Le garçon abîmé

Bouclette

Un garçon entre dans le salon, où des gens rient, boivent et bavardent.

Il entre. Nuages.
Il regarde une reine.
Il choisit d'être otage,
de jouer dans une arène.

Il campe son personnage
avec aplomb, il le décline
en enfant fragile, sans adage,
dont l'orgueil dissimule l'abîme.

Il fait de celui-ci un traître,
de celle-là une mère indigne,
de l'homme debout, un père, un prêtre,
de l'homme assis, une arme utile.

Mais l'assemblée reste spectatrice
et les rôles de compositions,
pourtant taillés avec malice
n'ont de crédibles que le nom.

Comme il ne trouve pas de bourreau
pour sublimer son jeu d'acteur,
avant la tombée du rideau
il provoque la stupeur:

Il saute au coup de l'animal
qui, à sa droite, perdait patience,
dont les poings et les coins de l'âme
sont affutés par l'expérience;

Quel superbe retournement!
Soudain l'assemblée s'affaire
à jouer le rôle, sous serment,
voulu par le commanditaire!

Le dernier acte est un succès.
Chacun est touché en plein coeur.
Il sort. La lumière se fait.
Et pourtant.
Dans le salon, une ombre demeure.

Signaler ce texte