, belles pépés et glaces à gogo dans ce vieux ciné. Le film commence, la salle s’assombrit. La dernière séance avant celle de l’après midi.

Cacher derrière la porte de chez mes parents avec les images mais sans le son, c’est le grand soir, le soir où je me paye une toile dans le dos de mes parents.

Y a tout ça dans le film de Kervern et Delépine, des indiens, des cow-boys, des frites, des grands espaces, les conneries de gosses. Devant la mondialisation et la consommation à outrance, l’envie de revenir à un état d’enfant, de rêver à nouveau. A quoi bon tuer le responsable de la mondialisation comme dans Louise Michel, un de leur précédent film. On ne peut rien faire alors rions dans ces grands espaces commerciales sans vies avec des cabanes en plastique qui ressemblent à des playmobils. Ce ne sont pas les grandes plaines, ce sont des enseignes qui zonent toutes ensembles. Drôle de tepee.

Jouons, rigolons, « faut s’économiser » comme dit Poelvoorde que tout le monde trouve très bien et c’est bien vrai,  « y vont, ben non, y vont pas » comme dit Bouli Lanners dans un dialogue improbable.

Les plans ne sont pas serrés sur les cow-boys et les indiens, non. La vie fourmille derrière les personnages, c’est de la 3D sans lunettes, 3 espaces de jeu. Profondeur de champ, dirons nous, et les champs sont justes derrière le Auchan. Grosse verrue au milieu de nulle part qui ne vit que le samedi après midi. Le soir, plus rien, à part les gardiens.

Qui n’a pas rêvé de mettre le souk dans son boulot, se laver dans un rond point, avoir Brigitte Fontaine comme maman.

Personne, cela tombe bien, D et G l’ont fait. Dolce et Gabbana non Delépine et Gus.

Allez y, courez y, en fenwick, à pied, à cheval, tout est bon dans le cochon.

Un vrai film punk, désespéré, mais par trop drôle. Quand on avait 10 ans que l’on était indestructible et que l’on rêvait d’aller dans des concerts pour slamer sur la foule, se faire porter. Moi c’était aller au casino, pas le grand magasin, les machines à sous, autre temps, autre mœurs.

Face à l’individualisme, vive les punks. Tout le monde à la même enseigne.

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