le fils d'Hanna

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Oh mon garçon où cours-tu comme ça ? Il n'y pas d'autre maison qui vaille la peine d'y aller à pieds. Pas d'autres chaussures pour toi. Si tu veux t'en aller prend la fusée. Il n'y a pas de barrière dehors. Il y a un mur artificiel. Il ne touche pas le ciel. Pas la peine de l'escalader. Il est sur mesure et dans ta tête. Il couvre à l'horizontale la totalité de la plaine. Mais si tu n'y pense pas, si tu n'y penses pas il disparaît ! Et les oiseaux le traversent. Ils vont jouer dans l'herbe. Ils viennent manger les derniers vers. Puisses-tu les laisser s'envoler. Survoler l'étendue de la plaine par-dessus le mur que tu veux escalader. Passer l'autre côté de la plaine. Et le vertige si tu n'y penses pas il disparaît.  Mais tu ne peux y aller à pieds. Mon oiseau à moi, qui n'a pas d'ailes pour voler. Dans d'autres petits nids ils sont comme toi. Ils contemplent l'herbe verte d'à côté. Ils ressentent l'amour du monde. Du seuil de leur petite maisonnée. Tu peux vouloir plus fort que tout t'en aller. Tu n'y parviendra pas. Mon garçon à moi. Laisse moi te protéger. Tu ne survivrais pas d'une nuit à l'aube tout seul et sans souliers. Et un jour tu t'en iras mais ce ne sera pas de ta volonté. Dans un autre pays. Apprendre les autres langues. Apprendre à travailler. Et tu verras les oiseaux revenir enfanter, aux fenêtre de ta chambre, et tu comprendras. Tu es né ici et tu voudras y retourner. Et le ciel ouvert et la liberté seront comme une nostalgie du point de vue de la tombe.

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