Le JE de la mémoire

lanimelle

Le JE de la mémoire

J’oubliais tout, du chagrin aux rires, de l’amour à la colère, de la beauté qui s’enlaidit jusqu’au futur dont j’oubliais le moindre sens.

Ma mémoire est à trous, passoire, sélective, trieuse de souvenirs, je ne garde que ce que mon cœur  veut bien garder, j’ai la sauvagerie de l’instinct de survit, mon esprit vas à l’essentiel, toujours, sans relâche il vit le présent dans toute sa grandeur, rien ne passe au travers du présent rien, je capture tout chaque seconde, chaque battement de cœur qui s’émerveille devient grand.

Et après, après le présent…

Quelques flashes par moment, des hauts le cœur parfois, des sourires qui me viennent quand je me rappelle des moments de grâce, magiques, comme des cadeaux, et après entre il y a le présent, grand immense qui ne laisse pas de place à la nostalgie et au futur, je n’ai pas le temps, ma boite crânienne renferme un monstre, un vorace de la vie, un vampire, un assoiffé, un sans passé, sans papier, sans fois ni lois, sans moral, sans le poids du bien et du mal, sans capacité à échanger véritablement, un monstre carnivores de tout.

Je me sentais l’amour pluriels, cette notion du deux avait été un fiasco, cette possibilité de m’associer dans la vie avec un autre humain n’était plus envisageable, les gens se souviennent de leur douleur, parfois dans leur rétine ca existe encore, il porte les deuils, les schémas, des fardeaux passés, je ne peux plus aider personne, j’ai rendu mon tablier, j’ai tellement soif, tellement envie de boire et de mastiquer de la vie fraiche, légère, j’ai tellement le cœur grand et le corps chaud.

Dans la petite pièce aux rideaux lourds couleurs sang séché, nous avions établi le fait que ma mémoire avait été dérangée il y a longtemps, qu’une membrane protectrice avait enveloppé quelque chose de moche et de dégoutant.
L’unique question reste en suspends, ai-je envie de me souvenir?

« tout ces passés dans votre tête, tout c’est passé dans votre tête »…

En boucle comme un vieux vinyl rayé, la voix de la femme passait, passait, passait et moi je basculais mon corps, en avant, en arrière.

L’animelle

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