Le géant Kapitos.

Jesus Romanov

« Qu'on m'en apporte un autre ! Il m'en faut plus, j'ai encore faim ! »

La cavité sans fond servant de porte d'entrée intime à tout ce qui avait le malheur de tomber dans la paume grasse et moite de ce glouton raisonnait encore. Alors il fallait s'activer pour satisfaire ce bruyant géant. On alluma le feu, un commando d'hommes forts se chargèrent d'y positionner une casserole assez grande pour nourrir une armée. Balancez l'huile, la bataille à commencée! Que l'on mélange volailles, bœufs et porcs, mettez même les os, rajoutez de quoi épaissir, faîtes venir la grue et son mixeur, transformez moi ce tas de bêtes vivantes qui hurlent en une douce bouillie calme et sans vie.

Une fois le mélange épicé et coloré selon le bon vouloir de notre ogre d'une couleur bleu ciel pour s'imaginer s'empiffrer de léger nuages, il est amené jusqu'aux containers se trouvant tout en bas de son immense fauteuil dont les pieds eux même avaient déjà disparus depuis bien longtemps sous le poids croissant de Kapitos, notre monarque.

« Je n'en peux plus d'attendre, plus vite, je veux manger tout de suite ! »

La peur envahit les petits serviteurs qui s'empressèrent d'ouvrir les vannes de ces grands pipelines qui propulsèrent la molle pâte visqueuse juste au dessus du gigantesque orifice buccal. Le bruit sourd de son gosier se remplissant était accompagné par la chute et les éclaboussures d'une grande partie de cette nourriture.

Kapitos, d'un revers de sa grande paluche essuya le torrent qui coulait le long de son torse, noyant au passage quelques un des hommes à son service. Qu'importe, ça fera du poids en plus dans la prochaine marmite.

« Maintenant que je suis repus j'ai soif de vin et de luxure ! Amenez moi des femmes et des tonneaux de boissons ! »

S'en suivit un rire caverneux, annonçant subtilement le monceaux de cadavres à venir. Il obéirent docilement, ce que sa majesté souhaitait, sa majesté aurait.

L'alcool mettrait du temps à être acheminé jusqu'à lui, il faudrait l'occuper et malheureusement, ce ne sera pas sans frais. Les femmes furent amenées, chacune était numérotée et modifiée pour « s'adapter » aux désirs de notre gros seigneur. Alors le massacre débuta. Chacune de ces jeunes filles apeurées, larmoyantes, conscientes du sort leur étant réservé, s'avancèrent en ligne, l'une après l'autre vers cette catapulte dans laquelle elles étaient positionnées avec précision, de façon à exécuter la trajectoire parfaite pour finir par s'éclater sur le membre effrayant du vicieux géant. Rien ne pouvait plus l'exciter que de voir les chairs de ces êtres se déchirer contre lui. Il jouissait. Lorsqu'il eu finit de broyer des dizaines de femmes dont les restes finirent de nouveau dans l'immonde plat qui servirait sa prochaine pitance, la boisson arriva enfin.

« Toute cette activité m'a donné soif ! Vite, déversez ! »

Alors de grands avions cargos déversèrent des litres et des litres de liquide alcoolisé que Kapitos englouti sans interruption jusqu'à tomber de sommeil, comblé jusqu'au moindre de ses désirs.

Une fois qu'il fut endormi, les survivants en profitèrent pour se reposer, grappillant les restes du massacre, se les partageant autour d'un feu. Comme il était impossible de fermer l'œil sous ce tonnerre de ronflements ils se racontèrent encore cette légende, celle d'avant l'arrivée du géant, où chacun pouvait jouir de tout plaisir sans contraintes, sans attentes. Où tout le monde pouvait obtenir ce qu'il voulait.

Tous restèrent silencieux en pensant à cette âge d'or passé, ils aimeraient tant rencontrer leur ancêtres, libres, destructeurs, gloutons, avides et cupides. Comme ils devaient être comblés. 

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