Le goût d'une saison à Winesburg
carolo08
« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. _ Et je l'ai trouvée amère _ Et je l'ai injuriée. » Tante Anna est morte à seize ans d'une pneumonie qui n'a pas guéri parce que la malade avait le cœur brisé et qu'on ne connaissait pas encore la pénicilline. Son mari, Tom Willard, homme de taille souple et élancée, aux larges épaules, à la vive allure martiale, dont la moustache était exercée à se retrousser aux deux bouts, s'efforçait de ne jamais penser à elle. Lorsqu'il songeait à sa femme, il se mettait en colère et jurait. La mort survint un jour de juillet, en fin d'après-midi. Et l'instant d'après, quand Bertha, la sœur cadette d'Anna, se précipita en larmes dans le jardin, elle constata qu'avec le dernier souffle rauque d'Anna, toutes les groseilles rouges étaient devenues blanches. C'était un grand jardin, les nombreux vieux groseilliers ployaient sous les lourdes grappes. C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons Vieilles verdures, vieux galons ! Ô croquignoles végétales ! Fleurs fantasques des vieux Salons ! _Aux hannetons, pas aux crotales Au pied des arbres, les feuilles mouillées se collaient aux racines protubérantes qui sortaient de terre. Dans les arrière-jardins, des maisons de Winesburg, les sarments des pommes de terre traînaient sur le sol, desséchés et rabougris. George Willard pataugeait dans la pluie et était content qu'il plût. Oui, il éprouvait ce sentiment.
Il s'agit d'un Centon créé en atelier d'écriture à partir de 3 œuvres littéraires existantes
· Il y a presque 10 ans ·carolo08