Le goût du paradoxe

Jean Claude Blanc

tranche de vie d'un fabuleux artiste

                             Le goût du paradoxe

 

A une saveur étrange, un goût d'inachevé

Je pense, sans y penser, paradoxales idées

On me parle d'aujourd'hui, déjà je suis ailleurs

Ne pouvant espérer, un avenir flatteur

                                                                 

Utile de bricoler, pour me passer les nerfs

Mais marche dans mon crâne, mon araignée funeste

Me souffle des quolibets, des vers estropiés

Qui n'ont ni queue ni tête, j'en noircis mon cahier

 

C'est ma façon à moi, de jouer les solidaires

De me mettre en colère, j'en oublie mes malheurs

Me venge sur le boulot, pour calmer mes ardeurs

De m'agiter les muscles, soudain, j'y vois plus clair

 

Je sens qu'en moi bouillonne, ma rage de créateur

Qu'importe le talent, j'écris pendant des heures

Je note à la va vite, une remarque qui fait tilt

En prends le contre-pied, ne suis pas bon public

 

Dans mon théâtre d'ombres, j'endosse tous les costumes

Un jour défenseur, un autre accusateur

Soupèse les opinions, pour avoir mon avis

Evitant les médias, qui trahissent les petits

 

J'aime la contradiction, j'amuse la galerie

Fidèle à mes intimes, pour eux du pain béni

Je prêche dans le vide, suis seul, consommateur

Tellement, désorientée, se rebelle mon humeur

 

J'adore contrarier, ceux qu'ont les idées fixes

Me faisant l'avocat des pauvres imbéciles

Alors que je m'estime, au fond de moi, j'ai tort

Narcissique, mythomane, déraison du plus fort

 

L'artiste est un glaneur, doit faire les poubelles

Pour se bâtir un monde, seulement dans sa cervelle

Subjugue ses amis, qui ne savent que penser

« A-t-il tout inventé, ou est-ce pour de vrai »

 

Moi-même, ne le sais plus, à force de cogiter

Mélange réalité, avec la fiction

C'est ainsi, d'un seul coup, que mon roman parait

Tant pis si tout est faux, ça soigne les illusions

 

C'est par le paradoxe, que se forgent nos pensées

Mes propres réflexions, sont métamorphosées

Comme quoi, c'est nécessaire de railler les abus

De cette société, qui pense avec son cul

Le monde est ainsi fait, se flatte d'être flatté

On doit baiser les pieds, du pouvoir friqué

Tu fais le moindre écart, on va te lapider

Le sage philosophe, se marre sur son rocher

 

En guise d'antithèse, l'Europe est bien servie

D'argent, elle est pourrie, ne faut pas s'étonner

Qu'elle serve de terre d'asile, aux débarqués d'Afrique

De compter les noyés, des larmes sans pleurer

 

Faudrait enfin choisir, humanistes ou fumistes

S'empiffrer d'abondance ou faire la charité

Sinon le paradoxe, se change en parabole

De jouer les « Abbé Pierre », ne nourrit pas son homme

 

Alors, vous comprendrez, je n'ai aucun complexe

Ne fais que répéter, ce qu'affirmaient nos pères

Le progrès est bourré, de contrevérités

A peine on s'apitoie, arrive son contraire

 

Sommeil paradoxal, on rêve d'idéal

Le cerveau bien en place, nous épargne ses gales

Mieux vaut dormir tranquille, que faire des cauchemars

On en revient toujours, au même point de départ

 

Tragique comédie, ou comédie tragique

Chacun a sa façon, de donner la réplique

On n'est plus à ça près, alternent nos lubies

Pour un pet de travers, vite, on se contredit

 

Paradoxe, se conjugue avec original

Je m'en vante, j'en suis fier, je ne suis pas normal

Horreur des conventions, des normes obligées

La loi, nous rend esclaves, de tous se ressembler

 

Je boude le laïus, de la constitution

Tout est règlementé, même pour aller pisser

Suffrage universel, c'est pour qui vos tétons…

Certains sont plus égaux, ce sont souvent les mêmes

Qui vont de leurs sermons, enchanter les extrêmes

 

Finalement paradoxe, nous sert de côte d'alerte

Tellement anesthésiés, faut des fabulateurs

Sinon le citoyen, va courir à sa perte

On doit se réveiller, faire taire les beaux parleurs

 

A une saveur salée, mon esprit lunatique

Mais me montre gourmand, de foutre la panique

Vous mitonne des pamphlets, qui vont vous régaler

Avec moi, on sait pas, du lard ou du goret

Charité obligée, pour soi-même, subsister         JC Blanc     octobre 2020

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