Le fleuve
Pauline Ségalat
Je m'étais trompée de route
Et ne pouvant le voir
Ne pouvant me pencher sur lui
J'ai imaginé le fleuve
Le temps était lourd
J'avais chaud Le ciel était gris
Et le fleuve apparaissait
Lourd et chaud et gris
Roulant son corps comme le serpent roule son corps
Ecaille par écaille
Vague par vague
Je me souviens qu'il y avait du vent
Un vent de printemps
Un vent d'automne car on était
A une des jonctions de l'hiver et de l'été
Et le fleuve gonflait sous le vent
Etait de vent
Le fleuve était d'automne et de printemps
Le fleuve roulait
Les mille et mille gouttes entrelacées roulaient
Comme la roue de mon vélo
Qui m'emportait
Je roulais dans le lit du fleuve
Le ciel autour de moi
Formait le fleuve
Et la pluie est tombée
La pluie est tombée sur le fleuve
Les gouttes troublèrent la surface de l'eau
Les gouttes troublèrent la surface de ma peau
Faisant frémir
Rouler les mille et mille atomes en moi
Gonfler mon ventre lourd et gris et chaud
Miroitant sous le ciel