Le jardinier des sentiments

Corinne Pelletier

Quand les prénoms floraux m'inspirent...

Il aimait cultiver les amourettes
A chaque fois qu'il prenait la clé des champs
Le jardinier des sentiments.

La fleur au fusil pour conter fleurette
Il partait battre la campagne, à travers champs
Le jardinier des sentiments.

A l'ombre des jeunes filles en fleur
Il aimait prendre racine en entonnant des chants
Le jardinier des sentiments.

Il aimait retrouver Marguerite pour l'effeuiller
Un peu, beaucoup, à la folie, passionnément,
Pas du tout novice le jardinier des sentiments.

Il aimait plonger son regard dans celui d'Iris,
Et de Suzanne aux yeux noirs,
A n'avoir d'yeux que pour elles le jardinier des sentiments.

Il aimait être fleur bleue avec la timide Fleur,
Qui pourtant blanche comme un lys,
Devenait rouge comme une pivoine en écoutant le jardinier des sentiments.

Il aimait se coucher près de Lila,
Et respirer son parfum délicat,
A pleins poumons le jardinier des sentiments.

Il aimait l'amoureuse Véronique,
Sans son charisme, il aurait déchanté,
Depuis longtemps le jardinier des sentiments.

Il aimait se réveiller au petit matin auprès de Capucine
Toujours prêt à lui préparer un cappuccino,
Avant qu'il ne détale, le jardinier des sentiments.

Il aimait la fougue de la merveilleuse et indomptable Angélique,
Et d'Hortense, tout aussi intense,
En pleine fleur de l'âge, le jardinier des sentiments.

Il aimait toutes les effleurer, déflorer
Leur lancer des fleurs à tout bout de champ
Le jardinier des sentiments.

Mais à trop conter fleurette,
Il en était arrivé à chasser de ses pensées, Violette,
Le jardinier des sentiments.

Violette, belle plante en son temps,
Avait découvert le pot aux roses,
Et allait lui faire manger les pissenlits par la racine à son jardinier des sentiments.

Dire qu'elle avait les nerfs à fleur de peau, était un euphémisme,
Tant l'avoinée qu'il reçue,
Secoua comme un prunier le jardinier des sentiments.

Il s'était fait envoyé sur les roses, jeté aux orties,
Bien égratigné qu'il était,
D'avoir trop semé, le jardinier des sentiments.

Moralité de l'histoire :
Avant de semer aux quatre vents, veiller à ne pas laisser une belle plante se faner, de peur qu'elle ne vous égratigne en découvrant le pot aux roses.




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