Le hammau du paradis
Jérôme Ritzenthaler
Dans les environs, il n'y a pas plus grand.
Qu'il a grandi le chêne blanc !
Il en a subi des tempêtes, et des vents,
Déjà là, depuis au moins cent ans.
Il en a vu passer, des bonnes gens,
Il y a eu, tous ces enfants,
Qui s'y appuyaient pour compter jusqu'à cent,
Qui couraient tout autour de lui, et au fil du temps,
Les scouts et les écoliers, y venaient prendre leur goûter,
Sous l'ombre de ce géant, autrefois on venait s'abriter,
Du soleil, ou de la foudre on se protégeait.
Parfois, à ses pieds, de jeunes couples se formaient.
Au milieu de son écorce,
Un cœur et deux prénoms, y sont gravés,
Les amoureux prenaient pour témoin, le colosse,
Pour que jamais leur bonheur, ne soit oublié.
Puis c'est le cœur noué,
Qu'il a vu partir,
Des femmes et des hommes, la gorge serrée,
Pour ne jamais revenir.
Sur son fertile pays alsacien,
Le plomb et l'acier, écorchent l'écorce.
Le monde est parfois féroce,
La sève puissante, il ne craint désormais, plus rien
Voilà maintenant bien longtemps, que personne n'était venu…
À part, ce monsieur, qui a toqué sur son tronc,
Comme, on félicite un brave garçon.
Il a planté trois clous et ce curieux message
« Terrain vendu »
Le matin suivant, de toutes ses branches il trembla,
Une armée de bûcherons munis de haches s'avançait,
Le promoteur immobilier se vantait,
Cet arbre, fera un parfait escalier.
Un sublime papillon y logeait,
Cet être majestueux
Surprenant de rareté
Et d'une étrange beauté.
Le juge déclara
Habitat naturel espèce en danger
Si bien que le grand chêne blanc fût sauvé.
Les sains louangeurs
Ont choisi comme blason
Un magnifique papillon blanc
Le séculaire trône fier sur la place,
Au hameau du paradis.