Le jeune soldat
Alexandre
J'entends, sempiternellement ton gémissement supplicatoire noyé dans le murmure terrible de l'artillerie, des canons, des coups de fusil.
Allonge-toi mon frère, je suis là, aussi pré que ta veine jugulaire, murmure-moi, je t'aime.
Allonge-toi mon frère, sur le sable chaud et reposant, regarde les étoiles scintiller dans le ciel, regarde le spectacle accablant de l'humain.
Mais au beau milieu de tout cela, il y a un cri de désespoir, celui d'un enfant innocent.
Moi je ne l'ai jamais entendu. Pourtant, il résonne inlassablement dans mes oreilles, plongé dans l'enfer. Surgit devant tes yeux, le visage de ta mère.
Tu l'appelles de toutes tes forces pour qu'elle puisse venir te couvrir chaudement, veiller sur toi.
Allonge-toi mon frère, et maintenant ferme les yeux, n'entend plus l'hurlement de l'horreur, de la dépravation, de toute la noirceur de l'humain.
Mon frère, tu t'es envolé haut, très haut, tu as trouvé ta place, tu brilles de mille couleurs, je t'aime.